Couvre-feu, braquages, taxi-motards… le commandant du PA de Kourémalé dit tout à Guineematin

Colonel Daouda Brian Condé, commandant du PA de Kourémalé
Colonel Daouda Brian Condé, commandant du PA de Kourémalé

Pour stopper la propagation inquiétante de coronavirus en Guinée, les autorités ont adopté une batterie de mesures qui s’étendent sur l’ensemble du territoire national. Dans le district de Kourémalé, relevant de Siguiri, une localité frontalière entre la Guinée et le Mali, les autorités sécuritaires mettent les bouchées doubles pour faire respecter ces mesures. Il s’agit notamment du couvre-feu nocturne, de la fermeture de la frontière et de l’arrêt de la circulation des taxi-motos.

Pour en savoir davantage sur toutes ces questions, l’envoyé spécial de Guineematin.com à Kourémalé s’est entretenu avec le Commandant du PA (Point d’Appui) local, le Colonel Daouda Brian Condé.

Décryptage !

Guineematin.com : pourquoi le préfet de Siguiri a-t-il effectué une visite sur Kourémalé le jeudi, 9 avril 2020 ?

Colonel Daouda Brian Condé : vous savez, le préfet de Siguiri est la première autorité de la Préfecture. Donc, nous sommes sous son commandement. Chaque fois, il nous rend visite et il nous encourage. C’est dans ce cadre qu’il était là.

Guineematin.com : au-delà de cette visite, est ce que vous aviez parlé d’autres choses, notamment de la sécurité sanitaire à cette période de pandémie de Covid-19 ?

Colonel Daouda Brian Condé : oui bien sûr. Vous savez qu’à Kourémalé ici, depuis le décret du président de la République, la frontière est complètement fermée. Mais, ce qui nous fatigue ici, ce sont les taxis-motards. Ils prennent les gens du côté malien et les font traverser clandestinement en passant par les routes contournantes. Mais, nous avons pris des dispositions parce que réellement, la zone est vaste.

Guineematin.com : maintenant, qu’est ce que vous êtes entrain de mettre en place pour l’arrêt systématique des taxis-motos à Kourémalé ?

Colonel Daouda Brian Condé : le préfet nous a ordonnés de réquisitionner n’importe quelle moto que nous prendrons en flagrant délit, c’est pour arrêter systématiquement les taxis-motos à Kourémalé, le trafic des taxis-motos. La fois passée, nos militaires qui sont stationnés à 4 kilomètre d’ici ont intercepté un malade. Ils l’ont envoyé ici. Nos médecins l’ont transporté à l’hôpital de Siguiri. Ce sont les taxis-motards qui l’ont fait rentrer en Guinée. Mais Dieu merci, il n’était pas atteint de coronavirus.

Guineematin.com : généralement, quand les taxis-motards se font prendre par les agents des services de sécurité, ce sont les sages et certains citoyens, des leaders d’opinion, qui viennent plaider en leur faveur…

Colonel Daouda Brian Condé : nous avons évoqué le problème là avec le préfet, c’était en présence du président du district. Le Préfet a dit que tout sage qui viendra plaider en faveur des taxis-motards, de le prendre et de l’envoyer à Siguiri. Donc, pour le moment, personne ne viendra prier ici et qu’on accepte.

Guineematin.com : expliquez-nous comment se passent les opérations de patrouille à Kourémalé ?

Colonel Daouda Brian Condé : chaque jour, c’est à 21 heures qu’on démarre la patrouille. Toutes les forces de sécurité et de défense se retrouvent à la gendarmerie pour donner le ton. Par la grâce de Dieu, tout se passe bien pour l’instant. Quand nous partons sur le terrain, il ne s’agit pas de frapper ni d’arrêter les gens ; mais, on leur demande de rentrer à la maison. Pour le moment, nous n’avons pas de difficultés à Kourémalé. Nous avons les engins roulants, le carburant et le personnel aussi.

Guineematin.com : dans la nuit du mercredi, plusieurs boutiques et des maisons ont été braquées à Kourémalé, des coups de feu ont retenti et près de 50 millions de nos francs ont été emportés. Comment se fait-il que cela soit possible alors que les agents de la patrouille sillonnent la localité ?

Colonel Daouda Brian Condé : en ce qui concerne cela, je l’ai dit, c’est ma première nouvelle. Au début, nous travaillions avec certains braves jeunes de Kourémalé, mais hier (jeudi) je les ai appelé pour leur dire de nous excuser, je sais pourquoi je l’ai dit. Leur chef m’a dit qu’ils vont se reposer. Je ne dis pas que c’est eux ; mais pour l’instant, je préfère que ce soit les militaires qui fassent le boulot.

Guineematin.com : à la frontière guinéo-malienne, plusieurs personnes sont bloquées des deux côtés. Qu’est-ce que vous envisagez pour ces personnes ?

Colonel Daouda Brian Condé : ces personnes ont fait exprès parce que quand le décret du Président a été diffusé, moi je n’ai plus besoin de circuler entre les deux pays, je reste dans ma famille. Mais, s’ils entendent le décret du Président, ils prennent leurs voitures encore pour venir, c’est une provocation. Nous n’allons laisser personne passer. D’autres sont là depuis une semaine maintenant, elles vont souffrir avec nous ici.

Guineematin.com : nous sommes à la fin de cet entretien, quel est le mot de la fin ?

Colonel Daouda Brian Condé : mon dernier mot, c’est pour dire aux sages et surtout à la jeunesse de Kourémalé d’être avec nous. Les bandits vivent avec nous ici. S’ils soupçonnent quelqu’un, ils n’ont qu’à nous appeler. Nous avons des hommes prêts à intervenir.

Propos recueillis par Abdoulaye N’koya SYLLA, envoyé spécial de Guineematin.com

Facebook Comments Box