Covid-19 : peintres et sculpteurs de Conakry tirent le diable par la queue

Georges Soul Dibaté

Les restrictions entourant l’état d’urgence sanitaire décrété depuis quelques jouent négativement sur les activités socio-économiques en Guinée. Les peintres et les sculpteurs, dont la majorité des clients sont des expatriés, tirent le diable par la queue alors que l’état d’urgence sanitaire a été prorogé de 21 jours, depuis hier, jeudi 09 avril 2020. Des peintres et sculpteurs de Conakry, rencontrés par un reporter de Guineematin.com, ne cachent pas leur désarroi face aux difficultés qu’ils éprouvent actuellement.

Tous les secteurs de la vie sont aujourd’hui frappés par la propagation du Covid-19. Les peintres et sculpteurs de la capitale guinéenne, qui confectionnent des objets d’arts (tableaux, colliers, statuettes), destinés généralement aux étrangers, se plaignent du malaise ambiant.

Georges Soul Dibaté

Georges Soul Diabaté, artiste-peintre qui évolue à Ratoma Centre, ne cache pas son amertume. « En ce moment là, ça ne va pas du tout. Avec le coronavirus, les gens refusent de sortir et avec ça, tout le monde garde son argent. Et surtout les étrangers, qui sont nos potentiels clients, ont peur de sortir. Au moins, nous les guinéens on ose un peu. Mais, les étrangers ont peur. Et nous, on vit de nos rapports avec les étrangers. C’est eux qui s’intéressent à ce que nous faisons. Donc pour le moment, ça ne va pas. Les choses sont compliquées et ça nous impacte énormément. Nous continuons le travail. On a le courage, on produit les articles en gardant l’espoir parce qu’on sait que ça va finir. Mais franchement, ça ne va pas du tout. Seulement, on a le courage ».

Par ailleurs, Georges Soul Diabaté exhorte l’Etat guinéen à faire face aux artistes, en les privilégiant dans l’achat de certains objets et autres œuvres d’art. « Les dirigeants guinéens doivent nous aider. Avec les hôtels qu’ils construisent, ils doivent nous associer pour confectionner des tableaux de décoration. Mais, nos dirigeants préfèrent aller acheter en Europe ou photocopier des tableaux industriels qui coûtent 3 000 dollars, alors qu’ici les tableaux les plus chers sont vendus à 2 millions de francs guinéens. Donc, je demande à l’Etat de penser à nous et à nos tableaux au lieu de penser aux articles européens ».

Lanciné Touré

Le sculpteur Lanciné Touré, qui évolue au quartier Kipé, dans la commune de Ratoma, égraine les mêmes difficultés. « Pour le moment, il n’y a pas de clients dans le pays. La maladie coronavirus a chassé tous les clients. Pour le moment, tout ce que nous faisons, nous gardons à notre niveau parce que nous pensons que par la grâce de Dieu, tôt ou tard, la maladie là va finir et les activités économiques vont reprendre. Mais actuellement, nous sommes endettés parce qu’il n’y a pas de clients. Nous avons des familles à nourrir et nous allons payer la location de l’atelier. Mais, rien ne va », a-t-il indiqué.

Thierno Bérété

Même son de cloche pour Thierno Bérété, un autre sculpteur qui vend ses articles devant l’hôtel Palm Camayenne, dans la commune de Dixinn. « On ne vend rien. Rien ne marche actuellement. Nous sommes assis ici pour vendre les objets aux blancs. Mais, les blancs sont confrontés à de vrais problèmes avec cette maladie. Donc à l’heure là, on ne vend rien. C’est très difficile chez nous actuellement. On vient ici seulement pour s’asseoir et faire le petit thé. Parce que nos clients blancs ne viennent pas. »

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel: 620 589 527/654 416 922

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