Les enseignants du SLECG privés de salaires depuis des mois : « ils veulent nous tuer »

Aboubacar Soumah, Secrétaire Général du SLECG
Aboubacar Soumah, Secrétaire Général du SLECG

La journée internationale des travailleurs sera célébrée demain vendredi, 1er mai 2020, dans un contexte de crise sanitaire marquée par la pandémie du Coronavirus. En Guinée, les regroupements sont interdits et aucune cérémonie ne sera organisée pour célébrer cette fête. Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com ce jeudi, 30 avril 2020, Aboubacar Soumah, secrétaire général du Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée (SLECG) est revenu sur les difficultés qui assaillent ses membres, actuellement privés de leurs salaires pour fait de grève en plein Ramadan.

A cause de la propagation du coronavirus, il n’y aura pas festivités pour le 1er mai comme ça a toujours été le cas. En plus des difficultés causées par la maladie, les membres du SLECG tirent le diable par la queue en plein Ramadan, privés de leurs salaires pour être allés en grève depuis le 09 janvier 2020.

Ces derniers temps, Aboubacar Soumah avait annoncé la suspension de la grève à cause du Covid-19. Mais, cela n’a pas fléchi la position du gouvernement qui continue d’affamer les enseignants, membres du SLECG. Ce qui n’est pas du goût d’Aboubacar Soumah. « Nous invitons le gouvernement à libérer le salaire des enseignants puisque c’est un droit pour nous. La grève est autorisée par la constitution, donc on ne doit pas nous fonctionnaires, bloquer nos salaires parce que nous sommes allés en grève. Donc, que le gouvernement comprenne qu’en cette période de pandémie, tous les gouvernements font face aux besoins de leurs populations. Et, si dans cette circonstance nous sommes privés de nos salaires, alors ils veulent nous tuer », soutient-il.

Malgré la galère ambiante, Aboubacar Soumah a souhaité bonne fête de travail à l’ensemble des employés. Il leur a demandé de resserrer les rangs pour la défense de leurs intérêts. « Cette année, nous n’avons pas l’occasion de nous rencontrer à cause de cette pandémie qui est en train de décimer les populations du monde. Mais qu’à cela ne tienne, à l’occasion de cette fête, je félicite et encourage tous les travailleurs et je leur adresse bonne fête de travail. Je demande aux travailleurs guinéens de resserrer les rangs. A toutes les centrales syndicales, de nous donner les mains, de ne voir que les travailleurs de Guinée et non les intérêts personnels », a-t-il indiqué.

D’ailleurs, Aboubacar Soumah tire à boulets rouges sur certains responsables syndicaux animés par le gain en défendant plutôt les employeurs. « Aujourd’hui, ce qui caractérise le mouvement syndical guinéen, c’est que beaucoup de responsables des centrales ne regardent que leurs poches, leurs intérêts personnels. Donc, que les responsables syndicaux comprennent que nous sommes élus pour défendre les travailleurs et non pour défendre le patronat. Nous devons être animés par cet esprit de combativité afin d’améliorer les conditions de vie et de travail de tous les travailleurs de Guinée. Nous savons que les salaires des travailleurs guinéens sont minables et en ce qui nous concerne les enseignants, c’est pire », a martelé le secrétaire général du SLECG.

La fête internationale du travail étant l’occasion de faire l’état des lieux, Aboubacar Soumah a dressé un tableau sombre du système éducatif guinéen. « Le système éducatif guinéen n’est pas reluisant. Nous ne sommes pas fiers de ce système là et il faut que les autorités rectifient le tir. L’année dernière, le taux d’échec était élevé et cette année encore, nous allons assister à la même chose parce que les enfants n’ont pas reçu les cours comme il faut. C’est la répétition des crises. Donc, qu’on évite ça. »

L’année dernière, la célébration de cette fête avait été marquée par une agression d’Aboubacar et de ses partisans par d’autres syndicalistes au Palais du Peuple. « Je n’ai aucun regret, de toutes les façons, je suis en train de me battre avec les camarades, avec les travailleurs consciencieux de la précarité dans laquelle ils vivent. Nous nous battons pour essayer de changer cette situation de précarité ».

Siba Guilavogui pour Guineematin.com

Tel: 620 21 39 77/ 662 73 05 31

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