Recherche et suivi des contacts du Covid-19 : l’autre casse-tête chinois pour l’ANSS

Dr Moustapha Koné, chef du département surveillance de l’ANSS

Alors que le nombre de cas positif au Coronavirus croit en Guinée avec 518 personnes testées positives et 3 cas de décès enregistrés, certaines personnes porteuses du virus refusent de venir se faire soigner à l’hôpital Donka. Elles favorisent ainsi la propagation de la maladie avec chaque jour une hausse inquiétante du nombre de cas positifs. L’information a été donnée ce samedi, 18 avril 2020, à l’occasion d’un point de presse animé par l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSS) qui ne cache pas les difficultés éprouvées à cet effet, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

L’ANSS est actuellement à pied d’œuvre pour le suivi et la recherche active des contacts surtout que les cas positifs connaissent une progression fulgurante chaque jour.

Dr Moustapha Koné, chef du département surveillance de l’ANSS

Au cours du point de presse de ce samedi, Dr Moustapha Koné, chef du département surveillance de l’ANSS, est revenu sur les dispositions prises pour rechercher les contacts des personnes atteintes de la maladie. « Par rapport aux suivi des contacts, nous avons enregistré de façon dynamique 166 nouveaux contacts pour un cumul de 3000 contacts au jour d’aujourd’hui et qui sont de personnes testées. Cette situation nous amène à comprendre que les 39 nouveaux cas sont enregistrés. L’autre élément qu’il faudrait bien ajouter, c’est que par rapport aux 477 cas de Covid confirmés, il faut retenir que chacun de ces cas a produit un certain nombre de contacts. Mais j’avoue que le système mis en place nous a permis pendant l’investigation qui se déroule sur le terrain, d’identifier les contacts liés à chaque cas. »

Selon Dr Moustapha Koné, cette explosion du nombre de cas multiplie chaque jour le nom de contacts. « Vous comprendrez pourquoi le nombre de contact augmente un peu. Dès que le nombre de cas confirmé augmente, le nombre de contacts augmente de façon mécanique. Ces contacts sont suivis dans chacune de nos communes dans la capitale et ce suivi se fait pendant 14 jours. Ce qui est suivi, c’est le relevé systématique de la température, parce que chaque contact est doté d’un thermomètre électronique, mais aussi les agents de suivi échangent avec les contacts pour s’assurer si pendant cette période de suivi il n’y a pas un changement dans la symptomatologie. C’est-à-dire est-ce qu’ils n’ont pas fait de fièvre, est-ce qu’ils n’ont pas de céphalées, est-ce qu’ils n’ont pas eu d’autres symptômes, d’autres signes qui avoisinent la symptomatologie du Covid-19. »

Par ailleurs, le chef du département surveillance à l’ANSS invite les citoyens à respecter les mesures barrières édictées par les autorités. Selon lui, une personne peut être testée négative au virus aujourd’hui et le contracter demain. « Ne pensons pas que le test va nous couvrir pour toute la période, non. Tous ceux qui ont des tests négatifs, qu’ils ne pensent pas qu’ils sont couverts. Celui qui a un test négatif, je le prie de tout faire pour continuer à rester négatif, en faisant quoi ? En portant les masques, et en se lavant régulièrement les mains. Quand on se protège, on est sûr que nous ne pouvons pas mettre en danger notre voisin, notre collègue de service ou notre famille. Et en retour, si nous sommes protégés, c’est certain que personne ne pourra nous mettre en danger », a-t-il indiqué.

Dr Corvil Salomon, conseiller résidant du programme de formation en épidémiologie de terrain

De son côté, Dr Corvil Salomon, conseiller résidant du programme de formation en épidémiologie de terrain (AFENET) a alerté sur le danger qui guette les personnes positives qui peuvent contaminer leur entourage en coupant tout contact avec l’ANSS. « Les contacts au tour des personnes confirmées sont extrêmement importants pour nous parce que ce sont ces contacts actuels qui deviennent des cas confirmés. Si on ne les suit pas, on risque de contribuer à la propagation de la maladie. Le problème que nous avons aujourd’hui, c’est que souvent, des personnes sont testées, lorsque les résultats sortent et qu’il y a un cas confirmé parmi elles, on appelle la personne, il se trouve que le numéro de téléphone enregistré au nom de la personne ne lui appartient pas. Lorsqu’on appelle, le propriétaire du numéro dit non, ce n’est pas elle qui a été prélevée. Vous ne pouvez pas rendre les résultats à cette personne et la personne malade ne sait pas qu’elle est confirmée. Il y a un risque parce qu’on ne pourra pas isoler cette personne. Et le fait qu’on ne peut pas isoler cette personne et on ne peut pas contacter cette personne et on ne peut pas faire des investigations au tour de cette personne pour identifier tous ses contacts et les mettre en quarantaine, constitue un problème majeur. Ce sont ces mêmes personnes qui vont propager la maladie et la transmettre à d’autres personnes. L’autre problème qu’on a, il y a des personnes, lorsqu’elles viennent faire le test, elles sont enthousiastes. Mais, lorsqu’on les appelle pour leur dire qu’elles sont testées positives au Covid-19, elles coupent l’appel et parfois éteignent même leur téléphone. Donc, elles refusent de coopérer. A notre niveau, on ne peut rien car on ne sait pas où retrouver la personne ».

 Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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