Violences meurtrières à N’zérékoré : Damaro Camara pointé du doigt par la diaspora forestière

Dans une déclaration publiée ce vendredi, 27 mars 2020, le comité de prévention et de gestion de crise du conseil supérieur de la diaspora forestière condamne les violences survenues à N’zérékoré. Le comité accuse principalement l’honorable Amadou Damaro Camara, président du groupe parlementaire du RPG arc-en-ciel à l’Assemblée nationale d’en être le principal instigateur. Le comité invite le gouvernement guinéen à mettre en place une commission indépendante pour enquêter sur les crimes commis dans cette partie de la Guinée.

Guineematin.com vous propose, ci-dessous, l’intégralité de cette déclaration :

Le Conseil Supérieur de la Diaspora Forestière (CSDF) suit avec une vive inquiétude les troubles dévastatrices qui se déroulent à N’Zérékoré depuis le 22 mars. Selon les nouvelles en provenance du terrain, il y aurait déjà eu une soixantaine de personnes tuées, une centaine de blessés à des degrés divers et des édifices privés et lieux de cultes (églises et mosquée) détruits et/ou incendiés. Apparemment on veut nous faire croire que ce conflit opposerait les communautés Kpèlès et Koniankés, du moins ce que certains laissent entendre.

De sources concordantes rapportent que le régime Guinéen serait la racine de ces troubles ; son objectif serait la création d’un foyer de tension afin de détourner l’attention internationale du double scrutin tenu récemment.

D’autres arguments soutiennent que la présence d’assaillants contre les autochtones de N’Zérékoré serait une expédition punitive contre eux pour s’être massivement opposés au changement de constitution et au projet de Troisième Mandat.

Cinq faits, parmi tant d’autres, semblent donner de la crédibilité aux hypothèses ci-dessus citées :

1- La présence de Monsieur Amadou Damaro CAMARA, président du groupe parlementaire RPG-Arc-en-Ciel, qui est arrivé à N’Zérékoré, quelques jours tout juste avant les conflits. Sa présence sur le terrain suscite de profondes suspicions fondées. Pour rappel, depuis quelques mois, une vidéo dans laquelle Damaro harangue une foule hystérique de Koniankés circule sur les réseaux sociaux ; dans cet instrument médiatique, Damaro dans un discours de style hitlérien, évoque la prouesse guerrière des Koniankés, tout le long de l’histoire de la sous-région. Par ces assertions incendiaires, il incite tacitement le peuple du Konia à aller en guerre contre d’autres Guinéens, et particulièrement ceux de la région Forestière ;

2- La présence des chasseurs traditionnels armés, communément appelés « Donzo », venus de la Haute Guinée suscite bien d’interrogations. Sur la base de photos authentiques qui circulent sur les réseaux sociaux, Il est établi que les donzos avaient été les gardiens des bureaux de vote, en appui aux Forces de Sécurité nationale. Aussi, dans la période post-électorale, ces donzos quadrillent continuellement la ville de N’Zérékoré en compagnie de militaires coiffés de bérets rouges ;

3- De sources crédibles rapportent qu’au moins une centaine de « bérets rouges » auraient quitté le camp de Kindia pour la ville de N’Zérékoré ;

4- La non-intervention des forces de sécurité et de défense pour juguler les affrontements meurtriers entre les belligérants. On est porté à croire que n’eut-été l’attitude de passivité incompréhensible de ces forces, le nombre de morts n’allait pas atteindre cette proportion ;

5- Le mutisme incompréhensible du Président Alpha CONDE depuis l’amorce des hostilités, qui remontent au 22 mars courant.

Conséquemment, le CSDF voudrait demander au Président Alpha CONDE de bien vouloir assurer la protection des citoyens de N’Zérékoré, sans considération ethno-régionale ou confessionnelle. Aussi, le CSDF demande au Président alpha Condé de retirer ou faire retirer les donzos et les éléments des Forces de Défense de la ville de N’Zérékoré et des villages environnants. Les premiers devraient retourner en Haute Guinée et les seconds devraient retourner dans leurs casernes d’origine.

Nos dernières requêtes portent sur ces points :

1- La libération des jeunes injustement arrêtés et présentés par les médias, sur la base d’informations sommaires, comme étant les instigateurs des troubles qui ébranlent N’Zérékoré. Il faut souligner que leur présence sur le terrain n’a pas été planifiée ; ils s’y sont trouvés par la nécessité de protéger les leurs face à l’indifférence coupable de l’armée. Leur élargissement serait un gage certains de retour à la pacification que le gouvernement recherche tant ;

2- Nous demandons au Président Alpha CONDE de donner des instructions afin que les dépouilles des victimes mortelles nuitamment enfuies, le mercredi, 25 mars 2020 dans la forêt du 1er mai, soient, après autopsie bien entendu, remises à leurs parents pour qu’ils soient inhumés dans la dignité, pas comme des prisonniers ou criminels, mais comme des citoyens libres de la République de Guinée.

3- Le CSDF demande aux autorités compétentes de mener une enquête sérieuse afin de rechercher les auteurs et commanditaires de ces exactions pour leur infliger des sanctions à la hauteur de leur forfaiture. Mais aussi de laisser les ONG de défense des Droits Humains mener leur propre enquête pour une crédibilité des sources.

Le CSDF se réserve le droit de porter le cas devant les juridictions internationales au cas où la justice guinéenne reste passive ou partiale.

Pour conclure, le CSDF voudrait rappeler aux uns et aux autres que les Kpèlès et les Koniankés, du temps colonial jusqu’en 1990, ont vécu dans une parfaite harmonie et convivialité. Le CSDF croire que les deux communautés peuvent et doivent cohabiter de façon pacifique.

Le CSDF enjoint ces communautés à ne pas céder aux manipulations politiques et politiciennes qui les ont nuits et les nuiraient toujours.

Dr. Antoine Akoï SOVOGUI

Président du CSDF

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