Les débats ont été clos ce mardi, 25 février 2020, dans le procès qui oppose le journaliste Mohamed Mara au citoyen Cheick Ahmed Fofana, plus connu sous le nom de Cheick Affan. Après avoir entendu le prévenu, qui a plaidé non coupable, le tribunal a renvoyé l’affaire au 30 mars prochain pour les plaidoiries et réquisitions, a appris Guineematin.com, à travers un de ses reporters.
Cheick Ahmed Fofana a comparu, relaxe, devant le tribunal correctionnel de Mafanco, avec un chapelet noir en main. Il a rejeté en bloc les faits de menace de mort, injures et diffusion de données portant atteinte à la dignité humaine, pour lesquels il est poursuivi par Mohamed Mara, journaliste à la radio Espace FM. Après le visionnage de ses vidéos et la lecture des publications qu’il a faites sur les réseaux sociaux, le prévenu a reconnu avoir tenu des propos graves, mais il a assuré que ces propos n’étaient pas adressés au plaignant.
« Je reconnais que c’est moi qui ai dit que celui qui veut que sa femme soit veuve ou ses enfants soient orphelins, n’a qu’à m’affronter physiquement. Je ne m’adressais pas à Mohamed Mara mais à d’autres personnes qui me menacent. J’assume que c’est moi qui ai dit que Mohamed Mara est au début de ses malheurs lorsqu’il avait été agressé par les policiers. Mais je me suis vengé parce qu’il s’était réjoui de mon emprisonnement. C’était juste de la légitime défense», a-t-il laissé entendre.
Interrogé par maître Alpha Yaya Dramé, l’un des avocats de la partie civile, sur les raisons qui l’ont poussé à traiter Mohamed Mara et Moussa Yéro Bah de journalistes vendus, Cheick Affan dira « je l’ai dit parce qu’ils vont prendre de l’argent pour diffamer les gens dans leur émission ».
« Pourquoi tu as dit alors qu’ils sont à la solde d’une communauté ? », réplique l’avocat. « Mais, ils sont issus d’une communauté. Je n’ai jamais parlé de Peulh dans mes publications mais j’ai toujours dit qu’ils sont à la solde d’une communauté qui se victimise dans les médias. C’est cette communauté qui manifeste et tue sur l’Axe pour dire que ce sont les forces de l’ordre », a répondu Cheick Affan, dans un ton agressif.
Après la série de questions-réponses à laquelle le prévenu a été soumis pendant des heures, les avocats de la partie civile ont émis le souhait de passer immédiatement aux plaidoiries et réquisitions en raison du fait que ce dossier a été maintes fois reporté. Mais le ministère public, représenté par Joséphine Loly Tenguiano, et la défense, ont fait savoir au tribunal qu’ils n’étaient pas prêts pour cette phase. Et, le juge Amadou Kindy Baldé, a renvoyé l’affaire au 30 mars 2020, pour les plaidoiries et réquisitions.
Une décision saluée par maître Lancinè Sylla, un des avocats du prévenu. « Aujourd’hui, on voulait qu’on se conforme au calendrier personnel de l’un des avocats de la partie civile, chose à laquelle nous nous sommes opposés avec force. Et, si le tribunal retenait le dossier, on n’allait pas accepter de rester dans la salle. Le tribunal aurait fait de notre client ce qu’il veut. Conscient de cet état de fait, l’affaire a été renvoyée parce que nous, on n’était pas prêts à plaider. Nous gardons grand espoir parce que nous trouvons que ce dossier est vide. Et au moment venu, on va le plaider », a-t-il dit.
Par contre, maître Alpha Yaya Dramé, l’un des avocats de Mohamed Mara, n’a pas caché sa déception suite à ce renvoi. « Le comportement de la défense démontre explicitement une fuite en avant. Quand on n’a rien à craindre, on ne fuit pas les débats, on ne refuse pas de plaider. Cheick Affan a été cité depuis le 23 décembre, la défense a eu deux mois pour se préparer. Donc, nous sommes particulièrement étonnés de nous retrouver aujourd’hui dans la salle d’audience et d’être confronté au refus systématique de la défense de plaider », a déploré cet avocat de la partie civile.
Siba Guilavogui pour Guineematin.com
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