Droits de l’Homme : la Guinée classée parmi les pires élèves par CIVICUS Monitor

Alpha Condé

Du fait de ses dirigeants, la Guinée est de plus en plus mal vue à l’international. L’image du pays n’a cessé d’être entachée depuis le début de la contestation qui fait suite à la décision du président Alpha Condé de changer la constitution pour briguer un troisième mandat.

Cette mauvaise image concerne surtout le respect des droits de l’Homme, domaine dans lequel le pays est classé par plusieurs organisations internationales parmi les plus mauvais élèves. C’est le cas notamment de CIVICUS Monitor, une plateforme en ligne qui suit l’espace civique dans le monde entier. La structure classe la Guinée parmi les pays « obstrués » et place le pays sur sa liste de surveillance des droits de l’homme.

La Guinée placée sur la liste de surveillance des droits humains en amont du référendum

La Guinée a été placée sur la liste de surveillance des droits de l’homme de CIVICUS Monitor en vue du référendum proposé le 22 mars. Cette liste attire l’attention sur les pays où il y a eu un déclin rapide des libertés civiques et démocratiques au cours des derniers mois.

La Guinée a été placée sur la liste de surveillance du Monitor en octobre après des répressions meurtrières et des arrestations arbitraires de manifestants. Elle reste sur la liste de surveillance car le CIVICUS Monitor craint que si le gouvernement poursuit le référendum controversé plus tard cette semaine, de nouvelles violences et de nouveaux troubles s’ensuivent.

La Guinée est classée comme « obstruée » par le CIVICUS Monitor, ce qui représente la troisième plus mauvaise note qu’un pays puisse recevoir selon l’indice mondial, dans la même catégorie que le Mali, la Sierra Leone et le Liberia. Dans les pays obstrués, l’espace civique est souvent monopolisé par ceux qui détiennent le pouvoir et une force excessive est couramment utilisée par les forces de l’ordre.

Depuis octobre 2019, plus de 30 personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées lors des vastes manifestations qui ont embrasé la Guinée, alors que les manifestants appellent le gouvernement à respecter les dispositions de la constitution actuelle. La constitution actuelle limite le mandat présidentiel à deux mandats de cinq ans et ne peut être modifiée que par le biais d’un référendum. Si elle est modifiée, elle pourrait ouvrir la voie au maintien au pouvoir du président Alpha Condé.

Le Front national de la défense de la Constitution (FNDC), un mouvement composé de la société civile et de l’opposition politique, a lancé des appels contre une éventuelle candidature au troisième mandat du président Condé.

Les dirigeants du FNDC, les défenseurs des droits de l’homme Ibrahima Diallo et Sékou Koundouno, ont été arrêtés par des hommes masqués de la BRI (Brigade d’investigation et d’intervention) le 6 mars et emmenés vers une destination inconnue. Ils ont été arrêtés immédiatement après avoir exprimé leurs préoccupations concernant les arrestations arbitraires de militants en cours lors d’une conférence de presse. Le 12 mars, ils ont été libérés sous caution et placés sous contrôle judiciaire.

En octobre 2019, treize dirigeants des FNDC ont été arrêtés avant les manifestations prévues à Conakry et accusés d’avoir organisé des manifestations interdites et d’avoir incité à la désobéissance civile. Cinq d’entre eux ont été condamnés à des peines de prison allant de six mois à un an. Des journalistes ont également été agressés physiquement pour avoir couvert les manifestations et leur matériel a été saisi pour les empêcher de diffuser des images des manifestations.

L’arrestation et la détention de défenseurs des droits de l’homme mettent en évidence la manière dont les autorités guinéennes tentent de faire taire les voix pro-démocratiques et ouvrent la voie à la prolongation du mandat du président Condé : « En arrêtant les défenseurs des droits de l’homme, les autorités guinéennes visent à faire taire les voix de ceux qui sont contre une nouvelle constitution. Il est temps que le président Condé et son administration respectent la volonté du peuple guinéen et permettent une transition politique qui ouvrira une nouvelle ère dans la démocratie naissante de la Guinée », a déclaré Fodé Kouyate, membre de la FNDC.

CIVICUS appelle le gouvernement guinéen à libérer immédiatement les défenseurs des droits humains incarcérés. CIVICUS demande à l’Union africaine de veiller à ce que le gouvernement de Guinée respecte les dispositions de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance : elle exhorte le président Condé à respecter la constitution actuelle et à se retirer à la fin de son mandat pour permettre une transition politique pacifique.

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