Covid-19 : la dure vie des prostituées à Conakry

A Conakry, la capitale guinéenne, les travailleuses de sexe font partie de ceux qui sont le plus affectées par la pandémie du coronavirus. Avec la fermeture des bars et motels en vigueur depuis plus de deux mois et le couvre-feu nocturne, les prostituées ont vu leur seule source de revenu coupée. Une véritable descente aux enfers pour ces filles et femmes, qui pour la plupart, comptent uniquement sur cette activité pour vivre.

Depuis le 26 mars 2020, tous les bars et motels sont officiellement fermés en Guinée. Cette mesure s’inscrit dans le cadre de l’état d’urgence décrété par le président Alpha Condé et qui vise à stopper la propagation du coronavirus dans le pays. A celle-ci, est venu s’ajouter le couvre-feu allant dans un premier temps de 21 heures à 5 heures du matin, puis après de 22 heures à 5 heures du matin. Si elles ont été saluées par certains, ces mesures ne restent pas sans conséquences pour de nombreux citoyens, dont les travailleurs de sexe. Ces dernières se retrouvent quasiment au « chômage » et peinent aujourd’hui à faire face à leurs charges.

C’est le cas de KB, une étudiante, qui pratique la prostitution depuis quelques années à Conakry. « Avant l’arrivée de cette maladie, (le Covid-19), je pouvais gagner parfois jusqu’à 500 milles francs par nuit parce que les gens apprécient mon derrière. Mais actuellement, c’est très difficile. Parce que même lorsque tu as un client, tu n’as pas où aller. Parfois, si j’ai un client qui a une voiture, on se voit dans son véhicule pour pouvoir gagner un peu d’argent. Mais, ce n’est vraiment pas comme avant », témoigne la jeune fille.

N’étant pas préparée à une telle situation, KB a vu sa vie basculer brusquement. Et elle est loin d’être seule dans cette situation. DC, une autre travailleuse de sexe à Conakry, mène aussi une vie très compliquée depuis l’instauration de l’état d’urgence en Guinée. C’est pourquoi, elle accepte de prendre de gros risques pour pouvoir gagner un peu d’argent.

« Avec la fermeture des motels, je compte uniquement sur les déplacements à domicile. C’est-à-dire des clients qui te prennent pour aller chez eux. Ces déplacements sont plus coûteux que les rencontres dans les motels mais ils sont aussi plus risqués pour nous. Pour me protéger contre la maladie, je n’enlève pas mon masque et je n’accepte pas que le client me touche n’importe où. On discute de tous ces aspects avant d’aller à la maison », soutient-elle.

A rappeler que l’état d’urgence sanitaire est en vigueur jusqu’au 15 juin prochain. Les travailleuses de sexe souhaitent de tous leurs vœux que le président de la République ne proroge pas à nouveau cette situation d’exception pour leur permettre de sortir de leur misère actuelle.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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