La fermeture des bars, annoncée avant-hier, jeudi, dans le cadre de l’état d’urgence décrété par le président Alpha Condé, n’est pas effective partout. Si certains gérants se plient à cette décision, d’autres par contre disent ne pas pouvoir l’appliquer. C’est le constat fait par un reporter de Guineematin.com hier, vendredi 27 mars 2020, Conakry.
Les bars constituent des lieux de grands regroupements de personnes. Ce qui fait d’eux des endroits pouvant contribuer à la propagation de la pandémie du coronavirus. C’est pourquoi, le président de la République, Alpha Condé, a décidé de fermer tous les débits de boisson en même temps que tous les lieux où le risque de contamination est très élevé. Au lendemain de cette mesure, le constat est mitigé sur le terrain.
Certains, à l’image du bar-restaurant « Chez JMJ » situé à Kipé, ont décidé de se conformer à cette décision. « La décision du président, moi je la trouve salutaire. Parce ce que ce n’est pas propre à la Guinée et c’est surtout l’intérêt de toute la nation. Sinon depuis belle lurette, on a toujours vu nos parents prier à la mosquée et à l’église. Tout cela est interdit aujourd’hui. Et, beaucoup de pays ont déjà pris des mesures similaires, donc il faut qu’on accepte la décision. C’est pourquoi, vous voyez qu’il n’y a pas de monde ici à part des travailleurs », indique Aboubacar Touré, le gérant des lieux.
Il souligne toutefois, que cette mesure va impacter négativement les propriétaires, gérants et travailleurs des bars. Car, c’est leur source de revenu qui est fermée. « On se demande même comment on va manger à la maison pendant cette période quand on n’a pas assez de moyens. Donc ça a effectivement un impact sur l’économie, et l’État même perd beaucoup dans ça », a dit monsieur Touré.
Contrairement à ce dernier, d’autres gérants de bars ont décidé de ne pas se plier à la décision du président Alpha Condé. C’est le cas de Gérôme Kalivogui, qui a ouvert son bar, comme d’habitude, ce vendredi matin. Il dit ne pas pouvoir fermer pour des raisons économiques. « Ce que le président Alpha Condé a annoncé comme mesures, c’est normal. Mais avec la situation actuelle des Guinéens, on ne peut pas respecter ça.
On sait que cette maladie tue beaucoup dans le monde. Mais, on ne peut pas fermer notre commerce et rester à la maison, car les Guinéens vivent au quotidien. Même en temps de guerre, on ne peut pas rester à la maison sans sortir si on n’a plus rien à manger. Quand on a faim, même quand ça tire à balles réelles dehors, on sera obligé de sortir pour chercher de la nourriture. C’est la raison pour laquelle nous sommes sortis pour vendre, malgré la décision annonçant la fermeture des bars », soutient-il.
Il assure tout de même qu’il respecte les mesures d’hygiène préventives dans son bar. « Nous avons pris des mesures comme le lavage des mains avant d’accéder au bar. En plus, j’utilise personnellement des gants et des masques de protection », a laissé entendre ce gérant.
Officiellement, la Guinée a enregistré jusque-là 8 cas confirmés de Coronavirus, dont un guéri. Le pays compte également plus de 1000 contacts qui devront être suivis et testés. Il est probable donc que de nouveaux cas soient enregistrés dans les prochains jours. D’où la déclaration de l’état d’urgence, comportant une batterie de mesures visant à limiter la propagation de la maladie.
Malick Diakité pour Guineematin.com
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