Dansa Kourouma à propos de Simon Henshaw : « il était sorti du blocage diplomatique classique »

Dansa Kourouma, président du conseil national des organisations de la société civile
Dansa Kourouma, président du conseil national des organisations de la société civile

La mort de l’ambassadeur des Etats-Unis en Guinée, Simon Henshaw, continue à susciter des réactions aussi bien au sein de la classe politique qu’à celui de la société civile. Joint au téléphone par Guineematin.com, le président du conseil national des organisations de la société civile guinéenne (CNOSCG) a regretté la perte d’un « activiste de la diplomatie ». Dr Dansa Kourouma a rendu hommage au diplomate américain qui, selon lui, a osé sortir des exigences diplomatiques pour dire la vérité, chaque que c’était nécessaire, aux acteurs de la classe politique guinéenne.

« D’abord, je présente mes condoléances au peuple américain, à son gouvernement et au peuple de Guinée tout entier surtout à notre classe politique, qui a connu un autre ambassadeur dans l’histoire de notre collaboration avec les Etats-Unis. Simon Henshaw est un homme de terrain qui n’hésitait pas à s’enquérir des réalités de la Guinée profondes en s’y rendant lui-même à des activités et en touchant les réalités du doigt. En fait, c’est un homme qui est sorti du blocage diplomatique classique pour faire montre d’activisme diplomatique pour aider la Guinée à un certain moment de son histoire à sortir de l’impasse politique qui aurait dû créer une situation de tension et de chaos dans le pays.

Il a été très critiqué par l’opposition à un moment, mais je crois qu’il a fait son travail. Le rôle d’un ambassadeur n’est pas de voir le pays brûler et envoyer des aides militaires. Le rôle d’un ambassadeur, c’est d’être aussi proactif, participer surtout au dialogue. L’ambassadeur Simon Henshaw a été un homme qui a contribué directement à la création des conditions pour un dialogue politique durable. Malgré la situation de tension, de contestation ou de méfiance politique en Guinée, le pays ne s’est pas embrasé. Alors, il fallait des hommes qui aient le dos large, des hommes qui soient capables parfois de feinter les critiques les plus péjoratives parfois, mais qui sont allés toucher, palper la réalité du pays.

Je termine en disant que les acteurs politiques guinéens, surtout les ambassadeurs du G7 ou G8 sont en deuil d’un homme qui a eu le courage de prendre des initiatives et d’aller parfois à l’offensive en dehors de toute prudence diplomatique. Il est mort d’une crise cardiaque certes, mais en tant que médecin engagé sur la première ligne contre la Covid-19, je vais profiter de l’occasion pour lancer un message à toute la population guinéenne et à tous ceux qui habitent sur le territoire guinéen, pour leur dire que nous devons être prudents. La prudence n’est pas synonyme d’enfermement, le confinement non plus. Nous devons créer notre espace vital qui nous permet de nous détendre, de respirer de l’air et qui nous permet de créer des conditions dans notre environnement pour gagner de l’espoir.

Le manque d’espoir affecte l’espérance de vie des personnes, il explique la recrudescence des crises cardiaques dans un environnement épidémiologique dont les symptômes n’ont rien à voir avec Covid-19. C’est une opportunité pour moi de dire à la population de ne pas s’auto-médiquer. Ce message n’a rien à voir avec l’ambassadeur des Etats-Unis, mais je profite de l’occasion pour sensibiliser la population. L’automédication, la peur d’aller consulter un médecin et le fait de ne pas créer un espace vital pour nous-mêmes sont des éléments essentiels qui expliquent la recrudescence des crises cardiaques dans notre pays et qui tue actuellement dans le monde au même titre que Covid-19 », a dit l’activiste de la société civile.

Propos recueillis par Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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