Impact du Covid-19 sur la culture : « c’est près de 3 milliards que 15 structures ont eu à dépenser »

Alhassane Souaré, manager général de Nord Sud Communication
Alhassane Souaré, manager général de Nord Sud Communication

L’épidémie du Coronavirus qui frappe la Guinée affecte tous les secteurs de la vie. Depuis la prise du décret instaurant l’état d’urgence sanitaire, les activités socio-économiques tournent au ralenti. Le secteur culturel est sérieusement affecté par l’interdiction de tout regroupement de plus de 20 personnes. Les organisateurs de spectacles vivants en ont pris un coup.

C’est le cas du manager général de Nord-Sud Communication, Alhassane Souaré, plus connu sous le nom d’Al. Souaré, qui s’apprêtait à organiser la 3ème édition du « match du rire ». Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com hier, lundi 07 avril 2020, Al. Souaré est revenu sur les désagréments subis à cause de ce contretemps.

Al. Souaré, promoteur culturel, s’apprêtait à organiser la 3ème édition « du match du rire », l’un des trois événements phares qu’il organise chaque année. Il a été obligé d’ajourner ce spectacle et dit ne pas en être la seule victime. « C’est tout naturel que nous prenions un grand coup avec l’apparition de cette épidémie dans notre pays. Et je ne suis pas seul, certains promoteurs culturels, une quinzaine de structures, ont été impactés par cette épidémie du Covid-19, depuis le communiqué du gouverneur faisant office du non regroupement de plus d’une vingtaine de personnes dans les endroits stratégiques de la ville. Ça a forcement eu un impact. Mais, en tant que personne humaine, la santé passe avant tout. Nous avons donc été obligés d’ajourner nos différents spectacles. »

Cet ajournement a eu un effet négatif d’autant plus que d’énormes dépenses avaient été déjà engagées pour la réussite du spectacle. « Ceci étant, nous avons investi de l’argent, nous avons mis du temps, de l’énergie pour pouvoir, à notre façon, égayer à travers les différents événements, d’autres formes de spectacles qu’on fait ci et là. On perd beaucoup d’argent. Mais comme on le dit, l’humain passe avant tout. Notre structure organise trois événements dans l’année. L’événement qui a été impacté, c’est le match du rire, c’est un événement humoristique par excellence qui se fait chaque année, à la période de fin mars, début avril. Malheureusement, nous avons été obligés d’ajourner. »

Al. Souaré déplore le manque de mesures d’accompagnement après l’interdiction de tout regroupement, notamment les spectacles. « Nous sommes impactés. Et certaines décisions sont venues sans mesures d’accompagnement. Tout le monde suit l’actualité, certains gouvernements, certains Etats ont pris des mesures d’accompagnement… Aujourd’hui, ces Etats ont pris des mesures pour accompagner ceux qui ont subi, que ça soit des PME, PMI, dans le formel ou l’informel. Mais malheureusement, ça n’a pas été le cas chez nous », se désole-t-il.

Pour ce qui est des pertes subies, notre interlocuteur les chiffre à des millions de francs guinéens. « J’ai engagé personnellement une centaine de millions. Et au sein du collectif, nous avons travaillé sur les différends budgets que chacun a eu à mettre en place, parce que le budget n’a pas été épuré, c’est un début de communication que nous avons commencé. Dans mon milieu, c’est des cachets d’avance que vous payez à des artistes, vous achetez votre billet d’avion, vous partez dans des pays. Cette année, on avait au menu le Rwanda, le Mali, la Côte d’Ivoire, la Guinée. Donc, tous ces artistes qui viennent dans votre pays, vous allez à la rencontre de ces artistes pour signer des contrats moyennant une partie du cachet. Quand la prestation est faite, vous payez l’autre partie. Donc imaginez vous que tous ces artistes ont été déjà payés. Nous avons commencé aussi la communication. Donc dans ce collectif, c’est près de 3 milliards GNF que 15 structures ont eu à dépenser en termes de budget », a indiqué Al. Souaré.

Pour pouvoir remonter la pente, le manager général de Nord-Sud Communication interpelle le président Alpha Condé. « Monsieur le président, promoteurs culturels que nous sommes, avons mis de l’argent dans certains événements culturels pour pouvoir égayer la population. Nous sommes guinéens, nous avons été impactés par l’avènement du Covid-19. Nous aussi, nous participons à ce combat. Nous avons été touchés par tous ces cas de contamination et de morts ailleurs. Nous vivons aussi des activités que nous menons. Notre Etat a le droit de nous accompagner, notre Etat a le droit d’amoindrir notre souffrance quand nous sommes touchés dans ce genre de situation. Nous ne sommes pas subventionnés par l’Etat pour ce que nous faisons, nous prenons nos gains quotidiens pour investir. Et quand ce genre d’urgences arrivent, en tant que père de la nation, vous devez prendre des garde-fous pour ne serait-ce que soulager un temps soit peu les personnes qui sont touchées par cette épidémie. Ce n’est pas une obligation, mais c’est une doléance. Venez-nous en aide afin d’alléger nos souffrances », a lancé Al. Souaré.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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