Assassinats de manifestants à Coyah : la famille de Mamadou Yaya Bah réclame justice

Mamadou Mouctar Bah, frère aîné du défunt

Au lendemain des violents affrontements réprimés dans le sang dans plusieurs endroits de Coyah, la tristesse se lisait encore sur le visage des familles victimes. Parmi les 5 victimes enregistrées, figure Mamadou Yaya Bah, tué par balle par des agents. L’émotion est grande dans sa famille à Coyah.

Interrogé par un reporter de Guineematin.com, Mamadou Mouctar Bah, frère aîné du défunt, explique les circonstances dans lesquelles il a appris la disparition tragique de son jeune frère. « Mamadou Yaya Bah est mon jeune frère de lait. Hier matin, je me suis rendu au marché pour m’acheter quelques articles. C’est ainsi que j’ai constaté qu’il y’avait des troubles un peu partout à travers la ville. J’ai demandé ce qui se passait, on m’a dit que c’est une femme qui a été tuée par les forces de l’ordre à Friguiadi, que c’est ce qui a provoqué toute cette agitation. Les femmes du marché sont sorties barricader la route et moi je suis rentré à la maison. Deux minutes après mon arrivée à la maison, j’ai été appelé par ma jeune sœur en me demandant où se trouvait notre frère. Je lui ai demandé qu’est-ce qui ne va pas ? Elle m’a dit que les militaires ont tué Mamadou Yaya ».

Mamadou Mouctar Bah, frère aîné du défunt

Poursuivant, Mamadou Mouctar Bah a fait savoir que c’est des agents qui ont tiré sur lui à bout portant. « J’ai appelé au téléphone pour une première fois, ça a sonné sans succès. J’ai encore tenté pour une deuxième fois, c’était déjà éteint. Entre-temps, il y a un ami à lui qui est venu en courant. Il nous a dit qu’un militaire de passage dans un pick-up blanc a tiré sur son visage. Je lui ai demandé s’il en est décédé, il m’a répondu non qu’ils l’ont amené au centre de santé. Vu la gravité de la blessure, on l’a transporté dans un chariot à l’hôpital préfectoral de Coyah. Arrivé au rond-point de Coyah, les gendarmes et policiers qui étaient postés là ont refusé le passage du blessé ainsi que tout ce monde qui l’accompagnait à l’hôpital. Ces agents ont demandé à ce que la victime leur soit remise pour le conduire à l’hôpital pour que la foule se limite là. C’est ce qui fut fait par ces agents pour éviter que l’hôpital soit envahit par les manifestants ».

Selon notre interlocuteur, c’est plus tard qu’il va apprendre le décès de son jeune frère en se rendant à l’hôpital. « Malgré qu’il y’avait des tirs un peu partout, je suis sorti pour venir aux nouvelles de mon frère à l’hôpital. Arrivé au deuxième carrefour, j’ai croisé les gendarmes et policiers. Ils m’ont demandé de faire demi-tour. Je leur ai expliqué que je n’étais pas un manifestant. C’est plutôt mon frère qui a été touché par balle que je viens voir à l’hôpital. Ils m’ont demandé, tu en es sûr ? J’ai répondu, oui. Après ils m’ont laissé passer. Une fois dans la cour de l’hôpital, j’ai appelé un frère médecin qui travail là-bas. Je lui ai dit Sow, ils ont envoyé mon petit frère ici. Il m’a dit malheureusement il est décédé. On l’a même conduit à la morgue. Je suis parti lui voir à la morgue. Arrivé là, j’ai trouvé trois corps plus celui de mon frère… ».

En outre, Mamadou Mouctar Bah, au nom de toute la famille, dit s’en remettre à la volonté de Dieu. Mais, il réclame justice pour son unique frère. « Mon frère a été tiré à 600 mètres de l’Autoroute, près du cimetière central de Coyah, en allant à Tougandé. Il était assis avec ses amis avant de fuir un pick-up qui venait à vive allure. Arrivé à leur niveau, un d’entre eux a pointé l’arme sur mon frère en lui demandant de s’arrêter sinon qu’on allait le tuer. C’est comme ça, il a été tué près d’une concession sous l’œil impuissant des voisins. On ne peut qu’accepter le destin. Avant lui, il y en a plein qui meurent comme ça sans justice. Mais qu’il y ait justice cette fois-ci pour apaiser les familles. Le militaire en question ne sera pas pardonné par nous, son frère et sa sœur. »

Mamadou Yaya Bah, âgé d’une vingtaine d’années, était célibataire et père un enfant. Jusque-là, il était boucher et gardien nocturne dans une société chinoise à Coyah. Il a été enterré dans la matinée d’hier, mercredi 13 mai 2020, au cimetière central de Coyah.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : +224) 626-66-29-2

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