La tension était vive ce vendredi, 13 mars 2020, à la Direction Préfectorale de l’Education de Boké. Plusieurs enseignants grévistes ont pris d’assaut la cour de la DPE pour protester contre le gel de leurs salaires. Une chaude dispute s’est engagée entre eux et les autorités éducatives. Les forces de l’ordre ont été sollicitées pour s’interposer entre les deux camps, rapporte le correspondant de Guineematin.com dans la préfecture.
Une quarantaine d’enseignants membres du SLECG, en grève depuis un peu plus de deux mois, ont rallié les locaux de la direction préfectorale de l’éducation pour protester contre le non-paiement de leurs salaires de janvier et février. Ils accusent la DPE de faire de la discrimination en payant certains enseignants grévistes et laissant d’autres. Une situation inacceptable pour Saloum Nabé, professeur de français au lycée Yomboya, et ses amis.
« Nous venons réclamer notre droit qui n’est autre que le salaire déviré depuis trois mois. Nous constatons une injustice totale. Tout le monde sait qu’en général, ça n’étudie pas en Guinée actuellement. Mais nous constatons qu’ils sont en train de payer par discrimination. Ils sélectionnent des gens je ne sais pas sur quelle base pour les payer soi-disant que ceux-ci donnent cours. Mais nous sommes en contact avec ceux-là qui ont reçu leurs salaires et nous faisons la grève ensemble. Il faut qu’ils s’arrêtent, ils doivent geler tout le monde ou payer tout le monde », a dit l’enseignant.
Les autres raisons de la colère de ces enseignants, ce sont les menaces et tentatives de corruptions auxquelles se livreraient les autorités éducatives de Boké, dans le but de saper leur mouvement. « Ils sont en train d’appeler les gens individuellement pour les menacer ou essayer de les corrompre avec de l’argent. Par exemple moi, monsieur Fadama (le responsable du service administratif et financier de la DPE) a essayé de me corrompre, il m’a demandé qu’est-ce qu’il me faut pour saboter la grève. Mais, je lui ai dit que je ne peux rien faire. Moi, je ne peux pas trahir le SLECG ni Aboubacar Soumah ni les enseignants », a laissé entendre Mamadou Alpha Sow, secrétaire général adjoint chargé des affaires administratives du SLECG de Boké.
Présent sur les lieux, le directeur préfectoral de l’éducation est venu à la rencontre des manifestants. Elhadj Dembo Amirou Dramé s’est inscrit en faux contre les déclarations des enseignants. « Il faut que vous acceptiez de comprendre la situation des enfants et des parents d’élèves. J’ai le cœur serré quand je vois un enseignant qui n’a pas son salaire. Moi aussi, je suis religieux, je sais que le salaire est sacré. Mais vous ne pouvez pas rester à la maison et être payés.
Vos salaires sont là, mais vous devez reprendre le travail pour que soyez payés. Nous avons payé seulement ceux qui sont en situation de classe. Mais comme vous dites que des gens qui sont en grève ont été payés, moi je vous demande de m’envoyer une preuve. Donnez-moi la liste des grévistes qui ont perçu leur salaire et je vous promets de régler ça en présence même de l’IRE et d’un cadre de la préfecture », a dit le DPE.
Une chaude dispute s’est engagée entre les deux camps, ayant des positions tout à fait divergentes. Et la venue d’un pick-up de la police, appelée par les autorités éducatives, a attisé les tensions. Une véritable cohue a régné pendant un long moment dans la cour de la DPE. Finalement, les enseignants grévistes ont quitté les lieux.
De Boké, Abdourahmane N’Diaré Diallo pour Guineematin.com
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