Crise à la RTG : le collectif des présentateurs dénonce « une ethno-stratégie en marche »

D’une crise à une autre, la Radiotélévision guinéenne (RTG) Koloma fait beaucoup parler d’elle ces derniers temps. Après les revendications des stagiaires, c’est au tour des présentateurs du journal télévisé de s’embrouiller avec le directeur général de la maison, Sékouba Savané. Dans une déclaration rendue publique le lundi 1er juin 2020, plusieurs présentateurs du JT, réunis en collectif, ont démenti les propos tenus récemment par leur DG, qui les accuse de vouloir s’opposer à ses réformes. De leur côté, les journalistes accusent Sékouba Savané de gérer la RTG sur la base du communautarisme.

Guineematin.com vous propose ci-dessous la déclaration du collectif des présentateurs du JT :

« Nous avons pris acte de la déclaration du DG et précisons simplement que nous n’avons aucune intention d’ouvrir un quelconque front avec lui. Il dit que nous avons peur d’être « éloignés de la présentation. Et que le 20h30 n’est pas une propriété privée ».

« Nous répondons NON et OUI. Personne dans ce groupe n’a peur. Peur de qui ? Peur de quoi ? Nous sommes des professionnels. Notre travail passe avant tout. Mais là où il a raison, c’est que la RTG n’est la propriété privée de personne. Ni la nôtre ni la sienne : c’est un instrument de l’Etat pour informer le peuple sur la vie de la nation. Le poste qu’il occupe a été déjà occupé et le sera par d’autres après lui ».

« Nous ne sommes pas opposés à ces réformes. Que cela soit dit et entendu. Et d’ailleurs, le débat autour de cette question se mène ailleurs, avec le directeur de chaîne et la rédaction en Chef. Il y a des non-dits dans cette affaire. Une ethno-stratégie est en marche à la RTG.

Si ses raisons étaient professionnelles, aujourd’hui on n’en parlerait pas. Mais on ne peut pas diriger sur la base du communautarisme et c’est le cas depuis sa nomination. Seul le mérite doit prévaloir et non des considérations qui rabaissent le raisonnement intellectuel des travailleurs de ce média.

Aussi, plusieurs d’entre nous ont souvent été bien éloignés du JT, volontairement ou involontairement. C’est le cas de Médine qui a demandé une autorisation d’absence pour quelques mois et beaucoup d’autres dans le passé. Certains ont été suspendus durant 6 à 8 mois sans motif connu ni note de service officielle, mais jamais ils ne se sont plaints ou fait de scandale pour revenir au plateau. Mieux, nous en avons formé parmi nous et pour lesquels nous nous sommes battus pour qu’ils intègrent l’équipe de la grande édition, non pas parce qu’ils sont d’une communauté quelconque, mais simplement par ce qu’ils le méritent et mieux, ils sont jeunes, plus jeunes que nous « les anciens ».

Tout le monde sait qu’être présentateur ou présentatrice de JT à la RTG reste contraignant, financièrement surtout, parce que nous nous prenons en charge sur le plan vestimentaire. Ce qui n’est pas normal en 2020 pour une rédaction nationale. Croire que 500.000 francs guinéens, à peine 50€ peuvent nous aider à nous habiller, c’est mal connaître les réalités du marché des vêtements. Ça ne peut même pas trouver deux chemises dignes d’une télévision nationale. On ne parle même pas de costumes ou encore de chaussures. Le DG aurait dû se passer de porter ce genre d’accusations.

Notre génération a eu l’honneur de côtoyer des vedettes du 20 heures 30 comme Yamoussa Sidibé, Marie Louise Sanoussi, Ibrahima Ahmed Barry, Maciré Camara ou encore Fanta Oularé. Ces figures restent encore dans le souvenir de nombreux guinéens. Ceux-ci avaient bien voulu de nous à leurs côtés. Ce sont des modèles et nous ne sommes pas si dupes de penser que nous nous sommes irremplaçables : nous ne vivons pas avec cette peur d’être loin de l’antenne.

Il y’a une vie après le journal télévisé et nous sommes bien préparés à cela, mais il faut que Monsieur Savané nous respecte, respecte ses proches collaborateurs et apprenne à former autour de lui une équipe avec la même vision, pour réussir les réformes que nous espérons au-delà même des visages et des noms du JT. Le défi est ailleurs. Nous n’avons rien contre personne. Nous voulons que le DG prenne conscience que dans une entreprise, ce genre d’attitude n’encourage pas le personnel.

Les jeunes stagiaires qu’il veut bombarder Présentateurs de la grande édition viennent d’autres rédactions et un beau jour se retrouvent à l’antenne, pendant que d’autres parmi les reporters du JT, nourrissent ce rêve depuis leur arrivée dans notre salle de rédaction, et sont aussi compétents pour faire ce travail. Nous espérons que Monsieur Savané se ravisera, intégrera des aptitudes managériales en faisant des compromis.

A défaut, qu’il assume ses positions et s’engage sur ce qu’il décide seul contre tous ses proches collaborateurs ».

Le Collectif des présentateurs JT-RTG

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