Chasse aux opposants : un autre jeune brièvement détenu à Télimélé

Les arrestations ciblées gagnent du terrain et inquiètent de plus en plus dans la préfecture de Télimélé. La dernière en date est celle Ibrahima Kalil Barry, étudiant à l’institut de formation en santé de Télimélé et stagiaire au centre de santé de Gougoudjé. La gendarmerie a utilisé un prétexte pour pouvoir mettre la main sur le jeune, soupçonné d’être impliqué dans des actions visant à empêcher la tenue du double scrutin législatif et référendaire qui était prévu pour se tenir le 1er mars dernier.

Joint au téléphone par un journaliste de Guineematin.com, le maire de Gougoudjé, Alpha Saliou Barry, a expliqué que les agents ont porté plainte contre le jeune auprès de la Direction Préfectorale de la Santé, l’accusant d’avoir fait un avortement clandestin. C’est ainsi qu’ils ont réussi à mettre la main sur lui. « Ce jeune faisait son stage au centre de santé de Gougoudjé. Lorsqu’ils ont voulu mettre main sur lui, ils sont passés par le chef du centre de santé sous prétexte que dans l’exercice de sa profession, il aurait été en porte-à-faux avec la loi et du coup, il est sommé de se présenter en ville avec sa hiérarchie. Et, c’est ce qui a abouti à son arrestation », a expliqué le maire.

Une version confirmée par la cheffe du centre de santé de Gougoudjé, Fatoumata Bhirowo Baldé, qui n’a pas caché sa stupéfaction face à cet acte. « C’est un de mes stagiaires, du nom de Ibrahima Kalil Barry, qui était en campagne de vaccination dans le district de Kafima, qui a été arrêté par les services de sécurité. Pour les circonstances de son arrestation, monsieur le DPS (Directeur Préfectoral de la Santé) de Télimélé m’a appelé pour me dire qu’il a reçu une plainte de la part de la gendarmerie soi-disant qu’on a fait un avortement clandestin dans mon centre de santé et par la suite, je dois venir à son bureau avec le mis en cause.

Aussitôt arrivés, ils nous ont conduits directement à la prison civile où le jeune a été écroué et moi ils m’ont dit de rentrer. Ce n’était que de simples prétextes pour mettre main sur le jeune, car nous, nous n’avons jamais fait un avortement dans notre centre de santé, conformément à ce que mon papa m’avait conseillé après mes études », soutient cette dame.

Le Directeur Préfectoral de la Santé, Dr Boubacar Mouminy Diallo, a fustigé le mode opératoire des services de sécurité. « C’est la gendarmerie qui est venue déposer une plainte concernant ce jeune à mon niveau pour un problème d’avortement. Mais, ce n’était pas vrai. Il semblerait qu’il est incriminé dans l’incendie de la résidence de madame la sous-préfète de Gougoudjé. Finalement, j’ai appelé le préfet pour lui faire la remarque et que je ne suis pas content de la manière utilisée par la sécurité pour se saisir du jeune en se servant de moi et de notre service ».

Aux dernières nouvelles, Ibrahima Kalil Barry a été remis en liberté dans l’après-midi de ce samedi, 7 mars 2020, grâce à l’intervention du Directeur Préfectoral de la Santé. Avant lui, Abdoulaye Diallo et Abdoul Rahim Diallo, deux autres citoyens accusés d’être impliqués dans le combat contre un troisième mandat pour le président Alpha Condé, avaient été arrêtés dans la préfecture de Télimélé. Tous les deux ont été interpellés nuitamment par des agents des forces de l’ordre, respectivement dans les communes rurales de Tarihoye et de Gougoudjé.

De Télimélé, Ousmane Dieng pour Guineematin.com

Tel: 622525250

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