Herico (Lélouma) : un suicide qui suscite des interrogations

Boubacar Bah

Boubacar Bah, 27 ans, a été enterré hier, vendredi 08 mai 2020, à 10 heures 30, au cimetière de Herico centre, après plusieurs jours sans rien manger ! Dans la journée du lundi dernier, les habitants de Horé Thiaghol ont été ahuris d’apprendre que Boubacar s’est lui-même mis du feu après s’être aspergé d’essence. Sa maman, madame Rokiata Diallo et une voisine qui était de passage ont été les premières personnes à lui porter secours…

« J’étais de passage avec sa mère devant leur concession quand j’ai vu le jeune avec une petite bouteille que j’ai cru pleine d’eau. Il était en train de verser le contenu sur son corps, de la tête aux pieds. Je me suis même permise de me moquer de lui, en disant : ‘’le carême t’a vite fatigué aujourd’hui parce qu’il reste encore plus de 5 heures de temps d’ici le crépuscule’’. Pensant qu’il se mettait de l’eau sur lui, je continuais alors mon chemin quand j’ai entendu des cris derrière moi », a-t-elle expliqué à Guineematin, à travers son correspondant local.

Malheureusement, à l’arrivée de cette voisine, Boubacar se battait déjà contre les flemmes sur son corps. En se débattant pour enlever ses habits, le t-shirt qui avait pris feu a brûlé gravement son cou, ses épaules et son visage.

On apprend que Boubacar Bah n’est pas un déséquilibré mental en tant que tel ; mais, il lui arrive des périodes de démence. Né à Kabita, il y a 27 ans, sa première épreuve a été de choisir entre son père et sa mère, après leur divorce. Il finira par suivre sa mère à Horé Thiaghol depuis qu’elle a retrouvé une vie conjugale avec Elhadj Illa Diallo pour lequel elle a fait un garçon.

Très affecté par le décès de Boubacar, Elhadj Illa pense que son fils adoptif a été victime des mauvais esprits. « Le même jour, dans la matinée, il est venu me demander pardon, en précisant qu’il veut que je pardonne tout ce qu’il m’a fait, à moi et à toute ma famille depuis qu’il vit chez moi. Et, quand il s’est brûlé et que nous sommes allés le voir, il a rappelé que tout allait bien pour lui jusqu’au moment où il a abandonné ses études au lycée. Il a dit que c’est à ce moment-là qu’il a perdu ses repères », rapporte le père de famille.

Selon les témoins, Boubacar Bah a dit à ceux qui lui ont rendu visite que son acte lui a été imposé par des esprits malsains que lui seul pouvait voir. Il aurait par exemple confié avoir vu une dame devant lui et que c’est cette dernière qui lui aurait demandé de s’asperger d’essence et qui lui aurait finalement intimé de se mettre le feu.

Enclavement et limitation des voyages

L’enclavement de Herico, l’impraticabilité des routes et les mesures prises contre la propagation du coronavirus qui rendent difficiles les voyages vers les centres urbains n’ont pas permis de l’évacuer. Et, malheureusement, cela a coïncidé au manque de quelques médicaments appropriés à son traitement au centre de santé de Herico pour sa correcte prise en charge.

Pourtant, monsieur Mamadou Oury Diallo, le Maire de la Commune rurale, très actif dans la communauté, a fait venir les médecins du centre de santé en leur demandant de faire le maximum possible pour sauver le jeune garçon. Une contribution avait même été initiée avec la mise à disposition d’un numéro Orange Money pour favoriser une prise en charge rapide du malade. Et, c’est à Lélouma centre, situé à 45 kilomètres de Hérico, que l’oncle du défunt a été dépêché par le médecin pour ramener quelques médicaments.

Finalement, Boubacar Bah n’a pas supporté davantage les brûlures qui ont ravagé une partie de son cou et son visage. Il a rendu l’âme ce vendredi, aux environs de 4 heures du matin. Il a rejoint sa dernière demeure le même jour à 10 heures 30’ au cimetière de Herico centre.

Que la terre lui soit légère et que son âme repose en paix, amine !

De Herico (Lélouma), Mamadou Dian Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 626 58 81 83

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