La célébration de la Journée de l’Afrique, qui s’est tenue 25 mai 2020, a été marquée par la 2e édition des UBA Africa Conversations organisée par le Groupe United Bank for Africa (UBA) autour du thème : « Croissance, emploi et développement durable dans un contexte de pandémie mondiale ».
Le débat a vu la participation de panélistes de haut niveau, notamment S.E. M. George Weah, Président du Libéria ; ainsi que d’autres dirigeants internationaux.
Mme Aminata Touré, Maire de Kaloum et fille du père de l’Indépendance Guinéenne, Feu le Président Ahmed Sékou Touré nous livre ses impressions…
Que représente la Journée de l’Afrique pour vous ? Quelle fierté tirez-vous d’être Africaine et particulièrement guinéenne, sachant à quel prix nous avons arraché notre indépendance ?
La journée du 25 Mai est un symbole fort de notre histoire et de notre devenir. Symbole fort de notre histoire car c’est le 25 Mai 1963 que les pères fondateurs de l’OUA ont marqué leur temps par la création de l’OUA en mettant de côté leurs options politiques divergentes pour le mot d’ordre : l’Afrique d’abord.
Grâce à cette organisation l’Afrique a atteint des résultats qui constituent autant d’avancées dans sa marche historique vers l’unité ;
– l’achèvement du processus de libération et d’accès à la souveraineté des états ;
– la liquidation du régime de l’Apartheid
– la mise en place d’organisations panafricaines d’intervention des peuples africains dans des domaines spécifiques : la panafricaine des jeunes, des femmes et la panafricaine des travailleurs.
– la constitution d’organisations sous régionales d’intégration économique : CEDEAO, SADEC……
– des avancées pour la mise en mise œuvre de programmes économiques à dimension régionale : Nepad, marche commun africain, etc….
Tous ces chantiers méritent d’être consolidés et poursuivis dans leur mise en œuvre, mais incontestablement ils constituent des acquis importants de l’OUA, devenue aujourd’hui Union Africaine. La journée de l’Afrique est une occasion d’enregistrer de tels bilans pour se démarquer de l’afro pessimisme dans lequel certaines puissances tentent de nous plonger.
La journée de l’Afrique est aussi un symbole fort du devenir de l’Afrique. Elle est l’occasion pour toutes les forces africaines porteuses de progrès pour dresser un bilan critique, procéder à un diagnostic intelligent de la situation et sur cette base projeter ce que devra être l’Afrique dans les années et décennies à venir et au-delà pour tout 21 siècle émergent.
A cet égard les forces africaines porteuses de progrès ne doivent pas oublier l’objectif originel : la création des Etats-Unis d’Afrique. Quelles que soit les avancées que l’on pourrait obtenir dans tel ou tel domaine, économique, social et culturel, si elles ne parviennent pas à construire les Etats-Unis souveraines à l’échelle de tout le continent, l’Afrique sera toujours impuissante ou fragile dans les grands enjeux de la mondialisation et des stratégies planétaires des grandes puissances.
Je dois dire d’ailleurs que le Président Ahmed Sékou Touré se proposait de tout faire afin que les chefs d’états africains réunis à Conakry à l’occasion de ce qui aurait été le 20ième Sommet de l’OUA afin de mettre en place 2 ou 3 départements d’un Exécutif Africain – la recherche scientifique et l’enseignement supérieur, le transport aérien et l’énergie, je crois savoir. Au-delà le Président Ahmed Sékou Touré estimait que le ciment de l’Afrique devrait être d’abord l’unité des Peuples africains en dehors de toute considération de religion, de couleur, d’obédience idéologique et politique et de territoire. Quand on voit l’image que projettent aujourd’hui beaucoup de nations africaines, on mesure la pertinence de cette réflexion et l’ampleur de notre recul même par rapport aux années 60.
