Liberté de la presse : « nous devons nous organiser pour que les gouvernants nous respectent… »

Aminata Pilimini Diallo, journaliste et fondatrice du site actu.elles.info
Aminata Pilimini Diallo, journaliste et fondatrice du site actu.elles.info

La journée mondiale de la liberté de la presse sera célébrée ce dimanche, 03 mai 2020, à travers le monde. En Guinée, les hommes de médias ne sont pas suffisamment libres dans l’exercice de leur profession et sont victimes parfois de violences. Dans le dernier rapport de l’ONG Reporters Sans Frontière (RSF) sur la liberté de la presse la Guinée a reculé passant de la 107ème à la 110ème place à travers le monde. Aminata Pilimini Diallo, journaliste et fondatrice du site actu.elles.info, interrogée par notre reporter, a dénoncé les violences faites aux hommes de médias tout en interpellant les autorités sur le rôle qui leur est dévolu.

Les journalistes rencontrent d’énormes difficultés dans l’exercice de leur profession en Guinée. Pour notre consœur, Aminata Pilimini Diallo, la presse n’est pas libre dans notre pays. « En Guinée, quand on parle de liberté de la presse, vous savez ce qui se passe. On va juste parler, mais la presse n’est pas libre. Que ça soit les femmes, nous évoluons sur les mêmes choses. Surtout, les hommes souffrent plus que nous parce que vous êtes le plus souvent agressés sur le terrain et arrêtés. Mais, on voit aussi des femmes qui ont été agressées. Par exemple, il y a Salimatou Diallo de Guineematin.com, qui a été arrêtée tout récemment. Donc, que ça soit femme ou homme, tout le monde souffre. Nous ne sommes pas libres, on nous déteste partout, surtout dans les marches politiques, que ça soit le camp de la mouvance présidentielle ou celui de l’opposition. Les journalistes ne sont pas libres. Et, même dans la société ou dans nos familles, on nous pointe du doigt ».

Aminata Pilimini Diallo, journaliste et fondatrice du site actu.elles.info

Toutefois, Aminata Pilimini Diallo a laissé entendre que les hommes de médias doivent eux-aussi se remettre en cause. « On se moque de nous sur les réseaux sociaux pour dire que nous sommes des menteurs, des gens qui gâtons le pays, même s’ils ont une part de vérité. La presse guinéenne n’est pas aussi bien structurée. Il y a des journalistes qui gâtent notre nom, c’est vrai. Mais, il y en a aussi d’autres qui font leur boulot et malheureusement ce sont eux qui font bien leur boulot qui sont tout le temps victimes des agressions. Nous avons vu des médias qui ont été fermés, suspendus et des journalistes qui ont reçu des plaintes de certains ministres… ».

Au regard de tout ce que subissent les journalistes, notre consœur lance un appel aux autorités guinéennes. « Je veux que la presse soit libre. Sans des médias libres, rien ne pourra être fait dans ce pays. Sans nous, ils ne pourront pas passer leurs messages. Après leur campagne et quand ils ont le pouvoir, c’est nous qui faisons tout. Un pays qui n’a pas de presse, c’est un pays qui n’est pas libre. Un président américain a dit qu’il préfère une presse sans gouvernement qu’un gouvernement sans presse. Donc, nous sommes vraiment indispensables. Qu’ils nous respectent comme nous devons être respectés et qu’ils respectent au moins les journalistes qui se respectent. Je veux que la HAC, le syndicat et les associations de presse puissent nous réorganiser. On est tellement mal organisés. C’est pourquoi, nous devons nous organiser à l’interne pour que les gouvernants nous respectent… ».

Siba Guilavogui pour Guineematin.com

Tel: 620 21 39 77/ 662 73 05 31

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