La moto pour le meilleur et pour le pire

Se déplacer à Conakry s’est toujours posé avec acuité. Matin et soir, il y a une longue file d’attente le long des principales routes de la capitale. Après s’être battu comme un lion pour s’embarquer dans un taxi, un minibus ou un bus, l’autre paire de manche commence : les embouteillages monstres et la surcharge. Si bien qu’avant l’arrivée à destination, le passager est noyé dans la sueur et le plus souvent les jambes paralysées de crampe.

La difficulté à trouver un moyen de déplacement et les embouteillages ont pour conséquences la prolifération d’engins à deux roues. Faisant de la Guinée l’un des plus grands importateurs de motos asiatiques.

Mais comme dit Daouda Koné, ces motos, qui arrangent bien des gens, font également beaucoup de dégâts. Le plus souvent, les urgences sont débordées. Le fléau oblige les autorités à exiger aux motocyclistes le port obligatoire du casque. Mais la mesure est perçue comme contraignante par les intéressés. Les idées reçues sont bien connues : les autorités auraient rendu le port obligatoire du casque pour permettre aux importateurs d’écouler leurs marchandises.

Si bien qu’il n’est pas rare de voir un motocycliste qui attache solidement son casque à l’arrière de la moto jusqu’à son arrivée au niveau d’un carrefour où se trouve la police routière pour porter l’objet qu’il considère non pas comme protecteur mais comme plutôt encombrant et contraignant. En outre, en raison des difficultés à trouver un moyen de déplacement, il faut être une âme insensible pour rouler tout seul sur sa moto. Tout le long de la route, le motard est supplié par un parent, un ami, une connaissance ou tout simplement par un nécessiteux.

Problème, le motard n’a acheté qu’un seul casque pour une moto qui ne transport jamais un seul passager. Et bonjour les tracasseries policières. En effet, les nouveaux agents de la police, particulièrement remarquables sur la route ces derniers temps, ne laissent passer aucune occasion. Le fait de rouler sans casque est pour eux une aubaine pour se remplir les poches. Ils rackettent à tout bout de champ.

Parfois on assiste à un véritable jeu de cache-cache entre policiers et motocyclistes. Avec des scènes pour le moins insolites : un motocycliste qui tourne et retourne entre les voitures pour échapper à un policier qui le poursuit tel le chasseur le ferait avec un gibier. Quand le fuyard a la malchance d’être rattrapé par l’agent, celui-ci outrepasse ses pouvoirs. Il extrait la clé de la moto. Ce qui rend le propriétaire parfois très furieux.

Un motocycliste déplore la prolifération de taxis motos dans la circulation. « Depuis que les policiers se sont rendus compte que les motos sont utilisées comme source de revenu, ils veulent avoir leur part de la recette. Malheureusement ils ne font pas la différence entre le taxi et le non taxi. Contrairement aux taxis voitures, qui ont une couleur particulière, le taxi-moto n’est pas différent d’une autre moto.

Il faut noter une application partielle et partiale dans le port obligatoire du casque. Pendant que la police est intraitable avec les citoyens lambda, les agents, eux, ne portent pas toujours le fameux casque. Y compris la brigade mobile qui sillonne la ville à moto. L’adage est bien connu : « Fais ce que je dis et non ce que je fais ».

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

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