Intrigues de la nouvelle constitution : la presse guinéenne en danger !

L’adoption et la promulgation d’une nouvelle constitution en République de Guinée remet en cause plusieurs acquis en matière de promotion d’un véritable Etat de droit et d’instauration d’une société démocratique réelle. Parmi les fondements de la liberté qui semble être menacés par le nouveau texte apparemment taillé sur mesure, nous pouvons citer le cas de la liberté de la presse.

La nouvelle constitution dispose effectivement en son article 10 que « Tout individu a droit à la liberté d’expression et d’opinion. Il est libre d’exprimer, de manifester et de diffuser ses idées et opinions par la parole, l’écrit et l’image sauf à répondre à l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. La liberté de la presse est garantie est protégée. La création d’un organe de presse ou de média d’information politique, économique, sociale, culturelle, sportive, récréative ou scientifique est libre, dans les conditions déterminées par la loi. Le droit d’accès à l’information publique est garanti au citoyen et celui-ci demeure libre de s’informer aux sources accessibles à tous », peut-on lire.

Mais, le dernier alinéa de cette disposition précise qu’une « Loi fixe les conditions d’exercice de ces droits, le régime et les conditions de création de la presse et des médias. »

Comment alors ne pas se préoccuper de l’avenir de la presse guinéenne quand on sait que le régime qui a taillé sur sa mesure cette nouvelle constitution a déployé tous les moyens à sa disposition par la puissance publique pour se doter d’une nouvelle Assemblée Nationale ultra-monocolore. Au prix parfois de plusieurs têtes de sang, des dégâts matériels importants et de nombreuses arrestations arbitraires dans les rangs de l’opposition et des acteurs de la société civile regroupés au sein d’une plateforme appelée « Front National pour la Défense de la Constitution » de Mai 2010.

Ces députés presqu’entièrement acquis à la cause de ce régime mégalomane et autocrate va constituer, à n’en pas douter, une caisse de résonance d’un gouvernement sans assise populaire. Donc, si on n’y prend garde, ces nouveaux parlementaires risquent fort de produire un texte d’application de l’exercice du journalisme en République de Guinée très restrictif de la liberté de la presse.

L’on se rappelle que l’année dernière, des individus mal intentionnés avaient tenté en vain de réintroduire des peines privatives de liberté en cas de délits de presse dans l’actuel texte régissant l’exercice de notre métier en République de Guinée.

Au moment où le président de la République refusait catégoriquement de promulguer la loi sur le droit d’accès à l’information publique. Sans oublier que le Professeur Alpha Condé, qui vient de faire changer la Constitution, interdit l’autorisation d’implantation de radios et de télévisions privées en République de Guinée.

Par ailleurs, parlant de la Haute Autorité de la Communication (HAC), la nouvelle constitution avec son style habituel de flou artistique fait à dessein, dispose en son article 129 qu’une « loi organique fixe la composition, l’organisation et le fonctionnement de la Haute Autorité de la Communication ». Là-aussi, le compteur est remis à zéro. L’équipe qui vient de terminer son parcours avait « un mandat de 5 ans non renouvelable ». Ses membres venaient en majorité des différentes associations de presse.

Dieu seul sait alors quel sera le contenu du texte que les autorités du pays comptent faire adopter par leur Assemblée Nationale ultramonocolore.

Et tout montre que c’est maintenant ou jamais qu’il faut se lever comme un seul homme pour se battre becs et ongles dans le but de sauver ce qui nous reste de remparts à la défense de la démocratie et de l’Etat de droit.

De Labé, Idrissa Sampiring DIALLO pour Guineematin.com

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