Ces hommes rendus heureux par le Coronavirus

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la nouvelle pandémie mondiale à laquelle, pour la première fois, l’humanité entière est confrontée, ne fait pas que des malheureux. Bien au contraire. Elle fait beaucoup d’autres heureux. Pour ceux-là, sur lesquels nous allons revenir, Coronavirus a été une aubaine. Un véritable cadeau tombé du ciel.

Tout d’abord, il y a les prisonniers qui bénéficient d’une liberté provisoire ou définitive partout dans le monde pour « éviter la propagation du virus » dans les prisions. La dernière décision en date est intervenue en Côte d’Ivoire où le chef de l’Etat a décidé de faire libérer près de 2 000 prisonniers. Avant lui, d’autres pays avaient fait la même chose.
Parmi les prisonniers africains libérés, il y a un VIP. Il s’agit de l’ancien président tchadien, Hussein Habré, qui a bénéficié d’une liberté provisoire de 2 mois au Sénégal où il purge sa peine pour crime contre l’humanité. La décision déchaîne les passions. Les défenseurs des droits de l’homme craignent que cette libération provisoire ne devienne définitive. Ce à quoi le ministre de la justice du Sénégal a apporté un démenti formel. Estimant qu’au terme du délai qui lui est accordé, le célèbre prisonnier devra regagner sa cellule. Mais en attendant Habré et les siens jubilent grâce à Coronavirus.

Mais, il n’y a pas que cet ancien chef d’Etat qui est soulagé par la pandémie. Il y a aussi des chefs d’Etat en exercice à qui la crise profite. Parmi eux, le nouveau président algérien. Confronté à une manifestation monstre chaque vendredi pour exiger la fin du système auquel il fait partie, le chef de l’Etat algérien bénéficie d’une pause dans les manifestations à cause de Coronavirus. Pour le pouvoir algérien, s’il est souhaitable que la crise sanitaire passe il est tout aussi souhaitable que tout ce qui peut calmer les ardeurs d’une jeunesse décidée à enterrer le système perdure.
Loin d’Alger et tout près de chez nous, le nouveau chef de l’Etat contesté de la Guinée Bissau ne voit pas d’un mauvais œil cette crise. Grâce à elle, la fameuse communauté internationale lui a collé la paix. Du moins provisoirement. Dans l’espace CEDEAO où il n’a pas que des soutiens, chacun a du coton à filer pour le moment. Quand la crise passera il aura consolidé son pouvoir. Et, probablement, mis devant le fait accompli, les voisins n’auront pas le choix que de s’accommoder.

La situation est quasiment la même en Guinée. Le chef de l’Etat ne s’est pas fait prier pour accélérer le processus d’instauration d’un nouveau pouvoir à vie pendant la crise. En un temps record, il a une nouvelle constitution et une Assemblée nationale entièrement acquise à sa cause. Si certains pays comme la France ont fait entendre leur réserve, tout le monde sait que l’ancienne puissance coloniale a actuellement d’autres grains à moudre que d’engager un bras de fer avec une ancienne colonie, par ailleurs toujours récalcitrante.

Voilà tous ceux à qui cette crise profite en ce moment. Mais, puisqu’il n’existe pas de règle sans exception, c’est paradoxalement au moment où les prisons se vident que la République Démocratie du Congo, elle, ouvre une. En l’occurrence celle qui reçoit à partir de ce mercredi un allié du chef de l’Etat lors de la dernière élection présidentielle. C’est en effet au moment où même ceux qui sont reconnus coupables de crime contre l’humanité recouvrent la liberté que Vital Kamerhe, lui, est mis en détention provisoire dans le cadre d’une enquête anti-corruption.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 664 27 27 47

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