La Guinée perd des points au classement de RSF : « notre pays mérite bien cette place » (AGEPI)

Alpha Abdoulaye Diallo, président de l’Association Guinéenne des Editeurs de la Presse Indépendante (AGEPI)
Alpha Abdoulaye Diallo, président de l’Association Guinéenne des Editeurs de la Presse Indépendante (AGEPI)

Comme annoncé précédemment, Reporters Sans Frontières (RSF) a publié mardi dernier, l’édition 2020 de son classement mondial de la liberté de la presse. Un classement qui évalue chaque année la situation du journalisme dans 180 pays et territoires du monde. La Guinée, qui était 107ème dans l’édition précédente, a perdu trois places pour se retrouver à la 110ème position cette année. Un classement pas étonnant pour le président l’Association guinéenne des éditeurs de la presse indépendante (AGEPI). Interrogé par un journaliste de Guineematin.com, Alpha Abdoulaye Diallo a déclaré que la Guinée mérite bien ce rang.

« Notre pays a été classé au point où il doit être. Puisque malgré l’existence de la liberté de la presse dans notre pays, malgré le fait qu’il n’y a pas encore de journalistes en prison, les actes que les pouvoirs publics posent font que cette liberté de la presse reste toujours à arracher. Si vous avez bonne souvenance, l’année dernière a été une année catastrophique pour la liberté de la presse avec les interpellations, les mises sous contrôle judiciaire de journalistes. Vous vous rappelez de l’affaire Lansana Camara et quelques temps après, l’affaire Lynx FM après leur interview avec dame Doussou Condé.

Et, vous avez vu aussi que le régime a commis l’erreur de mettre en prison celui que nous appelons le symbole de la lutte pour la liberté de la presse et par ricochet pour l’avènement de la démocratie dans notre pays, je veux nommer Souleymane Diallo. Donc, tout cela contribue à jeter du discrédit sur le travail qui se fait à la fois par les médias mais aussi par les institutions régulatrices de la communication et de l’information. Donc, notre pays mérite bien cette place », a estimé notre confrère.

Pour ce journaliste et responsable de l’hebdomadaire Le Populaire, les autorités guinéennes doivent tirer les leçons de cette situation et faire en sorte que la Guinée améliore son classement dans l’édition prochaine. « Il faut les pouvoirs publics guinéens puissent accepter de respecter l’indépendance du pouvoir de la presse qui est considéré comme le quatrième pouvoir dans les démocraties. Il faudrait que les gouvernants ou les représentants de l’Etat puissent faire leur travail et laisser la presse aussi faire son travail parce que nous sommes considérés comme les chiens de garde de la démocratie.

Et donc, tout ce qui se passe, la presse a un droit de regard qui veut dire un droit d’analyse critique, un droit aussi d’observation critique. Pour la consolidation de la démocratie, les pouvoirs publics guinéens devraient ne jamais s’ingérer dans ce qui concerne le domaine de la presse. Mais, lorsque les hommes forts du moment où les détenteurs du pouvoir du moment tentent de museler la presse, notre pays va toujours se retrouver au banc des accusés », a-t-il fait remarquer.

En plus des pouvoirs publics, le président de l’AGEPI soutient que ce classement interpelle aussi les journalistes guinéens. « Nous aussi, nous ne sommes pas en marge. Nous devons savoir que ce classement-là, est aussi pour les journalistes et les responsables médias. Nous devons contribuer à ce que notre position ne soit pas toujours la même. Mais, on peut se consoler du fait qu’en Afrique et dans le reste du monde, nous ne sommes ni les compléments d’effectif, ni les derniers de la classe », a dit Alpha Abdoulaye Diallo.

Siba Guilavogui pour Guineematin.com

Tel: 620 21 39 77/ 662 73 05 31

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