Partant de tout ce que je viens de dire plus haut vous pouvez imaginer quelle est ma fierté d’appartenir à cette nation et à ce Peuple qui a sonné le glas de l’empire colonial français en Afrique et qui a été un Etat phare, un Etat leader pour toutes les conquêtes historique de l’OUA. La Guinée a payé au prix le plus fort ses prises de position, mais grâce au courage et à la détermination de ses meilleurs fils elle a réussi à surmonter toutes les épreuves et tous les obstacles, sacrifiant même parfois des bénéfices qu’elle aurait pu tirer à titre individuel de ses immenses ressources pour appuyer les luttes pour l’indépendance , pour la souveraineté et pour l’émancipation des Peuples Africains et même des Peuples d’autres régions du monde ( je pense par exemple au Peuple Palestinien, au Peuple du Vietnam, au Peuple Cubain etc…). Il faut que les Guinéens, et en particulier les jeunes guinéens, soient fiers de cette histoire et qu’ils se rendent dignes de l’héritage qu’ils en ont pour relever les défis de leur temps et des temps à venir.
Que pensez-vous de l’initiative de la banque UBA, qui depuis 2019 a instauré les « conversations africaines », dédiées à célébration de la diversité du continent africain et la valorisation de son potentiel culturel et économique ?
Nous saluons cette initiative qui a déjà des résultats symboliques et réels. C’est une initiative qui permet de donner plus de visibilité aux africains qui gagnent et qui contribuent de ce fait au réarmement social, culturel et politique des Peuples Africains, les jeunes et les femmes en particulier. J’encourage UBA à pérenniser cette initiative et à l’amplifier.
Que répondez-vous à l’injonction du Président du Groupe UBA, Mr Tony Elumelu, lorsqu’il affirme que ce n’est plus le moment de pointer un doigt accusateur, mais plutôt celui des efforts de collaboration des gouvernements et des organisations pour lutter contre la pandémie Covid19. Que faites-vous dans votre commune ?
Il faut d’abord vaincre la pandémie et, pour cela, taire toutes les contradictions et tous les conflits qui pourraient nous diviser et nous exposer à l’expansion de ce virus.
Avoir suffisamment confiance en nous et mobiliser nos ressources matérielles, financières, intellectuelles, culturelles, spirituelles pour parler d’une seule voix et repenser toutes les politiques publiques de développement aux niveaux macro, meso et micro.
En ce qui nous concerne, très tôt la commune de Kaloum a mis en place un plan concerté de riposte à la covid 19. En temps réel et tous les jours, nous avons la cartographie sanitaire de notre commune et ce quartier par quartier. Nous avons pris également en charge les contacts en isolement de 14 jours en mettant à leur disposition des vivres et un appui financier.
Il faut signaler aussi que des campagnes de sensibilisation et d’éducation sont réalisées sur le respect des mesures de barrière au niveau de tous les espaces de grandes fréquentations tel que les marchés, les débarcadères et dans les quartiers.
Comme le Sénateur Américain, Mr Coons, pensez-vous qu’il existe des opportunités de progression pour l’Afrique, qui découleraient de cette pandémie ?
La pandemie Covid 19 a été et est une épreuve pour toute l’humanité. Elle a révélé les faiblesses et les limites des systèmes qui ne tiennent pas suffisamment compte de ce qu’est l’homme en tant qu’être vivant dans ces rapports avec la nature et avec les autres hommes.
L’Afrique a fait preuve, en dépit d’affirmations extrêmement alarmistes, d’une grande résilience face à la pandémie, d’inventivité et de créativité qui montre tout son potentiel. C’est précisément ce potentiel qu’il faut capitaliser et valoriser non seulement pour arrêter la pandémie, mais aussi imaginer et mettre en œuvre des programmes plus intelligents et plus efficaces pour un développement économique et social plus autocentré , plus équitable et plus respectueux de l’environnement. Les retards supposés de l’Afrique sont à ce point de vue autant d’opportunités pour explorer des voies plus innovatrices.
A propos de United Bank For Africa
United Bank for Africa est l’une des principales banques africaines avec des opérations dans 20 pays africains et une présence dans les centres financiers mondiaux : New York, Londres et Paris. La vision du Groupe UBA est celle d’être l’institution incontestée de services financiers en Afrique, un modèle pour les entreprises africaines en créant une valeur supérieure pour toutes ses parties prenantes, en respectant les normes professionnelles et éthiques les plus élevées et en construisant une institution pérenne.
Transmis par le service de communication de UBA