Lélouma : les forces de l’ordre accusées d’exactions au marché de Sagalé

Les agents des forces de l’ordre sont accusés de profiter du couvre-feu et de l’interdiction des regroupements pour commettre des exactions sur les citoyens. C’est ce qui s’est passé dans la commune rurale de Sagalé, relevant de la préfecture de Lélouma, hier jeudi 16 avril 2020. Profitant d’un regroupement au marché hebdomadaire, interdit par les autorités, des agents de la police et de la gendarmerie de Lélouma y ont fait une descente musclée, aspergeant du gaz lacrymogène et arrêtant plusieurs personnes, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Les populations de Sagalé ont connu une journée mouvementée à l’occasion du marché hebdomadaire local. Un communiqué passé la veille avait interdit tout regroupement au marché. C’est aux environs de midi que quatre pickups des forces de l’ordre y ont fait une descente musclée. Selon des témoignages concordants, les agents se sont livrés à des exactions et à du vol d’objets divers.

Amadou Telly Baldé

Joint au téléphone ce vendredi, 17 avril 2020, Amadou Telly Baldé, président de l’antenne locale de l’OGDH (Organisation Guinéenne de Défense de Droits de l’Homme) a expliqué ce qui s’est passé. « Hier jeudi, c’était le jour du marché hebdomadaire de Sagalé. Mais, depuis que l’épidémie du Covid 19 a commencé, le marché tourne au ralenti. Avant-hier mercredi, le maire avait fait passer un communiqué informant que le marché sera fermé pour hier. Maintenant, aux environs de 12 heures, il y a eu 4 pick-up de la gendarmerie et de la police qui sont venus de Lélouma centre qui ont débarqué brusquement en plein marché. Ils ont semé la panique et le désordre tout en occasionnant des pillages. Il y a eu des bousculades et des exactions de la part des forces de l’ordre. En plus de dégâts, ils ont procédé à des arrestations, dont un enfant de moins de 15 ans. Une vieille femme a eu la jambe fracturée suite à un accident de moto. Elle a été référée à l’hôpital régional de Labé. Même le bureau du sous-préfet n’a pas été épargné par le gaz lacrymogène utilisé en plein marché. Beaucoup de citoyens ont perdu de l’argent, des téléphones, parce que les agents sont rentrés dans les bars-café, les boutiques pour prendre tout ce qu’ils pouvaient ».

Selon Amadou Telly Baldé, le maire de la commune rurale de Sagalé s’est rendu à Lélouma pour intercéder en vue de la libération des personnes arrêtées. « Heureusement, les populations n’ont pas pu vandaliser les édifices. C’est à la suite de cela que le maire, Amadou Mouctar Diallo, est allé à Lélouma pour faire libérer certaines personnes arrêtées. D’après lui, il a fait le tri pour revenir avec les habitants de Sagalé.», a-t-il fait savoir.

Pour le responsable local de l’OGDH, tout sera mis en œuvre pour que les citoyens récupèrent les biens emportés par les agents. « Depuis la soirée d’hier, le calme est revenu. Ceux qui ont perdu leur argent et leurs biens sont venus se plaindre. Le maire n’avait pas pu rentrer en possession de tout ce qui avait été perdu parce que ce ne sont pas seulement les forces de l’ordre qui ont profité. Il n’a pu récupérer que certains téléphones des mains des agents. Maintenant, en concertation avec le secrétaire général de la commune, nous avons demandé à tous ceux qui ont perdu quelque chose de venir déclarer et on verra ce qu’il y a lieu de faire par la suite. Tout sera documenté par l’OGDH malgré qu’on soit ciblé aussi ; mais, nous ne nous laisserons pas faire», a-t-il martelé.

Amadou Mouctar Diallo, maire de la commune rurale de Sagalé

Joint au téléphone, le maire de la commune rurale de Sagalé, Amadou Mouctar Diallo, a relativisé avant d’accuser des commerçants venus de Labé d’être à l’origine du problème. « Il n’y a pas eu beaucoup de problèmes à Sagalé. C’est les gens de Labé qui ne veulent pas comprendre. Ils tentent à chaque fois de venir au marché de Sagalé. C’est ainsi que les services de sécurité ont dit qu’ils viendront les arrêter. Et hier, ils ont appris que ceux de Labé sont venus et ils se sont déployés. Donc, c’est ce qui s’est passé. »

Interrogé sur l’intervention musclée des forces de l’ordre, Amadou Mouctar Diallo dit que les agents ont plutôt agi pour se défendre. « C’est vrai qu’il y a eu du gaz lacrymogène, mais c’est parce que les gens se sont révoltés et ont barricadé la route tout en jetant des pierres sur les forces de l’ordre. Les agents étaient obligés de lancer les bombes lacrymogènes pour s’échapper. C’était uniquement pour ça et non pour disperser le marché. Ce sont les gens qui se sont attaqués aux forces de l’ordre parce que les populations sont mal intentionnées et elles ne veulent pas voir les services de sécurité alors qu’on ne peut pas vivre sans eux», justifie le maire.

Sur le cas des arrestations, Amadou Mouctar Baldé dit avoir agi pour faire libérer les citoyens de sa collectivité. « Parmi ceux qui ont été arrêtés, il y a certains qui sont de Balaya, d’autres de Sagalé, ainsi que des gens de Labé. Certains qui sont de Labé ont dit aux agents qu’ils étaient de Sagalé et on m’a appelé pour faire le tri. Après les explications, on m’a rendu ceux de Balaya et de Sagalé. Mais, ceux de Labé, je les ai laissés avec les agents. Ils étaient plus d’une vingtaine », a indiqué le maire.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

Facebook Comments Box