COVID-19 : le déni des citoyens

Une nouvelle fois, le président Alpha Condé a pris la parole pour montrer à l’opinion publique qu’il ne laisse pas la lutte contre la pandémie à son seul Premier ministre. Dans son intervention de ce lundi, le chef de l’Etat a proposé un certain nombre de mesures pour la lutte contre l’épidémie. Parmi ces mesures, il y a le port obligatoire de masque à partir du samedi prochain, 24 avril 2020.

L’implication personnelle du chef de l’Etat dans la lutte contre ce mal est à la dimension du danger qui nous guette. D’autant plus que le comportement de l’écrasante majorité de ses concitoyens est aux antipodes de la préoccupation mondiale. Dans cette lutte, il y a deux camps : d’un côté l’administration, à la fois publique et privée, ne ménage aucun effort pour limiter les dégâts. De l’autre, les citoyens lambda sont dans le déni le plus total. Sapant du coup tous les efforts fournis par les autorités.

Par exemple, la distance d’un mètre entre deux personnes est foulée aux pieds. Pire, il n’est pas rare de voir deux hommes se promenant la main dans la main. Beaucoup estiment que COVID-19 est une maladie des Blancs. D’autres disent que c’est plutôt une maladie des riches. Ce comportement est en train de rendre les efforts de sensibilisation comme un coup d’épée dans l’eau.

Or, il faut l’effort et l’implication de tous pour gagner le combat contre ce mal. Le président Alpha Condé a une nouvelle fois parlé de guerre. Pour gagner cette guerre, il faut des mesures à la dimension des enjeux et du danger. C’est une question de vie ou de mort. Si l’effort des uns et foulé aux pieds par les autres, la catastrophe est inévitable.

Le port obligatoire de masque sera un test. Son application ou non sera déterminante pour la suite. C’est un double défi pour les autorités. Le premier est d’obtenir suffisamment de masques pour tous. Le second c’est de persuader voire obliger le citoyen à le porter dehors. A ce sujet, l’attitude des agents de la sécurité sera suivie à la loupe.

En effet, si l’opération port de masque obligatoire ressemble à celle de port de casque tout aussi obligatoire pour les motocyclistes, il faut dire d’avance que l’opération est vouée à l’échec. Et pour cause, les agents de sécurités sont les premiers à violer le port de casque obligatoire pour les conducteurs de moto. Pour le port de masque, vous ne pouvez pas sommer un citoyen de porter un masque pendant que vous même n’en portez pas.

Il ne faudrait pas qu’on se retrouve dans la situation du médecin fumeur qui interdit à son patient de fumer. Devant le médecin, le patient fera semblant de respecter son interdiction. Mais une fois seul il va imiter son médecin. L’autre défi lié à la mesure annoncée par le chef de l’Etat est l’amande de 30 000 francs à payer par les contrevenants.

Où et comment le citoyen va-t-il payer cette amende ? Cette mesure ne risque-t-elle pas d’être plus un problème qu’une solution ? Déjà les agents sont accusés d’organiser de rackets à tout bout de champ. Alors que, jusqu’ici ils n’avaient aucune base légale pour réclamer de l’argent à un citoyen. A plus forte raison maintenant qu’ils ont une décision présidentielle. Bref, cette mesure pourrait causer beaucoup de grincement de dents dans les jours qui viennent.

Dans un premier temps, les autorités devront veiller à ce que les hommes en uniforme eux-mêmes soient les premiers à porter le fameux masque. Autrement, il leur sera difficile de dire aux citoyens faites ce que nous disons et non ce que nous faisons.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 664 27 27 47

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