COVID-19 en Guinée : « on ne nous a rien donné ! Seul Dieu qui nous protège », s’alarme un policier

Actuellement, l’humanité traverse une grave crise sanitaire due à la pandémie du nouveau coronavirus. Cette maladie planétaire a déjà atteint plus d’un million de personnes et a causé plus de 75 mille décès dans le monde. En Guinée, 212 cas confirmés du COVID-19 ont officiellement été recensés depuis le début de cette pandémie. Et, pour lutter contre la propagation de cette maladie dans le pays, les autorités guinéennes ont invité les populations à mettre en pratique les mesures-barrières de prévention.

Mais, ces mesures qui bouleversent les habitudes sociales sont loin d’être appliquées par certains guinéens. Et, dans la mosaïque de personnes qui passent outre ces mesures, figurent les policiers de la routière à Conakry. Bien qu’exposés aux risques de contracter le COVID-19 comme tous les autres humains, ces hommes en uniforme sont encore dépourvus de kits de protection, rapporte un reporter de Guineematin.com qui est allé à la rencontre de ces policiers.

Ils sont présents au niveau de tous les carrefours et ronds-points se trouvant sur les principales artères de Conakry. Ils, ce sont les policiers de la routière, ceux qui régulent la circulation et qui, parfois, vous parlent du code la route et de contravention. Ces policiers sont en contact permanent avec les usagers. « Vos papiers, s’il vous plait », les entend-on souvent demander aux automobilistes et aux conducteurs de moto.

Parfois aussi, munis d’une chicote, on les voit courir derrière les taxis auxquels ils assènent des coups suite à une infraction au code de la route. Mais, malgré tous les services qu’ils rendent aux usagers de la route et à l’Etat, ces policiers sont considérés par les citoyens comme les enfants mal-aimés de la famille des corps habillés de la Guinée. Les quelques francs qu’ils quémandent quotidiennement aux conducteurs en disent long sur leur condition financière. Et, compte tenu de leur proximité avec le peuple, en cette période de pandémie du nouveau coronavirus en Guinée, les policiers de la routière sont en première ligne pour être infectés par le COVID-19 ; et, sans le savoir, transmettre cette maladie aux personnes avec lesquelles ils interagissent dans la circulation.

Cependant, malgré les risques évidents auxquels ils sont exposés dans l’exercice de leur travail, ces hommes en uniforme qui régulent la circulation à Conakry sont dépourvus de kits de protection contre le COVID-19. Ils ne possèdent ni masque, ni gants. Et, le constat saute aux yeux. Mais, ils n’osent pas en parler ouvertement dans les médias.

Sur près de dix policiers trouvés au carrefour Sangoyah par le reporter de Guineematin.com, un seul portait un masque de protection. La distanciation sociale est bafouée ; et, aucun kit de lavage des mains n’est présent sur les lieux. A voir les policiers, on a l’impression qu’ils sont immunisés contre le COVID-19 qui endeuille actuellement le monde.

Interrogés sur leurs conditions de travail en cette période de nouveau coronavirus, aucun n’a daigné s’expliquer. « Référez-vous à notre hiérarchie. Nous, on ne peut rien vous dire ici ; sinon, nous aurons des problèmes », a confié un agent.

Au rond-point de la Cité-Enco5, on constate la présence d’un kit de lavage des mains. Mais, pendant la trentaine de minutes que nous avons observé les lieux, aucun policier ne s’y est intéressé. C’est à croire que ce kit a été placé là pour les passants. Les quelques policiers que nous avons interrogés ont tous fait mine d’être équipés en masque de protection. Seulement, c’est de leur poste qu’ils les ont sortis pour nous les montrer. Le seul qui en portait se permettait d’ôter son masque à chaque fois qu’il voulait parler. Apparemment, il était très gêné par son masque (de fabrication locale) fait en tissu.

Au rond-point Cosa, les policiers sont sans masque, sans gants. Et, aucun kit de lavage des mains ne se trouvait sur les lieux à notre passage. Malgré les risques d’attraper et/ou de transmettre le COVID-19, les policiers font leur travail et interagissent avec les automobilistes. Ils se serrent la main parfois, en poussant des éclats de rire comme à leurs habitudes.

Le constat est le même au rond-point Bambéto où une ONG de la place sensibilisait les usagers sur les risques de propagation du nouveau coronavirus et les moins de prévention à mettre en œuvre pour éviter cette maladie. « Nous sommes ici sans rien. On ne nous a rien donné, c’est seul Dieu qui nous protège. Vous voyez, nous n’avons pas de masque, ni de gants pour nous protéger. Tout ce que nous avons, pour l’instant, c’est Dieu », a dit un policier que nous avons interrogé sur les lieux.

« On ne vous a pas doté de kits de protection contre cette maladie du COVID-19 ? » avons-nous demandé.

« Personne ne nous a rien donné d’abord, même ceux qui font la sensibilisation. On connait les risques ; mais, on doit faire notre travail. Les kits sont chers et difficiles à trouver. Et, on n’a pas assez d’argent pour les acheter. Mais, comme on le dit, c’est Dieu qui est au commande », a indiqué notre interlocuteur, tout en arborant un gentil sourire.

Est-il besoin de rappeler que le ministre de la sécurité, Albert Damantang Camara, est l’un des 212 malades du COVID-19 hospitalisés en République de Guinée. C’est l’un des trois ministres officiellement déclarés positifs à cette pandémie.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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