Comme annoncé précédemment, les guinéens étaient appelés aux urnes hier, dimanche 22 mars 2020, pour renouveler leur parlement et se prononcer par OUI ou NON sur la nouvelle constitution. Ce scrutin a été émaillé de violences à Conakry et dans plusieurs villes de l’intérieur du pays. Mais, Kankan (une préfecture réputée être un fief du parti au pouvoir), le vote s’est déroulé dans le calme.
Cependant, plusieurs anomalies ont été constatées dans les bureaux de vote. Des anomalies que le responsable local du Mouvement Populaire Démocratique de Guinée (MPDG) dénonce vigoureusement. Mohamed Mansaré accuse « des agents recrutés par le RPG (l’actuel parti au pouvoir en Guinée) » d’avoir pris, sans être inquiété, la responsabilité de « voter à la place des électeurs » dans plusieurs bureaux de vote, rapporte le correspondant de Guineematin.com à Kankan.
Une présence massive de mineurs dans les bureaux de vote, quasi-absence de bulletins NON, des jeunes qui donnent des consignes de vote, des électeurs valides accompagnés jusque dans l’isoloir… voilà entre autres des pratiques qui ont altéré le caractère « secret » du vote dans la préfecture de Kankan. Des pratiques qui mettent le responsable local du MPDG (un parti concurrent du RPG) au bout des nerfs.
« Des jeunes agents recrutés par le RPG se permettent de voter à la place des électeurs. Par exemple, au bureau de vote numéro 1 du quartier Kabada II, ils votent à la place des électeurs. Ils leur disent : c’est ici qu’il faut mettre. On l’a signalé ; mais, finalement, on a constaté que les membres du bureau de vote sont complices de ce qui se passe. Les citoyens se sont révoltés contre nous et notre véhicule a été endommagé », a indiqué Mohamed Mansaré.
A en croire ce responsable politique, c’est mascarade électorale qui s’est tenu ce dimanche à Kankan. Car, dit-il, même les « électeurs problématiques » que la CENI a dit avoir extirpé du fichier électoral ont voté lors de ce scrutin.
« On a constaté qu’au quartier Sinkèfara, les membres du bureau de vote faisaient voter les électeurs qui n’avaient pas leurs noms sur la liste. Ils ont même fait remplacer le président dudit bureau de vote. Dans la sous préfecture de Koumban, notre superviseur a été battu à sang par les militants du RPG. A Mandiana aussi, tous nos délégués ont été chassés. A l’allure des chose, nous ne sommes plus dans un vote, mais une machine programmée », a confié Mohamed Mansaré.
De Kankan, Abdoulaye N’koya SYLLA pour Guineematin.com
