Triomphe sans gloire pour Alpha Condé : le plus dur est à venir !

Jamais une élection n’avait été aussi meurtrière en République de Guinée. La journée a été apocalyptique pour de nombreuses familles. Le Front national pour la défense de la Constitution- qui a organisé la résistance contre le changement de la constitution et appelé à la poursuite du combat ce lundi et demain, mardi- déplore une dizaine de personnes tuées.

On cite :

1- Diallo Nassouralaye, 18 ans ;

2- Boubacar Diallo, 35 ans ;

3- Thierno Oumar Diallo ;

4- Thierno Hamidou Barry, 25 ans ;

5- Hafiziou Diallo, 28 ans ;

6- Mamadou Oury Diallo, 23 ans ;

7- Mamadou Bailo Diallo, 12 ans ;

8- Ousmane Barry, 23 ans ;

9- Issa Yero Diallo, 29 ans ;

10- Thierno Mamadou Barry, 20 ans.

Au-delà des familles endeuillées, de nombreuses autres pleurent les graves blessures des leurs, les arrestations des opposants à une nouvelle constitution, d’innombrables pertes matérielles et surtout la psychose qui règne dans leurs quartiers.

En outre, des maisons et une église ont été incendiées dans la ville de N’zérékoré où des affrontements à des relents communautaires ont été signalés…

A Conakry, comme à l’intérieur du pays, des agents de sécurité ont été accusés de pratiques inimaginables comme à Kegnéko, dans la préfecture de Mamou. Là, c’est l’autorité communale qui a pointé du doigt un responsable de la police dans le meurtre par balle d’un jeune opposant au changement constitutionnel et à un troisième mandat du président Alpha Condé.

Une panthère blessée

Aujourd’hui plus déterminé que jamais, le FNDC a appelé les Guinéens à « intensifier les manifestations demain, lundi 23 mars, et mardi 24 mars 2020, avec pour objectif ultime le départ du dictateur Alpha Condé qui est devenu illégitime », lit-on dans leur communiqué.

Avant même la publication du communiqué de cette journée électorale, des opposants au troisième mandat d’Alpha Condé ont toujours réaffirmé leur détermination d’aller jusqu’au bout. « S’ils veulent, ils rempliront les morgues, les hôpitaux et les prisons ; mais, nous ne reculerons plus ! Un jour, ils finiront par admettre qu’ils n’ont pas le droit de tuer leurs frères et sœurs à cause d’un projet illégal et illégitime », indiquait un compatriote opposé à un troisième mandat. Comme une panthère blessée, le FNDC pourrait devenir subitement plus incisif avec l’énergie du désespoir face à un régime qui ne lui concède plus le moindre espace de liberté…

Ainsi, après une sanglante journée électorale, le régime Alpha Condé devrait gérer une crise politique inédite puisqu’au-delà d’une frange très importante du peuple de Guinée, les organisations régionales, internationales et les partenaires avaient dénoncé, avant le vote, un processus électoral conflictogène. La CEDEAO, l’Union africaine, la francophonie et l’Union européenne avaient exhorté le pouvoir Condé d’organiser des élections inclusives et transparentes pour que le résultat soit accepté par tous. Ensuite, ils ont officiellement écrit qu’ils n’enverront pas d’observateurs, le vote n’ayant plus aucune crédibilité à leurs yeux…

Bref, au-delà des manifestations qui iront sans doute crescendo et se diversifieront, le régime Alpha Condé fera face à une crise post-électorale dont une mauvaise gestion pourrait entraîner des sanctions individuelles contre certains gros bonnets du pouvoir (interdiction de visa, mandats d’arrêt, etc.) avec une perte de légitimité aussi bien sur le plan national que celui international. Comme pour dire que le plus dur commence pour Alpha Condé….

A suivre !

Nouhou Baldé pour Guineematin.com 

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