Kindia (Sougueta) : pas de masques pour les travailleurs de Diamond Cement à Amaraya

Dans le cadre de la lutte contre la propagation du nouveau coronavirus en Guinée, le port obligatoire de masque a été instauré dans le pays. La mesure est entrée en vigueur le samedi dernier, 18 avril 2020, sur l’ensemble du territoire national ; et, les contrevenants sont frappés d’une amende de 30 mille francs guinéens. A Conakry et dans les grandes villes de l’intérieur du pays, cette décision du pouvoir central est majoritairement respectée. Mais, dans les zones rurales, la situation est toute autre.

C’est notamment le cas à Amaraya, dans la commune rurale de Sougueta, préfecture de Kindia. Dans ce secteur où se trouve l’usine « Diamond Cement SA (une entreprise de production de ciment) », cette mesure est foulée au sol sans aucune impunité. Les travailleurs de cette unité industrielle, tout comme les habitants de cette localité, se passent du port de masque de protection contre le COVID-19, a constaté un des correspondants de Guineematin.com à Kindia.

Dans ce secteur qui relève du district de Woléyah, les kits de lavage des mains sont quasiment inexistants. Et, les masques ne sont point à leur âge d’or, même si les habitants de cette localité estiment que leur prix vaut de l’or. Dans la circulation, malgré l’existence de l’épidémie du COVID-19 en Guinée dont 4 malades dans la région de Kindia, on ne constate aucun changement de comportement dans cette localité. Certains tournent même en dérision les mesures barrières de sécurité sanitaire (distanciation sociale, lavage des mains, port de masque) édictées pour la prévention et la lutter contre la propagation du coronavirus.

A la « Cité Tassen » où sont logés certains travailleurs de « Diamond Cement SA », les kits de lavage de mains sont invisibles pour ne pas dire inexistants. Et, les occupants de ce lieu, où parfois huit personnes occupent une seule chambre, se sentent abandonnés aux risques de contracter le maudit virus du COVID-19 qui sème actuellement des milliers de morts à travers le monde.

Sékou Konaté, travailleur à l’usine Diamond Cement SA

« On n’a pas de kits de lavage des mains ici. Des fois, il faut trouver des chiffons pour mettre dans les narines. Parce que nous n’avons pas de masques. Ensuite, les toilettes ne sont pas bien entretenues. Nous sommes majoritairement logés ici à 5 ou 6 personnes par chambre. Normalement, il doit y avoir une personne par chambre, surtout en cette période de pandémie. Mais, 7 à 8 personnes par chambre, c’est une mauvaise condition de travail. En plus, nous partons au travail à pied. Et, vous avez vu la distance d’ici (la cité) à l’usine. Le camion qui envoyait les travailleurs est immobilisé. Les responsables disent qu’il faut éviter le regroupement, à cause de la maladie coronavirus », a expliqué Sékou Konaté, travailleur à l’usine Diamond Cement SA.

Cheick Ahmed Diop

Selon les informations confiées à Guineematin.com, les masques et les kits de lavage des mains ne se vendent nulle part à Amaraya. Et, les autorités de « Diamond Cement SA » n’ont mis que deux kits de lavage des mains à la disposition de ces employés qui occupent la « Cité Tassen ». Cheick Ahmed Diop, un ouvrier licencié de l’usine Diamond Cement SA, s’indigne face à cette situation qui met en danger plusieurs dizaines de vies humaines.

« Comme vous le constatez, le non-respect du port obligatoire des masques est évident ici. On a été informé de l’arrivée de kits de prévention ; mais, la population n’a encore rien reçu. Et, lorsque vous vous déplacez par exemple, vous allez rencontrer les agents de sécurité qui vont vous bloquer parce que vous ne portez pas de masque. Les autorités administratives locales ont fait leur mieux pour prévenir cette pandémie. Mais, les responsables de l’usine n’ont mis que deux kits. Ils n’ont pas distribué autres choses de plus », a indiqué Cheick Ahmed Diop.

Interrogé sur cette situation, Mohamed Kaba, assistant de l’administration de l’usine Diamond Cement SA a réfuté les accusations selon lesquelles l’administration au nom de laquelle il parle n’a pas doté ses travailleurs de masque de protection.

Mohamed Kaba, assistant de l’administration de l’usine Diamond Cement SA

« Il y a des mesures qui sont là. Il a été demandé à chacun de respecter certaines consignes, comme éviter les attroupements. Il se dit qu’il n’y a pas de kits dans la cité. Mais, au moins, on peut être responsable et respecter les consignes de barrière de la maladie. On peut se laver régulièrement les mains. Bizarrement, c’est un truc qui est impossible compte tenu de la vie de la société. Les travailleurs, licenciés ou pas, tous ceux qui ont demandé de masque, chacun à un masque. Mais, comment on peut distribuer des masques pendant que les équipements sont à l’intérieur, certains au dehors ? La société Diamond Cement SA a eu à faire un don de matériels à la préfecture de Kindia » a expliqué Mohamed Kaba.

En plus des travailleurs de Diamond Cement SA, les populations de Amaraya aussi n’arrivent pas à se procurer de masque. Et, visiblement, c’est le manque de masque sur le marché qui conduit inexorablement à la violation de la mesure portant « port obligatoire de masque » dans cette localité. La violation de cette mesure de prévention contre le COVID-19 est si flagrante et étendue que les autorités locales et la population sont tous des contrevenants. Mais, tous ont une excuse.

Amadou Barry, chauffeur

« Nous ignorons le port des masques ici. Mais, c’est parce qu’on n’a pas eu de masque. Même, si les citoyens ont besoin d’utiliser de masque, il n’existe pas un marché d’approvisionnement. Aucune autorité, aucune ONG, aucun particulier ne nous a fait un don à cet effet. Nous demandons aux autorités et aux bonnes volontés de nous aider. Cela va permettre aux uns et aux autres de se rendre librement en ville », a plaidé Amadou Barry, un chauffeur domicilié à Amaraya.

De retour de Sougueta, Amadou Bailo Batouala Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628 51 67 96

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