Détention d’opposants au camp de Soronkoni : Kaly Diallo condamne « avec la dernière énergie ces pratiques »

Mamadou Kaly Diallo, activiste des Droits de l’Homme et chargé de relations du programme Démocratie sans violence de la "Baïonnette intelligence"
Mamadou Kaly Diallo, activiste des Droits de l’Homme et chargé de relations du programme Démocratie sans violence de la « Baïonnette intelligence »

La purge se poursuit en Guinée, suite aux violences qui ont émaillé le contesté double scrutin législatif et référendaire du 22 mars 2020. Ces dernières semaines, de nombreux opposants à un éventuel troisième mandat pour le président Alpha Condé ont été interpellés à Conakry et dans certaines villes de l’intérieur. La plupart d’entre eux sont détenus aujourd’hui dans les lieux tenus secrets par les autorités. Et, certaines informations laissent entendre qu’ils ont été déportés au fameux camp militaire de Soronkoni, situé dans la préfecture de Kankan.

Une situation que déplore et condamne Mamadou Kaly Diallo de la structure Baïonnette intelligente. Dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com, ce vendredi 1er mai 2020, ce défenseur des droits de l’Homme a fustigé la violation des lois guinéennes et les conventions internationales par les autorités du pays. « Ce sont des pratiques connues en République de Guinée, et c’est la torture qui revient. Cela viole non seulement les normes nationales, mais surtout celles internationales auxquelles la Guinée a souscrit. C’est notamment la convention contre la torture et l’article 7 du pacte relatif aux droits civils et politiques qui stipule que nul ne doit être soumis à la torture, au traitement inhumain, cruel et dégradant.

Alors, venir nuitamment arrêter des présumées innocentes personnes, parce que même un inculpé bénéficie du principe de présomption d’innocence, les prendre sans aucune communication officielle et les envoyer vers de destinations inconnues ou bien dans un camp militaire, cela vise à inculquer cette culture de la peur et de la terreur. C’est une torture physique et psychologique pour les victimes mais aussi et surtout de leurs familles. C’est pourquoi, nous condamnons avec la dernière énergie ce genre de pratiques », a-t-il déclaré.

En plus de la torture qu’il dénonce, l’activiste des droits humains rappelle que le moment n’est pas opportun pour procéder à des arrestations. Il rappelle que l’OMS a recommandé à tous les pays de désengorger leurs prisons pour limiter la propagation du coronavirus. « On est dans une période très critique à cause de cette pandémie. C’est pourquoi d’ailleurs, l’OMS a demandé à tous les pays de désengorger les prisons en libérant les prisonniers condamnés pour des délits mineurs et même les prisonniers politiques afin de prendre des mesures préventives contre cette maladie. Beaucoup de pays ont répondu favorablement à cet appel. C’est le cas notamment du Sénégal, de la Côte d’ivoire et du Niger, etc ».

Kaly Diallo demande aux autorités guinéennes de s’inscrire également dans cette logique, en libérant les prisonniers politiques et ceux condamnés pour des délits de droit commun. A rappeler que la pandémie de Covid-19 a déjà touché la maison centrale de Conakry. Après plusieurs décès enregistrés ces derniers jours dans la plus grande maison carcérale du pays, le ministère de la justice a confirmé que l’un d’eux est mort du coronavirus.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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