A quelques heures de la célébration de la fête marquant la fin du ramadan en Guinée, la boucherie de Mamou était fortement envahie ce samedi matin, 23 mai 2020. De nombreux citoyens ont rallié les lieux à la recherche de la viande. Mais, sur les 11 stands que compte la boucherie, seulement deux étaient fonctionnels, ce qui était très insuffisant pour satisfaire à cette forte demande. Cette situation a provoqué des bousculades, des disputes et de la frustration chez beaucoup de personnes, rapporte le correspondant de Guineematin.com dans la ville carrefour.
Madame Rougui Barry est l’une des premières personnes à rallier la boucherie ce samedi matin. Dès 7 heures, elle était sur les lieux. Mais, elle a dû y passer 6 heures pour pouvoir avoir de la viande. « Je suis venue à la boucherie depuis 7 heures du matin, ce n’est qu’à 13 heures que j’ai pu avoir de la viande. Mais, malgré toutes les peines, je me réjouis quand même parce que j’ai eu 5 kilos de viande. Je remercie les bouchers pour les efforts consentis, mais je les invite à mieux se planifier prochainement pour servir suffisamment la population de viande. C’est pratiquement à l’occasion des fêtes seulement que certains préparent la viande chez eux, donc ils n’ont qu’à faire en sorte que les gens puissent trouver suffisamment de viande pendant ces périodes », a-t-elle lancé.
Cette dame a de quoi se réjouir. Car elle a eu plus de chance que beaucoup d’autres citoyens. C’est le cas de l’enseignant Mamadou Cellou Dioum. Après une longue attente, il a été obligé de se contenter du strict minimum. « Vraiment, tout manque en Guinée. C’est un pays où tout manque. Avec tout le temps que j’ai passé ici, je n’ai eu pratiquement qu’un seul kilo de viande pour toute ma famille. Je demande aux autorités de revoir la stratégie. Il faut décentraliser les boucheries dans les différents marchés de la ville pour éviter des situations de ce genre à l’avenir », préconise ce professeur de Géographie.
Baïlo Fofana aussi n’a pas trouvé satisfaction. Il rentre chez lui, furieux. « Je suis venu ici depuis 8 heures, regardez dans quel état je suis, j’ai vraiment souffert. Les bouchers vendent la viande par affinité. Et on ne peut pas accuser la pandémie du coronavirus d’être à l’origine de cette situation parce que l’année dernière aussi c’était la même chose. A la veille de chaque fête, on gagne difficilement de la viande à la boucherie de Mamou », déplore ce citoyen.
Mais contrairement à ce dernier, le président des bouchers de Mamou, Mamadou Aliou Bah, accuse justement la crise sanitaire liée au coronavirus d’être à l’origine de cette crise de viande. « Si vous voyez cette crise de viande à la boucherie de Mamou, c’est que parce qu’il y a une autre crise, celle liée au COVID-19. Les bouchers n’arrivent pas à se déplacer pour aller chercher les bœufs dans les marchés hebdomadaires. Cette crise a commencé depuis le mois dernier. Aujourd’hui, un bœuf se négocie jusqu’à 5 millions, selon le poids. Nous avons demandé à la mairie de nous laisser revendre le kilo de viande à 35 000 francs, mais elle n’a pas accepté compte tenu de la crise sanitaire actuelle », a-t-il laissé entendre.
De Mamou, Boubacar Ramadan Barry pour Guineematin.com
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