Des chefs d’Etats attendus à Conakry : « ils ne viennent pas pour taper du poing sur la table »

Fodé Mohamed Soumah, président du parti GéCi
Fodé Mohamed Soumah, président du parti GéCi

Des chefs d’Etats de l’Afrique de l’Ouest sont attendus demain mardi à Conakry. La démarche vise à tenter de désamorcer la crise sociopolitique guinéenne pour éviter à la sous-région, fortement éprouvée par le terrorisme, de connaitre un autre foyer de tension. Interrogé à ce sujet dans la journée de ce lundi, 16 mars 2020, Fodé Mohamed Soumah, président de la Génération Citoyenne (GéCi), regrette que notre pays ait toujours recours à l’extérieur pour régler ses différends.

Alhassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Mouhamadou Buhari (Nigéria) et Nana Akufo-Ado (Ghana) sont annoncés demain à Conakry pour se pencher sur la crise sociopolitique que connait notre pays. Cette visite est diversement appréciée par les acteurs politiques. Si l’opposition qui boycotte le scrutin exprime sa satisfaction, les partis impliqués dans le processus sont dans le doute.

Pour Fodé Mohamed Soumah, président de la GéCi, ces chefs d’Etats n’auront pas d’injonctions à faire au régime Alpha Condé. « Contrairement à ceux qui pensent qu’ils viennent faire des injonctions,  mettre la pression sur le président, etc. Non! Ce sont des frères qui se connaissent de longue date, qui vont se retrouver pour parler d’un problème en Guinée qui se pose au niveau de la tension que nous vivons depuis un moment. Ils ne viennent pas ici pour taper du poing sur la table ou bien obliger la Guinée à suivre leur désidérata, c’est un problème Guinéo-guinéen. Et ça me désole de voir qu’à chaque élection, nous sommes obligés de faire appel à l’expertise internationale, de faire appel à des chefs d’Etat des pays frontaliers. C’est dommage que nous continuons à adopter cette forme d’infantilisme », soutient monsieur Soumah.

Même si Fodé Mohamed Soumah ne sait pas de quoi il s’agira, il dénonce tout report qui décrédibiliserait davantage le scrutin et couterait beaucoup plus d’argent. « J’ose espérer que ces élections seront très vite derrière nous et que la Guinée va en fin passer à autre chose. Maintenant, le contenu de leurs discussions, personne ne peut anticiper. Il y en a qui parlent d’inclusion, il y en a qui parlent de report encore, et etc. J’estime qu’il y a une date qui est fixée. Donc, nous nous préparons à aller voter. Vous savez, de report en report, on discrédite un scrutin et chaque report coûte beaucoup d’argent, dans la mesure où il faut déplacer des hommes, du matériel et réimprimer des bulletins. Donc, chaque report coûte énormément d’argent. Aujourd’hui, s’il doit y avoir une mesure inclusive, ça prend bien encore des mois dans la mesure où si on annule, il faudra deux mois ».

D’ailleurs, Fodé Mohamed Soumah, jusqu’à un passé récent membre du FNDC, dénonce des manœuvres de ses anciens camarades de l’opposition qui veulent saper le processus. « Je pense que toute la manœuvre de cette frange de l’opposition qui a plombé le processus, c’est de faire en sorte qu’on tombe dans les délais imprescriptibles de la CEDEAO, c’est-à-dire que  6 mois avant la fin d’un  mandat, vous n’avez plus le droit d’organiser un scrutin. Je crois que toute la manœuvre, ce n’est même plus de participer, c’est vraiment de laisser courir afin qu’on fait face à un dilemme. Et ce dilemme, c’est : écoutez monsieur président Alpha Condé, vous n’avez plus le droit d’organiser une seule élection en 2020 jusqu’à votre départ. Sinon, des gens qui ont fustigé le fichier, qui se sont battus pendant des mois pour un oui et pour un non, ne peuvent pas revenir tout simplement parce qu’on a élagué près de 2 millions 500 mille électeurs du fichier ».

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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