Covid-19 en Guinée : le calvaire des journalistes-reporters

Mohamed Doré, journaliste-reporter au site d’informations Guineematin.com
Mohamed Doré, journaliste-reporter au site d’informations Guineematin.com

Comme la plupart des secteurs d’activités, le monde médiatique guinéen est durement éprouvé par la pandémie du coronavirus qui sévit dans le pays. Et parmi les nombreuses conséquences qui touchent cette corporation, une bonne partie affecte directement les journalistes-reporters. Eux, qui sont souvent obligés de sortir pour aller recueillir des informations. Très exposés à la maladie, beaucoup de reporters font objet de stigmatisation et de pression jusque dans leurs familles, a appris Guineematin.com, qui a donné la parole à certains d’entre eux.

Avec 10 journalistes déclarés positifs au Covid-19, la presse est l’un des secteurs les plus touchés par la maladie en Guinée. Une situation qui a entraîné la suspension de certains programmes dans les médias audiovisuels et la mise en congé de certains journalistes et techniciens. Mais, malgré cette crise sanitaire, les entreprises de presse sont obligées de travailler pour informer la population. Et pour cela, elles comptent sur les journalistes-reporters. Ces « chasseurs d’informations » bravent tous les risques pour faire leur travail. Et, cela ne se passe pas sans difficultés, explique Mamoudou Boulléré Diallo, journaliste-reporter au groupe Hadafo médias.

Mamoudou Boulléré Diallo, journaliste-reporter au groupe Hadafo médias

« La première difficulté, elle est relative à la santé du journaliste en personne. Vouloir informer les gens sur une maladie telle que le coronavirus, qui est une maladie très contagieuse, vous risquez vous-même de contracter le virus. Chaque jour, vous vous posez la question : est-ce que je n’ai pas le virus en moi ? C’est un problème que vous devez surmonter pour faire votre travail. La deuxième difficulté, c’est l’information en tant que telle. Parce qu’en situation de crise, les sources d’information sont difficilement accessibles voire impossible. Il y a des fake news qui circulent et vous, vous voulez donner des vraies informations, mais ce n’est pas du tout facile de les avoir », a-t-il expliqué.

Mais, ce n’est pas tout. Notre confère ajoute que les journalistes qui vont en reportage sont également stigmatisés. « L’autre difficulté est liée au transport. Ce n’est pas tout le temps que vous avez votre voiture ou votre moto pour aller au travail. Et, c’est difficile d’utiliser le transport en commun d’autant plus que vous êtes stigmatisé. Dès que les gens vous voient avec une caméra ou un trépied, ils se méfient de vous en disant que vous êtes en contact avec les personnalités. Parce que beaucoup pensent aujourd’hui que le coronavirus est une maladie des personnalités et que les journalistes sont en contact avec les autorités. Donc, ça devient extrêmement difficile pour les journalistes d’emprunter le transport en commun », a dit Boulléré Diallo.

Mohamed Cissé, journaliste-reporter au site d’informations Mediaguinee.com

Cette stigmatisation, renchérit Mohamed Cissé, journaliste-reporter au site d’informations Mediaguinee.com, ne se limite pas seulement au secteur de transport. Elle va parfois jusque dans les familles, précise notre confère. « Dans les quartiers, les gens disent qu’après les personnalités de ce pays, ce sont des journalistes qui sont les plus exposés à la maladie. Parce qu’il y a déjà eu plusieurs membres de notre corporation qui ont été testés positifs. Donc, à partir de là, on est pris comme des suspects et stigmatisés par les gens. Même dans ta propre famille, les gens te disent de ne pas sortir, alors que toi tu sais que tu es parfois obligé de sortir pour faire ton travail. Donc, on est vraiment victimes de stigmatisation dans nos quartiers. Mais comme c’est notre métier, on est obligés de faire avec ».

Sékou Sanoh, journaliste-reporter au site d’informations Guineenews.org

De son côté, Sékou Sanoh, journaliste-reporter au site d’informations Guineenews.org, regrette cette situation. Selon lui, plutôt que de les stigmatiser, les citoyens devraient être reconnaissants envers les hommes de médias. « Je demande aux gens d’accorder de la valeur à ce que nous faisons, nous risquons notre vie pour informer les citoyens. Quand quelqu’un risque sa vie pour te servir, il faut lui être reconnaissant. On ne peut pas payer le journaliste pour ce qu’il fait. Quand vous êtes tous les jours exposés à cette maladie de coronavirus et à tous les autres problèmes que l’on rencontre sur le terrain, vous vous donnez à fond pour satisfaire le public, en retour, les gens doivent vous être reconnaissants », a estimé ce journaliste.

Dans cette crise liée au Covid-19, la seule bonne nouvelle pour les médias est le fait que la plupart des journalistes testés positifs sont déjà guéris de la maladie.

Mohamed Guéasso DORE pour Guineematin.com

Tel : +224 622 07 93 59 § 666 87 73 97

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