COVID- 19 : l’Afrique subsaharienne va connaitre sa première récession depuis 25 ans (Banque mondiale)

Apparue en Chine à la fin de la dernière quinzaine du mois de décembre 2019, la pandémie du nouveau coronavirus continue sa progression dans le monde. Avec plus de 1,5 millions de personnes infectées (dont plus de 90 000 morts) à travers la planète, cette maladie du COVID-19, en plus de semer encore la terreur, affaiblit les économies des pays touchés. Et, les Etats de l’Afrique au sud du Sahara font partie de ceux qui vont faire les frais économiques de cette crise sanitaire qui accable l’humanité.

Selon le rapport ‘’Africa’s Pulse’’ rendu public par la banque mondiale ce jeudi, 09 avril 2020, l’Afrique subsaharienne connaîtra cette année sa première récession depuis 25 ans. Ceci, en raison de l’impact de la pandémie de coronavirus. Dans cette région du continent, l’institution de Breton-Woods prévoit une « chute brutale » de la croissance économique qui devrait passer de 2,4% en 2019 à -2,1% voire -5,1% en 2020. Et, les pays dont les économies dépendent d’exportations pétrolières et minières devraient être les plus affectés.

Alors que le prix du brut a dégringolé et a perdu près de la moitié de sa valeur anticipée par les budgets nationaux, le Nigeria et l’Angola (tous les deux exportateurs de pétrole) seront sévèrement frappés. L’Afrique du Sud pâtira de l’atonie prononcée dans les investissements.

« La pandémie COVID-19 met à l‘épreuve les limites des sociétés et des économies dans le monde entier, et les pays africains risquent d‘être particulièrement touchés », a déclaré Hafez Ghanem, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique.

Dans les deux régions qui connaissent la croissance la plus rapide, à savoir l’Union économique et monétaire Ouest-Africaine (Uemoa) et la Communauté d’Afrique de l’Est (CEA), la faiblesse de la demande extérieure, les perturbations des chaînes d’approvisionnement et de la production intérieure tireront l’activité économique vers le bas. L’Uemoa, dont l’activité a régulièrement progressé de plus de 5% depuis 2012, pourrait perdre près de la moitié de sa croissance annuelle.

In fine, le Covid-19 coûtera à la région entre 37 et 79 milliards de dollars en pertes de production pour 2020, en raison d’une combinaison d’effets. « Ceux-ci comprennent la perturbation du commerce et de la chaîne de valeur, qui a un impact sur les exportateurs de produits de base et les pays ayant une forte participation à la chaîne de valeur. La réduction des flux de financement étrangers provenant des envois de fonds, du tourisme, des investissements directs étrangers, de l’aide étrangère, combinée à la fuite des capitaux et par le biais d’impacts directs sur les systèmes de santé et des perturbations causées par les mesures de confinement et la réponse du public », cite ce rapport économique semestriel de la Banque mondiale pour la région.

Selon la Banque mondiale, la crise du Covid-19 pourrait déclencher une crise de la sécurité alimentaire en Afrique. Elle table sur une contraction de la production agricole de 2,6 % dans un scénario optimiste et jusqu’à 7 % en cas de blocage des échanges.

Dans le même temps, la conjoncture mondiale aux relents de ralentissement chronique aura des effets dévastateurs sur la région où les importations se taillent la part du lion dans les échanges. Les projections sont lugubres. L’Afrique subsaharienne pourrait perdre jusqu’à 25% de ses importations de denrées alimentaires. Pour l’institution de Breton Woods en plus de cette menace alimentaire imminente, un gouffre sanitaire guette la région si ses dirigeants s’obstinent à mettre « l’humain au second rang » dans la hiérarchie des décisions de riposte au Covid-19. Ainsi, « les dirigeants africains doivent se concentrer sur la préservation des vies et la protection des moyens de subsistance en s’attachant à renforcer les systèmes de santé et à prendre des mesures rapides pour minimiser les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement alimentaires », lit-on dans ce rapport qui préconise la mise en place de programmes de protection sociale, y compris des transferts d’argent liquide, la distribution de nourriture et des exemptions de frais pour soutenir les citoyens, en particulier ceux qui travaillent dans le secteur informel.

Dès l’apparition du COVID-19 sur le continent, plusieurs pays africains ont réagi rapidement et de manière décisive pour freiner la propagation de cette maladie, conformément aux directives internationales. Toutefois, le rapport ‘’Africa’s Pulse’’ souligne plusieurs facteurs qui posent des problèmes pour les mesures de confinement et d’atténuation, en particulier « les établissements urbains informels importants et densément peuplés, le faible accès à l’eau potable et aux installations sanitaires, et la fragilité des systèmes de santé ».

A noter que l’analyse macroéconomique du rapport est basée sur les données disponibles au premier trimestre de mars 2020.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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