Sékou Souapé sur les violences à N’zérékoré : « il y a 2 communautés qui fatiguent toutes les autres…»

Sékou Souapé Kourouma, chef de la délégation du chef de l’Etat

Les émissaires envoyés par le président Alpha Condé à N’zérékoré ont rencontré hier, jeudi 4 juin 2020, les représentantes des femmes des 22 quartiers de la commune urbaine et des neuf communautés vivant dans la capitale de la Guinée forestière. La rencontre a connu également la présence des partis politiques représentés dans la ville, des personnes ressources et des ONG. Elle a porté sur le rétablissement et la préservation de la paix à N’Zérékoré, une ville en proie à des conflits inter-communautaires récurrents, rapporte le correspondant de Guineematin.com sur place.

Suite aux violences qui ont secoué la ville de N’Zérékoré le jour et le lendemain du scrutin contesté du 22 mars 2020, le président de la République, Alpha Condé, a dépêché une délégation pour aller échanger avec les acteurs sur le terrain. Après les jeunes et les sages, la mission a rencontré les femmes, considérées comme étant le maillon fort du maintien de la paix. Après avoir introduit la rencontre, le préfet de N’Zérékoré Sâa Yola Tolno, a laissé le soin au gouverneur de la région de planter le décor.

Mohamed Gharé, Gouverneur de N’zérékoré

« Ce matin, nous avons décidé de vous rencontrer parce que nous savons tous ce qui s’est passé à N’Zérékoré au mois de mars dernier, précisément les 22 et les 23 mars. Vos enfants sont venus de Conakry, ils ont un cri de cœur, leurs larmes n’arrivent pas à s’arrêter parce qu’ils ont honte. Donc, celles qui peuvent arrêter leurs larmes, c’est bien vous les femmes. Je suis convaincu qu’avec vous, on arrivera à une paix durable. La situation qui s’est passée ici est une situation regrettable », a dit Mohamed Gharé.

Sékou Souapé Kourouma, chef de la délégation du chef de l’Etat

Prenant la parole, Sékou Souapé Kourouma, le chef de la délégation du chef de l’Etat, a déploré les affrontements inter-communautaires récurrents à N’Zérékoré. Il a ensuite exhorté les deux ethnies qui sont souvent en conflit, particulièrement les femmes, à faire en sorte que les violences s’arrêtent dans cette ville. « Mon espoir est que si les femmes veulent la paix, même les hommes ne résisteront pas tout comme les enfants. C’est pourquoi, en vous voyant mobilisées de telle sorte, on a de l’espoir qu’à N’Zérékoré, il y aura la paix. Mais, il y a deux communautés à N’Zérékoré qui fatiguent les autres. C’est les Guerzés et les Koniankés. Si quelqu’un doit présenter des excuses aux autres, c’est vous deux parce que vous fatiguez les autres.

Depuis 1991, c’est vous qui vous affrontez. Donc, je pense qu’il faut qu’on soit très clairs entre nous. Parce que nous avons vécu des siècles ensemble, il n’y a pas eu des problèmes. Pourquoi c’est maintenant qu’il y a problème ?… Konia-Kpèlè, quel est le problème entre vous ? Depuis les évènements de 91, on cherche à calmer la situation, mais ça revient toujours. Nous, on ne veut plus que ça se répète… Les gens quittent les villages pour venir faire la bagarre ici (en ville, ndlr), il faut que ça s’arrête. Les gens de la ville qui tiennent des slogans qui provoquent la colère, il faut que ça s’arrête. Trop c’est trop ! Les gens sont morts, nous devons avoir pitié de leurs âmes et de leurs familles », a-t-il lancé.

Madame Hélène Loua, présidente des femmes de l’Union KPÈLÈ

Au sortir de la rencontre, les participants ont exprimé leur satisfaction, promettant de donner leur réponse dans les prochains jours. C’est le cas de madame Hélène Loua, la présidente des femmes de l’union kpèlè. « Je suis très contente de la réunion et de la délégation envoyée par le président de la République. La délégation a appelé les femmes à faire la paix, c’est ce nous qui leur donne la paix parce que nous sommes leurs mères. Donc s’ils nous appellent, on est obligé de s’approcher à eux pour trouver la paix dont tout le monde a besoin à N’Zérékoré. Nous nous remercions la délégation et nous disons qu’il faut que la vérité sorte pour que le problème qui se passe à N’Zérékoré puisse trouver son épilogue, afin que la paix règne dans la ville. On les a écoutés attentivement et on doit se rencontrer prochainement pour leur répondre », a-t-elle annoncé.

De N’zérékoré, Foromo Gbouo LAMAH pour Guineematin.com

Tél : +224620166816/666890877

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