Cours à distance : les aveugles et malvoyants, candidats au CEP et au BEPC, oubliés par le Gouvernement

image d’archives

La propagation du coronavirus a poussé les autorités à fermer les écoles et les universités en Guinée. Le Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation (MENA) a initié des cours à distance pour les candidats aux examens nationaux de tous les niveaux. Mais, l’école Sogué des Aveugles et Malvoyants de Conakry, qui compte également des candidats aux différents examens nationaux, ne bénéficie d’aucune mesure d’accompagnement pour permettre à ses candidats de suivre ces cours.

Une situation que regrette Georges Sagna Niang, président de l’Union Guinéenne des Aveugles et Malvoyants, interrogé ce jeudi 7 mai 2020, par Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Georges Sagna Niang, président de l'association des aveugles et malvoyants
Georges Sagna Niang, président de l’association des aveugles et malvoyants de Guinée

Selon Georges Sagna Niang, sa structure n’a jamais été associée à ces cours en ligne alors que l’école des malvoyants a bien des candidats aux examens nationaux. « Les enfants à déficience qui étudient au centre Sogué de Conakry sont des non-voyants. C’est vrai qu’avec cette pandémie, c’est le monde entier qui en souffre ; mais, les personnes vulnérables et défavorisées sont les plus grandes victimes. A cause de cette pandémie, nous sommes à la maison, l’école est à l’arrêt et les enfants sont dans les familles. Ce sont des enfants issus de parents démunis. Pour ces cours en ligne, c’est à travers l’internet que nous avons l’information. Jusqu’à l’heure où je vous parle, nous n’avons été associés à aucune discussion concernant le suivi des cours en ligne par des candidats déficients visuels. Pourtant chaque année, nous présentons des candidats déficients visuels aux différents examens nationaux. Le cycle primaire des enfants est dirigé par la direction de l’école Sogué de la cité de la Solidarité et une fois qu’ils ont l’examen d’entrée en 7ème année, ils ne sont plus à la charge du ministère de l’action sociale. Ce sont des aides extérieures à travers les partenaires que nous cherchons qui permettent à ces enfants de poursuivre leurs études jusqu’à l’université… Et par rapport aux cours en ligne, rien n’a été fait pour les enfants déficients visuels. Je ne sais pas si c’est un oubli ou bien un laisser pour compte. »

Devant cette situation, monsieur Niang invite le gouvernement à prendre exemple sur les autres pays de la sous-région. Il sollicite une plus grande intervention de l’Etat et des partenaires pour permettre aux élèves malvoyants de mieux se préparer aux examens. « Si vous prenez les autres pays de sous-région comme au Sénégal, les mesures d’accompagnement ont été prises en faveur des malvoyants. Le gouvernement sénégalais a pris toutes les dispositions en outillant tous les candidats déficients visuels de tablettes électroniques qui contiennent des applications et logiciels parlants. Ces tablettes leur permettent de naviguer sur internet et ils détiennent aussi des ordinateurs portables. Les candidats déficients visuels qui sont au Sénégal sont outillés alors que nous ici en Guinée, rien n’a été fait. Ils ne sont ni pleinement initiés à ça, et ils ne sont ni bénéficiaires de cette mesure. Nous préconisons donc à l’Etat et à ses partenaires financiers de penser à cette couche aussi. Parce que cette couche de candidats fait partie des enfants de Guinée. Je tire la sonnette d’alarme maintenant pour ne pas qu’en fin d’année, ces candidats se retrouvent comme ça », a-t-il lancé.

En outre, le président de l’Union Guinéenne des Aveugles et Malvoyants en appelle à plus d’implication des aveugles et malvoyants dans les instances de prise de décision. « Nous sommes tous des enfants issus de familles démunies. Actuellement, nos candidats sont abandonnés comme ça. Ils ne peuvent pas suivre les cours à la télévision parce qu’ils n’ont pas de télévision et en plus il n’y a pas de courant. Ensuite, l’internet n’est pas disponible et ils n’ont pas d’outils qui leur permettent de naviguer sur internet. Il faudrait bien que les gens pensent à nous impliquer dans la prise des décisions nous concernant. Le slogan international des Nations Unies sur les personnes handicapées dit que tout ce qui est fait pour vous sans vous, est contre vous. Ce ne sont pas des personnes qui sont assises dans des bureaux climatisés qui peuvent faire notre affaire sans nous consulter. Il faudrait qu’on dise de quoi nous souffrons, vous ne pouvez pas inventer nos souffrances et nous venir en aide. Je voudrais inviter les partenaires et le gouvernement guinéen à jouer franc-jeu avec nous et à penser à notre couche aussi », a-t-il plaidé.

Pour cette année, l’école des aveugles et malvoyants compte 10 candidats déficients visuels aux examens nationaux, dont 5 au BEPC et 5 à l’entrée en 7ème (CEP).

Alsény KABA pour Guineematin.com

Facebook Comments Box