Violences électorales à Mamou : deux chefs de secteurs en fuite à Porédaka

La tension n’a pas totalement baissé dans la sous-préfecture de Porédaka, située à environ 50 kilomètres de la ville de Mamou. Après le saccage du matériel électoral, du poste de police et de gendarmerie le samedi, 21 mars 2020, par des jeunes opposés au double scrutin législatif et référendaire, de nombreuses arrestations y ont été enregistrées. Accusés d’être de mèche avec les agents venus de Mamou et d’autres menaces sur leurs frères, deux chefs de secteurs, dans le collimateur des jeunes, sont aujourd’hui en fuite, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

La journée du samedi fut mouvementée le samedi dernier à Porédaka. Des jeunes gens, ayant appris la venue du matériel électoral dans leur localité pour le contesté double scrutin du 22 mars, sont passés à l’action. Tout le matériel électoral a été détruit et incendié alors que les membres de la Commission Électorale Sous-préfectorale Indépendante (CESPI) prenaient la poudre d’escampette.

Des agents de sécurité, venus en renfort de Mamou, sont accusés d’avoir violenté des citoyens, en renversant des marmites dans la famille d’Elhadj Boubacar Banjul Diallo. Des agissements qui ont suscité la colère des jeunes. Ils ont chassé les agents et détruit le poste de police et de gendarmerie qui servaient de refuge aux agents. D’autres renforts, venus dans la soirée, vont procéder à de nombreuses interpellations, dont le chef du secteur de Porédaka, Abass Diallo. Ils sont tous actuellement détenus à Mamou.

Le chef du secteur de N’diârendi, à 2 kilomètres du centre, est accusé d’avoir aidé les agents à identifier les présumés auteurs des incendies. Selon nos informations, Mamadou N’diârendi Diallo, dans le viseur des jeunes, a contribué à libérer deux délégués d’un candidat aux élections, retenus en otage. Ils comptaient les utiliser comme monnaie d’échange pour obtenir la libération de leurs amis détenus à Mamou. « Contre toute attente, Mamadou N’diârendi a aidé à libérer les deux personnes prises par les jeunes. Ces deux citoyens sont de Kolissoko et de Bantanko, à environ 15 kilomètres de Porédaka Centre. Depuis ça, les jeunes sont très en colère. Ils sont allés à N’diârendi pour rechercher Mamadou, le chef du secteur. Mais, il avait déjà disparu. Personne ne sait où il est en ce moment », a expliqué un citoyen de Porédaka, joint au téléphone.

L’autre chef de secteur en fuite, c’est Ibrahima Diallo, de Tanta, à environ 5 kilomètres du centre. Selon notre source, qui a requis l’anonymat, monsieur Diallo est accusé d’avoir donné un fusil de chasse à un de ses hommes pour menacer les partisans de l’UFDG, fortement majoritaires à Porédaka. « Pour Ibrahima Diallo, chef du secteur de Tanta, c’est plus compliqué. Lui, il a pris un fusil de chasse qu’il a donné à un monsieur pour qu’il s’en prenne à ceux qui vont parler de l’UFDG au centre. Le monsieur est venu, il a voulu ouvrir le feu par deux fois. Mais, ça n’a pas réussi. Il s’est fait arrêté. Après avoir retiré le fusil, il a été maîtrisé et a fini par avouer que c’est Ibrahima Tanta, le chef du secteur, qui lui a dit de venir se servir de son arme contre tout partisan de Cellou Dalein le jour du vote. Aujourd’hui, Ibrahima a fui Tanta pour une destination inconnue », a fait savoir notre interlocuteur.

Il faut savoir que le conseil communal de Porédaka est dirigé totalement par l’UFDG, principal parti de l’opposition. L’autre particularité, Porédaka est le village d’origine de Halimatou Dalein Diallo, l’épouse du chef de file de l’opposition. C’est aussi la localité d’origine de madame Traoré Dr Zalikatou Diallo, tête de liste du RPG Arc-en-ciel, le parti au pouvoir, pour ce contesté double scrutin législatif et référendaire.

Mamadou Bah

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