Etat d’urgence : la décision d’Alpha Condé non respectée dans le transport

L’état d’urgence décrété avant-hier, jeudi 26 mars 2020, n’est pas respecté dans le secteur du transport terrestre, à Conakry. Les chauffeurs disent ne pas pouvoir se plier à la réduction du nombre de passagers, décidée par le président de la République. Pour que cette mesure soit effective, ils réclament la baisse du prix du carburant, a constaté un reporter de Guineematin.com hier.

Trois passagers par voiture, 7 à 10 par minibus, c’est l’une des mesures prises par le président Alpha Condé dans le cadre de l’état d’urgence déclarée en Guinée. Une façon de limiter les risques de propagation de la pandémie du Coronavirus, qui a fait officiellement 8 cas confirmés dans le pays. Mais, le constat révèle que cette mesure n’est pas respectée dans le secteur du transport terrestre. A Conakry, les chauffeurs continuent de prendre 6 personnes dans les taxis et un nombre inconnu dans les minibus.

Alhassane Diallo, chauffeur de taxi sur la T3 (Cosa-Tannerie)

« Nous pouvons accepter cette mesure, mais à condition qu’on diminue le prix du carburant. S’ils ne le font pas, nous n’allons pas respecter parce qu’on ne peut pas acheter un litre d’essence à 10 mille francs guinéens et ne prendre que trois personnes. C’est impossible puisque ça devient une perte pour nous. Pour que cette mesure soit appliquée, il faut que le gouvernement baisse le prix du carburant. Donc pour le moment, je continue à prendre 6 personnes dans mon taxi », soutient Alhassane Diallo, chauffeur de taxi sur la T3 (Cosa-Tannerie).

Si dans certaines parties de la capitale guinéenne les contrevenants à cette décision ne sont pas inquiétés, dans d’autres par contre ils se heurtent à la police routière. Face à cette situation, Amadou Oury Diallo, chauffeur qui roule sur la T2 Kipé-Bambéto, a décidé de garer son taxi pour éviter tout problème.

Amadou Oury Diallo, chauffeur

« Je ne peux pas accepter cette mesure. Je ne peux pas prendre trois personnes avec le prix actuel du carburant. C’est pourquoi j’ai garé pour le moment ma voiture, parce que les policiers sont en train de prendre les gens sur la route qui ne respectent pas cette mesure. Je préfère garer mon véhicule que de prendre trois passagers seulement alors que j’achète le litre d’essence à 10 mille francs », a-t-il dit.

Cette position des chauffeurs est partagée par leurs syndicats. Alsény Sylla, chef de ligne à la T3, indique qu’il ne peut pas faire appliquer cette mesure si le prix du carburant n’est pas revu à la baisse.

« On peut accepter cette mesure, mais il faut qu’on diminue le prix de l’essence. Tu ne peux pas acheter un litre à 10 mille francs guinéens et prendre trois personnes à 1500 chacun. Tu risques de consommer un litre sans même avoir son prix. Donc, je ne peux pas pour le moment, faire appliquer cette mesure aux chauffeurs qui roulent ici. Le contrôle viendra après », a fait savoir ce responsable syndical.

Siba Guilavogui pour Guineematin.com

Tel : 620 21 39 77/ 662 73 05 31

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