Liberté de la presse en Guinée : Samba Sow dénonce « un recul sans précédent »

Mamadou Samba Sow, journaliste
Mamadou Samba Sow, journaliste

Le journaliste Mamadou Samba Sow fait un constat « alarmant » sur la situation de la liberté de la presse en Guinée. Notre confrère dénonce une volonté affichée des autorités du pays de museler les médias afin d’empêcher la publication de certaines informations compromettantes pour le pouvoir. Il l’a dit au cours d’un entretien avec un journaliste de Guineematin.com, à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, ce dimanche 03 mai 2020.

« Le constat sur la liberté de la presse en Guinée est à la fois triste et alarmant. Nous assistons à un recul sans précédent dans ce secteur-là. Des journalistes sont de plus en plus inquiétés dans l’exercice de leur profession, certains sont arrêtés, brutalisés, des émissions suspendues, des procès intentés de gauche à droite par les cadres de l’Etat. On se sert de la loi sur la cybercriminalité pour inquiéter les journalistes, parce qu’on a vu que la loi actuelle sur la presse ne permet pas qu’on mette un journaliste en prison.

Cela n’est de nature à favoriser le triomphe de la vérité et de la justice dans notre pays. Dans la mesure où on se réclame comme étant un Etat démocratique, normalement on ne doit inquiéter un journaliste qui fait correctement son travail. Mais, vous voyez que ces derniers temps, ce sont des préfets et des hauts cadres de l’Etat qui menacent les journalistes. C’est inadmissible dans la mesure où ce n’est plus l’armée qui est au pouvoir, c’est un civil qui, de surcroît, est un professeur de droit, qui s’est battu pendant 40 ans pour qu’il y ait la démocratie dans ce pays.

Pourtant, on ne peut pas parler de démocratie sans la liberté de la presse et la liberté d’expression. En plus, ceux qui veulent créer des radios ou des télévisions n’ont pas la possibilité d’obtenir des licences, il y a un contrôle strict au niveau de Sékhoutouréyah (le palais présidentiel, ndlr). C’est comme si ce n’est plus le ministère de la communication, la HAC ou l’ARPT qui délivrent les actes aux gens qui veulent lancer librement leurs entreprises de presse. Donc, tout ça montre qu’il y a un contrôle de trop qui ne rassure pas », soutient-il.

Par ailleurs, Samba Sow regrette la pratique de l’autocensure dans certains médias. Un autre facteur, selon lui, qui ne favorise pas le libre exercice du métier de journaliste. « Il faut dire que certains patrons de presse deviennent de plus en proches du pouvoir et dévient la ligne éditoriale de leurs entreprises de presse. Donc, il y a parfois de l’autocensure, qui n’est pas de nature à aider à la manifestation de la vérité. Maintenant, c’est aux journalistes de se battre, se mettre au-dessus de toutes les différences et de savoir que si aujourd’hui c’est un autre qui est visé, demain ça peut être moi », a-t-il lancé.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

Tel: 622919225

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