Meurtre d’un membre de la garde présidentielle : quatre accusés jugés à Kaloum

Poursuivis pour « tentative de vol à main armée et homicide involontaire », les présumés auteurs de la mort du sergent Filiba Doumbouya (un béret rouge qui était membre de la garde présidentielle) ont comparu ce jeudi, 12 mars 2020, devant le tribunal criminel de Kaloum. Alya Soumah, Abdoul Karim Savané, Fodé Bangoura et Ibrahima Sidibé ont tous rejeté en bloc les charges articulées contre eux devant cette juridiction de première instance, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui a suivi cette audience.

C’est une affaire qui date de près de trois ans qui vient de s’ouvrir au tribunal de première instance de Kaloum. Il s’agit du meurtre du sergent Filiba Doumbouya par des hommes armés qui voulaient perpétrer un vol dans le centre administratif de Conakry. Les faits ont eu lieu dans la nuit du 17 au 18 juillet 2017 dans la commune de Kaloum.
Le meurtre de ce béret rouge qui était membre de la garde présidentielle avait suscité beaucoup d’interrogations, d’autant plus que la commune de Kaloum (qui regorge l’essentiel de l’administration et le palais présidentiel) était réputée être un lieu exempt du grand banditisme qui régnait dans la capitale guinéenne.

Après ce meurtre, les services de sécurité s’étaient mis en branle pour tenter de retrouver les auteurs. Une enquête sera ouverte et les investigations ont permis de mettre la main sur quatre individus (Alya Soumah, Abdoul Karim Savané, Fodé Bangoura et Ibrahima Sidibé). Des individus qui, quelques jours plus tard, ont été présentés à la presse par la direction centrale de la police judiciaire.

Ils ont ensuite été déférés au parquet du tribunal de première instance de Kaloum où ils ont finalement été placés sous mandat de dépôt le 03 août 2017 et conduit à la maison centrale pour « tentative de vol à main armée et homicide involontaire ». Et, ce jeudi, l’affaire a été évoquée devant le tribunal criminel de Kaloum.

A la barre, les accusés ont tous plaidé non coupables des charges articulées contre eux dans l’ordonnance de renvoi qui les a conduits devant le tribunal. Mais, à la lumière des débats, on constate que tous ceux qui comparaissent dans cette affaire sont des repris de justice.

« Je ne connais rien dans ça. J’ai été arrêté à Dubréka où je fais le transfert d’argent via mobile. Les agents m’ont ensuite conduit à Kindia où je suis logé. Mais, en cours de route, ils ont vu le numéro d’Ibrahima Sidibé dans mon téléphone… », a dit Alya Soumah, tout en clamant son innocence dans cette affaire.

Selon Ibrahima Sidibé, c’est à Kindia (à la Contournante) qu’il a été arrêté et inclut dans ce dossier dont il ignore les tenants et les aboutissants. « Je suis sorti de prison de le 21 juillet 2017. Et, c’est à cause de 100 mille francs guinéens que je suis là. Parce que c’est quand j’ai appelé Alya Soumah pour de l’argent que les agents sont venus m’arrêter. Et, quand on m’a arrêté, j’ai trouvé Alya dans le pick-up. On m’a dit que c’est à cause d’une boutique qui a été cassée à Coyah qu’ils sont venus me chercher », a expliqué Ibrahima Sidibé.

Cette version sera corroborée par Alya Soumah lors de la confrontation. « C’est Djo qui m’a donné le numéro de téléphone d’Ibrahima pour que je lui envoie de l’argent (200 mille francs guinéens) via Orange money », a-t-il précisé.

Comme Ibrahima Sidibé, l’accusé Fodé Bangoura dit avoir été arrêté juste parce qu’il a appelé Alya Soumah au téléphone. « C’est mon beau-frère (Baben) avec lequel j’étais en prison qui m’a donné le numéro de Alya. Il m’a dit de l’appeler pour qu’il me donne un téléphone. Et, c’est trois jours après ma sortie de prison que j’ai été arrêté pour cette affaire que je ne connais pas », a-t-il dit.

Dans cette affaire, Fodé Bangoura est présenté comme celui qui a personnellement tiré sur le sergent Filiba Doumbouya. « C’est un très bon tireur », révèle le ministère public.

Cependant, l’accusé réfute ces propos et continue de clamer son innocence. « Moi, je ne connais rien dans ça. Je ne sais même pas tirer. Mon père n’est pas militaire, ma mère n’est pas militaire », s’est défendu Fodé Bangoura.
Quant à Abdoul Karim Savané, il a déclaré avoir été arrêté par un stagiaire de la police avec lequel il a beaucoup d’antécédents dans le quartier. Il évoque surtout la jalousie et dénonce un règlement de compte. « Je suis un douanier stagiaire et je n’ai pas d’arme. Contrairement à ce qui a été dit ici, aucune arme n’a été retrouvée chez moi. Quand les agents m’ont arrêté chez moi, ils ont fouillé ma maison avant de me conduire au commissariat de Matoto.

Mais, environ une heure après, ils m’ont ramené chez moi pour ensuite me dire qu’ils ont déterré une arme et des gris-gris là-bas. Mais, c’est faux. Même mes voisins ont dit que ce sont les agents qui sont venus avec cette arme qui se trouvait dans un sac… C’est Lansana Camara, un stagiaire de la police avec lequel j’ai beaucoup de différents, qui m’a mis dans cette affaire. Moi, je ne connais rien dans ce dossier », a indiqué Abdoul Karim Savané.

Face à l’attitude des accusés « qui se sont tous inscrits dans une logique de dénégation systématique des faits à eux reprochés », le ministère public a demandé un renvoi de l’audience et la comparution de Lansana Camara pour « éclairer la religion du tribunal » sur l’arrestation de Abdoul Karim Savané.

Finalement, le tribunal a renvoyé l’affaire au 19 mars prochain pour la suite des débats et la citation de Lansana Camara à titre de témoin.

A suivre !

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com
Tel : 622 97 27 22

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