Kindia : des travailleurs licenciés empêchent le travail à l’usine de Diamond Cement

Abdoulaye Camara, porte parole de collectif des travailleurs de Diamond Cement SA
Abdoulaye Camara, porte parole du collectif des travailleurs de Diamond Cement SA

Comme annoncé précédemment, plusieurs employés de la société Diamond Cement basée dans la sous-préfecture de Souguéta, à Kindia, ont manifesté pour la deuxième fois hier, mardi 14 avril 2020. Pancartes en mains, ils ont envahi la devanture de l’usine pour empêcher le travail sur les lieux. Ces travailleurs protestent ainsi contre les « licenciements abusifs » dont ils disent être victimes sans aucune mesure d’accompagnement, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters qui s’est rendu dans la localité d’Amaraya où se trouve l’usine de la société.

Cheick Ahamed Diop, travailleur à Diamond Cement SA

« Nous sommes réunis ici pour protester contre notre licenciement arbitraire et injuste. Ils nous ont licenciés pour la première fois à cause, selon eux, du coronavirus. Mais, si c’est à cause du coronavirus, pourquoi les autres viennent travailler ? C’est une discrimination. Nous manifestons contre le non-respect du code travail. On ne peut pas faire travailler quelqu’un pendant un an, 2 ans jusqu’à 6 ans et le licencier un jour comme ça sans aucune mesure d’accompagnement. Nous demandons un soutien de l’Etat. Le combat que nous menons aujourd’hui est pour toute la jeunesse guinéenne », a déclaré Cheick Ahmed Diop, l’un des travailleurs licenciés.

Mais, la société dément catégoriquement la version des protestataires. Selon Mohamed Kaba, assistant administratif à Diamond Cement, le licenciement de ces employés est dû à la crise sanitaire lié au coronavirus. Et il soutient que la société a effectivement prévu des mesures d’accompagnement pour les travailleurs concernés.

Mohamed Kaba, assistant administratif à Diamond Cement

« C’est une incompréhension ou un manque d’information. Ce qui a motivé leur licenciement, vous ne pouvez pas rester sans savoir que le pays est frappé aujourd’hui par une maladie qu’on appelle coronavirus. Pour éviter les attroupements au sein de la cour, on a décidé de réduire l’effectif pour un moment donné. Il y a deux jours de cela qu’ils ont fait une première manifestation. Ils ont barricadé les routes en disant qu’on les a licenciés arbitrairement sans qu’il n’y ait de compensation, sans qu’il n’y ait rien. Mais, la vérité est que tout était en place pour prendre des dispositions afin de pouvoir les indemniser et payer les compensations.

Avant de faire une grève, il faut d’abord informer les gens. Et s’il n’y a pas suite à vos différentes revendications faites-vous entendre avant d’aller en grève. Mais tel n’a pas été le cas. On se lève un beau matin, on vient, on bloque les rues, on barricade les portes. Il y a deux jours qu’ils sont venus à table, on a discuté, ils ont fait des revendications. Nous sommes en train de résoudre ce problème. Mais, ils n’ont même pas cherché à savoir ce qui se passe. Ce matin encore, ils sont venus bloquer la route, faire des barricades. On veut leur faire comprendre ce que nous sommes en train de faire pour eux, mais ils refusent de nous écouter », a-t-il laisé entendre.

Pour ce responsable de Diamond Cement, il ne s’agit nullement de discrimination de certains travailleurs au profit d’autres. Il indique que la société ne voulait d’ailleurs licencier personne dans un premier temps, mais plutôt mettre les 143 employés concernés en congé technique. Une proposition que les travailleurs eux-mêmes auraient refusé. « Au début, on a dit qu’on les met en congé technique pour un moment défini après on va les rappeler. Mais, ils ont dit que si le congé technique n’est sont pas payable, ils préfèrent qu’on leur paye leurs indemnités et puis on se sépare. Nous avons vu que c’est une situation que les sous-traitants et les contractuels devraient régler.

Mais, on a pris le devant pour que cette affaire puisse se régler. Donc, ceux qui disent qu’ils ont été remplacés par des Togolais, c’est faux. Aucun guinéen n’a été remplacé par un togolais. Lors des négociations qu’est-ce qui a été dit ? Ce sont des maçons, des ouvriers. Ils n’ont pas la technique adéquate, la formation nécessaire pour faire fonctionner l’usine. Donc, nous donnons d’abord la priorité à ceux qui ont aidé à la construction de cette usine. Par après, on va s’adresser aux villages environnants et ainsi de suite. Mais s’ils n’ont pas voulu écouter, comment on va faire ? », S’interroge Mohamed Kaba.

Les travailleurs promettent de poursuivre leur mouvement de protestation jusqu’à ce qu’ils soient entendus. De son côté, l’assistant administratif de Diamond Cement assure que la société est disposée à négocier avec les protestataires pour trouver une solution consensuelle au différend qui les oppose.

De Kindia, Amadou Baïlo Batouala Diallo pour Guineematin.com

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