Aly Jamal Bangoura sur la réouverture forcée des mosquées : « ce ne sont pas des actes des religieux »

Elhadj Aly Jamal Bangoura, secrétaire général des affaires religieuses

La fermeture des mosquées n’est plus acceptée par certains fidèles musulmans guinéens puisque la pandémie continue sa propagation malgré cette fermeture. Depuis quelques jours, des voix s’élèvent pour réclamer la réouverture des mosquées. Et, hier, mercredi 13 mai 2020, certains citoyens de Dubréka et Kamsar ont décidé d’aller eux-mêmes forcer la réouverture des mosquées. Interrogé par un reporter de Guineematin.com à ce sujet et sur d’autres questions liées aux 10 derniers jours du mois saint de Ramadan, Elhadj Aly Jamal Bangoura, secrétaire général des affaires religieuses, a apporté des précisions.

Décryptage !

Guineematin.com : des voix commencent à s’élever pour dénoncer la fermeture des lieux de culte, notamment les mosquées. Des manifestations se sont produites à Boké, à Dubréka et Coyah où des citoyens ont rouvert certaines mosquées. Comment réagissez-vous ?

Elhadj Aly Jamal Bangoura, secrétaire général des affaires religieuses

Elhadj Aly Jamal Bangoura : moi, en ma qualité de premier responsable des Affaires religieuses, j’appelle tous les fidèles au bon comportement. J’exhorte les fidèles musulmans à observer la réglementation et les mesures sanitaires édictées par les autorités. Et le respect de ces mesures exige la fermeture des lieux de cultes. La fermeture des lieux de culte est à leur avantage. Les actes qui se sont passés à certains endroits ne sont pas des actes des religieux. Les religieux savent qu’en période de pandémie, les mosquées peuvent être fermées ; cela, durant toute la période que va durer l’épidémie. Nous ne pouvons pas être plus croyants que les saoudiens. La religion musulmane est venue de l’Arabie Saoudite, mais même eux, ils ont fermé leurs mosquées. Donc, je demande l’indulgence des croyants. Qu’ils sachent que la santé doit être mise devant tout. On n’est croyant que lorsqu’on vit. Donc, qu’ils fassent violence sur eux et attendent que cette épidémie soit gérée avant qu’on ordonne la réouverture des mosquées. Voyez-vous, chaque jour le nombre de cas positif du Coronavirus augmente. Comme nous et l’Arabie Saoudite, plusieurs pays ont fermé les lieux de culte. Que les Guinéens comprennent que la santé est plus chère que tout.

Guineematin.com : le ramadan tire vers sa fin. Quel doit être le comportement d’un musulman pendant cette période ?

Elhadj Aly Jamal Bangoura : ces dix derniers jours sont des jours spéciaux de ramadan, ce sont des jours précieux du ramadan. Comme le prophète Mohamed (PSL) nous a enseignés, le mois saint de ramadan est repartie en trois parties : du 1er au 10, on dit la première dizaine de ramadan, il est appelé Rahama, c’est-à-dire la grâce qui va toucher toute l’humanité ; ensuite, du 11 au 20, Dieu pardonne les fidèles musulmans pendant ce mois béni de ramadan ; enfin, du 21 au 29 ou 30, si le mois est complet, c’est une autre opportunité. Pour ces dix derniers jours, les musulmans sont invités à multiplier les invocations, à redoubler d’efforts pour obtenir la nuit du Destin. La nuit du Destin, comme le prophète Mohamed (PSL) a dit, équivaut à 1000 mois de prière que le musulman bénéficie. Donc, c’est ce qui équivaut à environ 82 à 83 ans d’adoration. Ce sont des jours importants dans la vie d’un musulman, parce que le prophète Mohamed (PSL) nous enseigne que le plus perdant est celui qui observe le ramadan jusqu’à la fin, sans que Dieu ne le gracie. Alors, nous invitons les fidèles musulmans à profiter de cette occasion, de cette opportunité que nous offre ce mois béni pour nous faire pardonner par notre créateur. Avec cette pandémie qui sévit dans notre pays et qui a occasionné la fermeture des lieux de culte, une première en Guinée, je souhaite que les Guinéens multiplient les invocations afin que Dieu nous épargne de cette pandémie et sauvegarde l’humanité toute entière de cette maladie.

Guineematin.com : les dix derniers jours interviennent à moment de crise, liée à la pandémie du Coronavirus. Quelles sont les invocations que les religieux doivent faire et comment doivent-t-il le faire en cette période puisqu’ils ne peuvent pas prendre part aux prières nocturnes collectives ?

Elhadj Aly Jamal Bangoura, secrétaire général des affaires religieuses

Elhadj Aly Jamal Bangoura : selon les Oulémas, les prières nocturnes seront pratiquées en Guinée conformément au souhait du prophète Mohamed (PSL). Dans les premiers moments, lorsque le prophète (PSL) avait entamé les prières nocturnes, ce n’était pas son intention de mobiliser les gens dans les mosquées. L’objectif était juste pour amener les gens à adorer Dieu. C’est pourquoi lorsque le prophète est venu prier dehors nuitamment, il y a eu du monde à ses côtés. La deuxième nuit, le nombre de fidèles musulmans venus prier avec le prophète a augmenté davantage. Donc la troisième nuit, le prophète Mohamed (PSL) n’est pas sorti. Il a prié chez lui à la maison. Après, les compagnons du prophète sont venus lui demander les raisons pour lesquelles il n’était pas sorti. Le prophète a dit que s’il continuait à sortir, les gens allaient penser que cette prière nocturne est obligatoire. C’est pour cette raison que le prophète Mohamed (PSL) n’avait donc pas continué à observer la prière collective dehors. C’est donc dire que les prières nocturnes pendant ces 10 derniers jours sont de la SOUNA. Le plus important chez Dieu, ce sont les 5 prières quotidiennes. Donc, si les mosquées ont été fermées à cause de la pandémie du Coronavirus empêchant ainsi les prières obligatoire de se tenir, ce n’est pas pour la Farilla qui est une prière non obligatoire pour le musulman qu’on va rouvrir les mosquées.

Interview réalisée par Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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