Isolement de Conakry : « un moyen pour les forces de l’ordre de se faire de l’argent »

La décision du président de la République d’interdire les déplacements de Conakry vers l’intérieur du pays est loin d’être respectée. Plutôt que d’empêcher la propagation de la pandémie du coronavirus dans le pays, cette mesure ne sert qu’à remplir les poches des agents déployés au niveau des barrages situés à Coyah et à Dubréka. Ces derniers en profitent pour racketter les usagers de la route, a appris Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Selon Ibrahima Sow, un citoyen qui a contacté notre rédaction ce vendredi, 17 avril 2020, les habitants de Kouria et Bangouya, deux sous-préfectures de Coyah et qui travaillent dans la commune urbaine ou à Conakry, vivent un véritable calvaire depuis l’instauration de cette mesure. En effet, plusieurs barrages ont été érigés sur leur route et au niveau desquels ils sont obligés chaque fois de payer de l’argent pour pouvoir passer.

Ibrahima Sow, victime de raquette entre Coyah et Kouria

« Actuellement, il y a 5 barrages entre Kouria et la ville de Coyah. Les conducteurs des mototaxis par exemple, payent 10 000 francs guinéens par barrage. Parmi ces barrages, il y a un qui est situé entre la sous-préfecture de Kouria et le grand barrage situé au niveau de la forêt. Là, les agents récupèrent les motos pour les garder jusqu’à 18 heures avant de les rendre aux propriétaires. Parfois, à cet endroit, on frappe même certains usagers de la route.

Le problème est qu’aujourd’hui, plusieurs citoyens qui travaillent à Coyah et Conakry habitent à Bangouya, situé après le barrage de Kouria. Au lieu d’aller mettre un seul barrage à Tabili, à la limite entre Coyah et Kindia, les agents multiplient les zones de rackets. Même en face du commissariat de police de Kouria, un autre barrage a été érigé jeudi dernier parce que c’est devenu une source de revenu pour eux », soutient-il.

Notre interlocuteur ajoute que malgré ces nombreux barrages, les gens continuent de quitter la capitale pour les villes de l’intérieur. C’est pourquoi il estime que l’isolement partiel de Conakry ne sert qu’à enrichir les agents de sécurité et à faire souffrir les citoyens. « Chaque motard paye 10 000 francs pour passer. Au niveau des véhicules, je ne sais pas combien les gens payent, mais certains disent que c’est entre 30 et 50 000 francs. Je ne sais pas combien exactement les chauffeurs payent. Mais, les passagers prennent des raccourcis, ils marchent pour traverser le barrage et aller attendre à la station de Bangouya. Quand les véhicules traversent, ils vont monter pour continuer leur voyage. Ces barrages sont inutiles, c’est juste un moyen pour les forces de l’ordre de se faire de l’argent et surtout de faire souffrir davantage les populations qui habituent dans la zone », déplore Ibrahima Sow.

En plus de la route nationale Conakry-Kindia, des plaintes se font entendre également sur celle Conakry-Boké. Là également, des citoyens accusent les agents postés au niveau du barrage de Khorira de rackets. « A Khorira, dans la préfecture de Dubréka, il y a des problèmes. Pour traverser, j’ai essayé de contourner le barrage pour passer par la colline. Là également, des gendarmes étaient postés et ils m’ont demandé de négocier. Comme j’étais avec mon véhicule, j’ai payé 80 000 francs guinéens avant de traverser la déviation », raconte Abdoul Karim Diallo.

Pour lui, le paradoxe dans ces barrages est qu’on bloque seulement les véhicules pendant qu’on laisse passer les piétons. « C’est n’est pas normal parce que ce ne sont pas les véhicules qui transportent ou attrapent le virus, ce sont les individus. Au niveau de ce barrage, il n’y a aucune mesure de sécurité, il n’y a même pas de thermo-flash pour vérifier les températures des uns et des autres », regrette ce citoyen.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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