Corona-business : «on doit se lever pour mettre Alpha et son clan de prédateurs hors d’état de nuire »

Dr Faya Millimono, président du BL
Dr Faya Millimono, président du BL

« C’est juste pour se défendre. On veut couvrir la forfaiture de la Primature pour blanchir le Premier ministre. Mais, ils sont tous des prédateurs. Si la Banque mondiale n’avait pas soulevé cette surestimation, qui est simplement un vol béant, le Premier ministre et son cabinet n’aurait dit absolument rien. Ils se seraient simplement taillé la part du lion dans ce montant et chacun aurait considéré que c’est nous les bénis dans ce pays. Pendant ce temps, la majorité des guinéens sont en train de tirer le diable par la queue. C’est là que l’existence du BL se justifiée ; et, c’est pour cela que nous ne faisons de compromis avec personne, sinon que conduire ce pays à une rupture pour la majorité des guinéens », a martelé Dr Faya Milimono.

Comme annoncé précédemment, le groupe de Banque Mondiale a rendu public ses commentaires sur « le plan de riposte économique » de la Guinée contre l’épidémie du nouveau coronavirus qui sévit actuellement dans le pays. Et, ces commentaires de l’institution de Breton Woods sont du moins accablants pour le gouvernement guinéen.

Car, il ressort de ces commentaires que les autorités guinéennes ont gonflé les chiffres, notamment en ce qui concerne la prise en charge des factures d’électricité des consommateurs de la catégorie sociale pendant trois mois (avril-juin) dans le pays. La Banque Mondiale dit avoir décelé une différence pharaonique de près de 40 millions de dollars dans le volet Energie de ce plan de riposte économique qui se chiffre à plus de 3000 milliards de francs guinéens.

« L’une des deux actions proposées dans le secteur de l’électricité est que le gouvernement se charge des factures d’électricité des consommateurs de la catégorie sociale pendant trois mois (avril-juin). Le coût de la facture estimé à 456 milliards GNF (46 millions de dollars) nous paraît surestimé dans le plan, tandis que nos simulations indiquent un total d’environ 6 milliards de GNF (moins d’un million de dollars) au tarif social actuellement bas de 90 GNF/KWh », lit-on dans un document qui a été transmis le 20 avril au Premier ministre par la Banque mondiale.

Mais, pour le leader du Bloc Libéral (BL), ceci n’est pas une nouveauté. Dans un entretien qu’il a accordé à un reporter de Guineematin.com ce lundi, 27 avril 2020, Dr Faya Milimono a laissé entendre que les gouvernements guinéens ont toujours été des prédateurs qui ont toujours manipulé des chiffres et ramassé de l’argent pour mettre dans leurs poches.

« Par rapport à cette actualité, nous avons deux points à relever. La première, c’est que ça conforte le Bloc Libéral dans son élan à travailler à créer la rupture dans ce pays. La division, l’ethnocentrisme, la corruption, la surfacturation… il faut que nous ayons tout ça derrière nous, pour faire le bonheur d’une majorité de guinéens.

La deuxième chose, c’est que nous sommes surpris et nous avons un sentiment de déception que ce soit seulement maintenant que la banque mondiale se rende compte que les gouvernements guinéens ont toujours été des prédateurs et qu’ils ont toujours manipulé des chiffres, ramassé de l’argent pour mettre dans leurs poches. C’est en Guinée qu’un kilomètre de goudron coûte six à dix fois plus que dans tous les pays de la sous-région. C’est en Guinée où quelque chose qui coûte un dollar à ailleurs coûte banalement dix dollars. Nous avons suivi la réaction ou la défense de la Primature, c’est pitoyable. Le Premier ministre a consolidé tous ces chiffres, il les a envoyés au président de la République ; et, avec tous ses services techniques, le président de la République a validé avant que ça ne soit rendu public », a rappelé Dr Faya Milimono.

Selon le président du Bloc Libéral, n’eut été ces commentaires qui ont mis à nu cette surenchère, le gouvernement guinéen n’allait jamais parler de cette « surestimation » notoire.

« A supposer que la banque mondiale avait de l’argent à mettre dans les mains de ces prédateurs-là, vous croyez que la Primature aurait parlé du ministre de l’énergie ; et, le ministre de l’énergie serait en train de chercher un bouc émissaire à EDG (électricité de Guinée) ? Non, pas du tout. Ils se seraient repartis cet argent et se seraient tus, simplement. Et, pendant ce temps, on aurait comptabilisé la dette extérieure de la Guinée que nos enfants et nos petits enfants vont payer, alors que nous n’avons pas vu la couleur de cet argent… Que Alpha ait trouvé la dette extérieure de notre pays à trois milliards de dollars, qu’il ait pu conduire notre pays au PPTE qui a eu pour conséquence l’effacement de deux milliards ; et, aujourd’hui, nous sommes à plus de 4 milliards de dollars de dette extérieure en 10 ans, sans qu’on ne voit où est-ce que cet argent a été investi. Ce sont des prédateurs ; et, il faut que le peuple se lève pour mettre Alpha et son clan de prédateurs hors d’état de nuire si on veut que la majorité des guinéens bénéficient des ressources guinéennes et du bien-être », a indiqué Dr Faya Milimono.

Justement, après leur publication, les commentaires de la Banque Mondiale ont suscité un tollé dans la presse et sur les réseaux sociaux. Et, pour essayer de faire taire ces cris d’indignation, la Primature s’est fendu d’un communiqué dans lequel elle jette quasiment le ministère de l’énergie en pâture.

« La Primature a constaté, avant même la réception des commentaires de la Banque Mondiale, que les données fournies par le ministère chargé de l’énergie sont erronées. Dès la publication (nécessitée par l’urgence) du plan, le cabinet du Premier ministre a parallèlement demandé à EDG de revoir les données et de fournir des éléments précis sur le nombre d’abonnés au tarif social, les montants théoriques facturés et les montants effectivement recouvrés. Ce travail de reprofilage a permis, à la date du lundi 20 avril 2020, soit avant le courrier de la Banque Mondiale, de situer le niveau de la prise en charge de la gratuité pour les abonnés au tarif social de l’électricité à 126 milliards GNF (et non 456 milliards GNF comme précédemment indiqué par le ministère de l’énergie) pour le trimestre couvert par le plan de riposte. Ce chiffre de 126 milliards GNF est maintenant confirmé dans le plan de riposte et met en cause l’estimation elle-même erronée contenue dans les commentaires de la Banque Mondiale », indique le communiqué de la primature.

Mais, pour le président du Bloc Libéral, cette réaction de la Primature vise tout simplement à permettre au chef du gouvernement de sortir la tête de l’eau pour inspirer une bouffée d’oxygène.

« C’est juste pour se défendre. On veut couvrir la forfaiture de la Primature pour blanchir le Premier ministre. Mais, ils sont tous des prédateurs. Si la Banque mondiale n’avait pas soulevé cette surestimation, qui est simplement un vol béant, le Premier ministre et son cabinet n’aurait dit absolument rien. Ils se seraient simplement taillé la part du lion dans ce montant et chacun aurait considéré que c’est nous les bénis dans ce pays. Pendant ce temps, la majorité des guinéens sont en train de tirer le diable par la queue. C’est là que l’existence du BL se justifiée ; et, c’est pour cela que nous ne faisons de compromis avec personne, sinon que conduire ce pays à une rupture pour la majorité des guinéens », a martelé Dr Faya Milimono.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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