Elections contestées en Guinée : Abdoulaye Bah dénonce « une opération civilo-militaire de confiscation du pouvoir »

Abdoulaye Bah, ancien président de la délégation spéciale de Kindia
Abdoulaye Bah, ancien président de la délégation spéciale de Kindia

Les commentaires n’en finissent pas en Guinée au lendemain du contesté double scrutin législatif et référendaire, cloué au pilori par la communauté internationale. Pour Abdoulaye Bah, membre de l’UFDG, principal parti de l’opposition, et du FNDC de Kindia, ce scrutin n’en est pas un. Il s’agit plutôt d’un « coup d’Etat constitutionnel » qui a pour but de confisquer le pouvoir par l’usage de la force. L’ancien président de la délégation spéciale de Kindia l’a dit dans une interview accordée à des médias locaux hier mardi, 24 mars 2020, rapportent les correspondants de Guineematin.com basés dans la préfecture.

Les principaux partis politiques de l’opposition guinéenne avaient décidé de boycotter ce contesté double scrutin du 22 mars 2020. Etant donné les problèmes qui ont entouré ses préparatifs, les opposants disaient ne pas vouloir cautionner « une mascarade électorale ».

Pour Abdoulaye Bah, ancien président de la délégation spéciale de Kindia, l’on a assisté à un coup d’Etat constitutionnel. « Nous à l’UFDG et au FNDC, on appelle pas ça élection. Lorsque vous faites appel à l’armée, à la police, à la gendarmerie pour convoyer des caisses, des cartes d’électeurs et des bulletins, l’arme au point, cela ne s’est passé nulle part. Donc, l’appellation élection est mal choisie, mais plutôt une opération civilo-militaire de confiscation du pouvoir. On appelle cela en langage simple, un coup d’Etat constitutionnel contre la Guinée.»

A la question de savoir si ce boycott se justifie et s’il ne va pas être préjudiciable à l’UFDG à l’avenir, Abdoulaye Bah botte en touche. « Non, au contraire. Vous savez, ça a commencé par le refus des institutions internationales de participer à une mascarade. Elles l’ont fait savoir bien avant. Elles ont fait des recommandations, des offres de bon service, pour qu’il y ait un scrutin transparent, crédible, équitable et acceptable. Puisque cela n’a pas été, elles ont décidé tout simplement de s’en éloigner. Et elles ont raison parce que ce que nous vivons depuis le 21 mars jusqu’aujourd’hui, 24 mars 2020, prouve à suffisance qu’il fallait ne pas être témoin des crimes humains que le gouvernement guinéen est entrain de commettre à son peuple. Au contraire, l’UFDG a parfaitement raison de ne pas aller à ce qu’ils appellent élection, pour ne pas être comptable devant l’histoire et devant le peuple de Guinée d’avoir accompagné des hommes assoiffés de sang pour pouvoir rester au pouvoir et pour ne rien faire. Au contraire, l’histoire nous donne raison et nous avons assumé notre décision. Ce qu’on a vécu n’a rien de démocratique. C’est un cirque », a-t-il martelé.

Abdoulaye Bah, ancien président de la délégation spéciale de Kindia

Pour Abdoulaye Bah, la communauté internationale ne devrait tarder à prendre des sanctions contre la Guinée à cause du « cirque » organisé dimanche sur fond de violences meurtrières et de destruction d’édifices. « Dans le prochain jours, on verra bien qu’est ce qui pourra être pris comme sanctions vis-à-vis d’un gouvernement pareil, qui se comporte comme ça dans un pays et vis-à-vis de ses concitoyens. Il y a eu des assassinats. Comme dans le passé, on a tiré à bout portant dans le cœur des gens, sur le crâne, dans le sexe, dans la cuisse, avec la volonté criminelle d’abattre des frères guinéens. C’est extrêmement grave. Donc, ces faits ne sont pas sans suite parce que nous sommes dans une communauté de destin avec la communauté internationale… Et vous allez voir, très bientôt, la Guinée sera rappelée à l’ordre », a-t-il laissé entendre.

Pour ce qui est des formations politiques qui ont pris part à ce controversé scrutin, Abdoulaye Bah parle de partis satellites créés par le pouvoir. « Parmi les trente partis politiques, il y a beaucoup qui n’étaient pas connus. C’est lorsqu’on a vue la liste à la CENI qu’on a su qu’il y a des partis. Ce sont des partis satellites que le pouvoir a créé de manière artificielle pour donner l’impression qu’il y a une opposition. L’opposition guinéenne, elle est connue. »

Pour finir, Abdoulaye Bah a laissé entendre que « la Guinée rentre dans une crise politique à partir du 22 mars. Le forcing a créé une instabilité économique, sociale et culturelle ».

De Kindia, Amadou Baïlo Batouala et Mohamed Mbemba Condé pour Guineematin.com

Tél :(00224) 628516796

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