Kourémalé : le calvaire des migrants, bloqués à la frontière guinéo-malienne

La décision des autorités guinéennes de fermer les frontières du pays entraîne de nombreuses conséquences. Parmi les victimes de cette situation, un groupe de migrants guinéens et sierra-léonais rentrés d’Algérie. Ces jeunes sont bloqués depuis quelques jours à Kourémalé, à la frontière entre le Mali et la Guinée. Ils mènent aujourd’hui une vie très difficile dans une localité où ils ne connaissent personne et l’argent qu’ils possèdent commence à s’épuiser, a constaté un journaliste de Guineematin.com qui s’est rendu à Kourémalé.

Ils sont une dizaine de jeunes migrants, dont deux guinéens et des sierra-léonais. Tous nourrissaient le rêve d’aller clandestinement en Europe. Mais, leur aventure s’est arrêtée en Algérie, où ils ont été arrêtés et emprisonnés. En raison de l’épidémie de coronavirus qui a touché le pays, ils ont été libérés et mis à la disposition de l’Organisation Internationale pour les Migrations. L’OIM a conduit ces jeunes jusqu’au Mali avant de leur remettre des laissez-passer et une somme de 50 000 francs CFA chacun pour qu’ils puissent rentrer chez eux.

Mais, quand ils sont arrivés à la frontière qui sépare le Mali et la Guinée, ces migrants ont été bloqués par les services de sécurité guinéens. Les agents leur ont signifié qu’ils ne passeront qu’après la levée de la décision relative à la fermeture des frontières du pays. Une mauvaise nouvelle pour Paye Jean Junior, citoyen sierra-léonais, et les autres membres du groupe.

Paye Jean Junior

« On a quitté Gao pour rentrer en Sierra Léone via la Guinée. Mais, les autorités sécuritaires nous ont bloqués à la frontière entre le Mali et la Guinée, ils nous ont demandé de rester ici jusqu’à ce que la frontière soit rouverte. Ça fait trois jours que nous sommes ici, on ne connait personne ici, on prend l’argent que l’OIM nous a donné pour manger. Nous avons même tenté de traverser la frontière de façon clandestine pour rentrer chez nous, mais les gendarmes nous ont pris et ils nous ont fait retourner », explique ce migrant, désespéré.

Patrick Ockotioukou

Actuellement, ces jeunes sont sans abris. Ils passent leurs journées tout comme les nuits à la belle étoile et ne savent pas jusqu’à quand cette situation va durer. « Nous voulons rentrer chez nous en Sierra Leone. Depuis qu’on est là, on est en train de manger l’argent qui devait nous servir de frais de transport. On ne sait pas ce qu’on fera quand cet argent finira. On ne connait personne ici, on n’a nulle part où aller. C’est ici devant cette boutique que nous passons la nuit, à la belle étoile », souligne Patrick Ockotioukou, un autre migrant sierra-léonais.

Contactée à ce sujet, Kadiatou Bah, responsable du bureau de l’OIM à Kourémalé-Guinée, a exprimé son impuissance face à cette situation. Selon elle, le projet de l’organisation concernant le rapatriement des migrants a déjà pris fin. Ce qui fait son bureau n’a aucun pouvoir d’aider ces jeunes à traverser la frontière, fermée par les autorités guinéennes.

De Kourémalé, Abdoulaye N’koya SYLLA, envoyé spécial de Guineematin.com

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