L’épouse de Fassou Goumou se confie : « cela fait 3 jours qu’il est gravement malade »

Madame Louise Haba, épouse de Fassou Goumou

Comme annoncé précédemment, les 39 responsables et militants du FNDC interpellés ces dernières semaines à N’Zérékoré ont quitté la prison civile de la ville. Ils ont été transférés hier, jeudi 30 avril 2020, vers un autre endroit tenu secret pour le moment. Peu après l’annonce de cette nouvelle, l’épouse de Fassou Goumou, le plus connu du groupe, a animé un point de presse pour s’exprimer sur cette situation, rapporte le correspondant de Guineematin.com à N’Zérékoré.

Madame Louise Haba, épouse de Fassou Goumou

Louise Haba a annoncé que son mari est gravement malade depuis quelques jours, revenant sur le dernier échange qu’elle a eu avec lui avant son départ de la prison civile de N’Zérékoré. « Mon mari souffre de l’hémorroïde interne. Durant toute la journée d’hier il était sous perfusion. Cela fait maintenant 3 jours qu’il est gravement malade. Hier, à partir de 23 heures, il m’a appelé en pleurant, il m’a dit : Louise, avec mon état de santé très critique, ils veulent m’envoyer ailleurs. Ils ont envoyé le gros camion du camp pour m’embarquer. J’ai voulu me rendre à la prison mais il m’a dit que ce n’est pas la peine puisque je ne pourrai rien faire.

Pendant qu’on parlait, je ne sais pas qui a coupé son téléphone. A 6 heures du matin, je suis allée là-bas, j’ai fait semblant que je ne savais rien. Je leur ai dit d’ouvrir la porte pour que je puisse donner les produits à mon mari, parce qu’il est gravement malade, ils m’ont dit d’abord qu’il n’y a pas de visite. Après il y a un agent qui m’a clairement dit qu’ils ont transféré mon mari. J’ai demandé où ils ont envoyé mon mari, ils m’ont dit que seuls leurs chefs hiérarchiques peuvent le dire. Là où nous sommes, on ne sait pas où ils ont envoyé mon mari », a-t-elle confié.

Fassou Goumou et Cie sont accusés d’avoir joué un rôle dans les violences qui ont émaillé le double scrutin contesté du 22 mars dernier à N’Zérékoré. Ces violences ont fait une soixantaine de morts et une centaine de blessés, selon des sources non officielles. Une église et plusieurs maisons ont également été incendiées dans ces affrontements entre partisans et opposants du régime Alpha Condé. Mais, sa famille rejette catégoriquement cette accusation. Louise Haba rappelle que son mari est sorti de chez lui le jour de son arrestation, à la demande du président de l’union Kpèlè à N’Zérékoré. Ce dernier l’aurait supplié à aller sensibiliser les jeunes qui s’affrontaient.

« On était là le samedi, veille des élections, tout comme le dimanche, jour du scrutin, il n’est pas sorti de la maison. C’est le lundi matin que le président de l’union Kpèlè, monsieur Aimé Kolié, a appelé mon mari en lui disant : monsieur Goumou, venez au secours, vous êtes nos supports. C’est le gouverneur Ismaël Traoré qui a dit d’aller à Samoe pour sensibiliser les jeunes veulent couper la route nationale N’Zérékoré-Macenta. M. Goumou a dit non, vu la situation qui prévaut en ville, je ne peux pas sortir. Moi-même je l’ai conseillé de ne pas y aller. Mais vu l’insistance de M. Aimé Kolié, mon mari est parti finalement.

A Boma, Fassou Goumou a décidé d’aller dans le véhicule de M. Aimé, mais ce dernier n’a pas voulu cela, il a demandé à ce que chacun aille dans sa voiture. En cours de route, les militaires leur ont dit de se retourner, Fassou Goumou a voulu se retourner mais M. Aimé a dit non, il a réussi à convaincre les militaires, qui les ont laissés partir à Samoe. Au retour maintenant, Aimé dit à mon mari qu’il va à Nyampara pour prendre du carburant. Et quand Fassou est venu à Boma, les militaires l’ont arrêté, ils ont fouillé son véhicule, même aiguille ils n’ont pas trouvé dedans.

On l’a envoyé camp militaire où il passé la nuit. Le lendemain, les militaires l’ont libéré et ils lui ont présenté des excuses. Entretemps, le commissaire central est venu dire aux militaires de ne pas le libérer, de le mettre plutôt à sa disposition. Le commissaire l’a envoyé à la CMIS, où il a passé 10 jours avant d’être transféré à la prison civile. Depuis, nous avons mené des démarches au niveau du procureur, des sages, en vue d’obtenir sa libération, mais toutes sont restées vaines », a expliqué l’épouse de Fassou Goumou.

Très préoccupée par l’état de santé de son mari, Louise Haba demande aux autorités de libérer l’opposant. « Je demande aux autorités de libérer mon mari. Il est gravement malade et on ne sait pas où on l’a envoyé. Nous sommes inquiets, préoccupés et nous ne savons pas qu’est-ce qu’il faut faire maintenant. Nous leur demandons donc de libérer Fassou Goumou pour qu’il puisse se soigner », a-t-elle lancé.

Pour l’heure, les autorités de N’Zérékoré n’ont pas dit où Fassou Goumou et ses coaccusés ont été transférés. Mais, certaines sources non officielles laissent entendre que les opposants à un éventuel troisième mandat pour le président Alpha Condé auraient été conduits au camp de Soronkoni, à Kankan.

De N’Zérékoré, Foromo Gbouo Lamah pour Guineematin.com

Tel : +224620166816/666890877

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