Violences à N’Zérékoré : Jacques Gbonimy parle de 60 morts et accuse le gouvernement

Jacques Gbonimy, président du parti UPG
Jacques Gbonimy, président du parti UPG

Le contesté double scrutin du dimanche dernier, 22 mars 2020, a entraîné des violences meurtrières à travers la Guinée. La ville de N’zérékoré a été particulièrement affectée avec de nombreux cas de morts et de blessés, dans une confrontation au relent communautaire. Jacques Gbonimy, président du parti Union pour le Progrès de la Guinée (UPG), joint au téléphone par un reporter de Guineematin.com ce mercredi a condamné ces violences tout en dénonçant l’attitude des autorités de N’zérékoré dans la gestion de la crise.

Des affrontements à relent ethnique ont éclaté à N’zérékoré le dimanche 22 mars 2020, jour du controversé scrutin, décrié en Guinée et même sur le plan international. Pour Jacques Gbonimy, ces violences meurtrières sont la conséquence de l’entêtement du pouvoir d’aller à ce contesté double scrutin en complicité avec la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). « C’est le gouvernement qui a forcé avec la CENI pour organiser une élection pour faire passer un projet de nouvelle constitution et les élections législatives qui n’étaient pas du goût de certains citoyens de N’Zérékoré. En fait, les autochtones avaient demandé à ce que Moussa Dadis Camara revienne. Sans ça, il n’y avait pas d’élections à N’Zérékoré. Au niveau national, vous avez constaté que dans beaucoup de villes, il y a eu des violences pour empêcher ce vote, suite aux recommandations du Front National pour la Défense de la Constitution. »

Par ailleurs, Jacques Gbonimy parle d’un bilan très lourd et pense que ces assassinats étaient préparés dans la ville. « Il faut reconnaître qu’au delà des élections, les violences sont allées et ont donné l’impression d’une guerre ethnique ou d’une guerre religieuse. Parce que si nous prenons le bilan, cinq églises ont été détruites. Est-ce que les églises avaient été pour voter ? Et s’il y a eu vote au niveau des citoyens que les chrétiens refusent d’aller voter, on n’a pas à s’attaquer aux églises. Ça donne l’air d’une chose qui était préparée en avance et qui était préméditée. Parce que, les violences que nous avons connues le 22 mars se sont poursuivies le 23, pour maintenant détruire les édifices privés, publics et tuer des personnes qui n’étaient pas concernées. Nous venons d’avoir une nouvelle statistique après celle d’hier, où on disait qu’il y avait 22 corps à la morgue. Aujourd’hui mercredi, on nous parle de 60 corps. Et, je viens de lire tout de suite que les corps ont été enterrés la nuit dans une fosse commune. Ce qui est vraiment regrettable ».

Pour tenter de ramener le calme dans la ville, les autorités auraient fait appel au Colonel Moussa Thiégboro Camara, responsable des services spéciaux en charge de la lutte contre la drogue et le crime organisé. Un choix critiqué par monsieur Gbonimy qui estime que le colonel Thiégboro n’a pas bonne presse dans la région. « Avec les arrestations en cours, nous ne pensons pas que le maintien d’ordre soit dirigé par Thiégboro, qui est parti de Conakry. Parce que, Claude Pivi et Thiégboro se sont disqualifiés en 2013 après leur mission à N’Zérékoré où il y avait eu encore beaucoup de dégâts humains pendant qu’ils étaient là. Donc, si Pivi est allé pour la campagne, en cas de problème, ce n’est pas Thiégboro qui devait aller pour le maintien de l’ordre. Les deux sont disqualifiés et il fallait envoyer une autre équipe pour faire le maintien d’ordre. Si le gouvernement veut résoudre ce problème, ce n’est pas avec les deux, mais plutôt avec un homme neutre qui n’est ni de la communauté Guerzé ni de la communauté Konia. Nous pensons que le gouvernement doit retirer Thiégboro… »

En outre, l’ancien commissaire à la CENI a dénoncé ce qu’il qualifie de deux poids deux mesures des autorités de N’zérékoré, en procédant à des arrestations ciblées. « Les personnes qui ont incendié les églises, les mosquées et les édifices publics et privés devaient être arrêtées sur le lieu des faits. Mais, ce n’est pas des personnes qu’on va ramasser parce qu’ils portent des habits traditionnels. Il y a aussi des Donzos là-bas qui portent des habits traditionnels. Pourquoi, ils ne sont pas arrêtés ? Je crois que la justice doit être impartiale et que toutes les personnes impliquées dans ces exactions doivent être traitées sur le même pied d’égalité, que de s’occuper d’une seule partie. »

Pour trouver solution à ce problème, Jacques Gbonimy invite tous les fils et filles de N’zérékoré à se donner la main pour une véritable réconciliation. « Tous les fils de N’Zérékoré, de toutes les ethnies, doivent se retrouver pour nous parler franchement et aller à une réconciliation réelle. C’est une répétition de faits et ça ne doit pas se limiter à des impressions personnelles ou à des sentiments personnels. Il faut un règlement définitif de cette affaire », a-t-il lancé.

Siba Guilavogui pour Guineematin.com

Tel : 620 21 39 77/ 662 73 05 31

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