Covid-19, gestion des cimetières et manque de protection : « si rien n’est fait, on ne va plus tenir… »

Elhadj Biro Keita, Administrateur Général du Cimetière national Cameroun
Elhadj Biro Keita, Administrateur Général du Cimetière national Cameroun

L’administrateur général du cimetière national de Cameroun, situé dans la commune de Dixinn (Conakry), est vivement préoccupé par la situation des personnes qui travaillent sur les lieux en cette période de crise sanitaire liée au coronavirus. Selon Elhadj Biro Keïta, les membres de l’administration de ce cimetière sont exposés aujourd’hui à beaucoup de risques, parce qu’ils ne disposent pas suffisamment de matériels de protection. Il a tiré la sonnette d’alarme au cours d’un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com hier, jeudi 11 mai 2020

« L’Etat doit penser à nous pour notre protection. Parce que c’est nous qui sommes en contact permanent avec les corps, c’est nous qui les encadrons et nous ressentons leur chaleur à chaque fois. Donc nous, membres de l’administration de ce cimetière, devons être mieux protégés et mieux traités pour notre survie. Nous, on ne peut pas s’éloigner des corps, nous sommes obligés d’être en contact avec eux, même si d’autres les fuient. Mais pour ce faire, on a besoin d’être équipés en matériels de protection. Sinon, si rien n’est fait, on ne va plus tenir longtemps. Et comme ça, ce sont nos enfants qui vont perdre », relève notre interlocuteur.

En plus du manque de matériels de protection, Elhadj Biro Keïta souligne que son équipe est durement touchée par les conséquences économiques de la crise actuelle. Et il regrette que ni le gouvernement, ni d’autres personnes de bonne volonté n’aient pensé jusque-là à leur venir en aide. « Depuis le début de cette maladie, je vois à la télévision des gens faire des dons un peu partout. Mais personne n’est venu vers nous ici au cimetière de Cameroun. Et pourtant, le cimetière est notre dernière demeure à nous tous. On doit faire beaucoup de sacrifices pour nous aussi surtout en cette période de crise sanitaire où tout le monde est directement ou indirectement touché. Dans la sous-région, les cimetières nationaux sont aménagés et pris en charge par le gouvernement. Donc nous souhaitons aussi que le gouvernement et les personnes de bonne volonté nous apportent de l’aide », a-t-il lancé.

Par ailleurs, l’administrateur du cimetière national de Cameroun interpelle l’Etat sur le relâchement dans l’application des mesures barrières, censées limiter la propagation de la maladie. Il révèle que ces mesures ne sont plus respectées dans ce cimetière. « Au début de la maladie, les mesures barrières étaient respectées dans ce cimetière national. Maintenant, les Guinéens pensent peut-être que la maladie est terminée. Les gens viennent désormais nombreux avec les corps pour l’enterrement. Ils peuvent venir parfois de 50 jusqu’à 150 personnes pour accompagner un corps. Et moi, je ne peux pas les obliger à respecter ces mesures que tout le monde connait sinon ils risquent de se jeter sur moi. Donc, il faut que l’Etat même se bouge pour faire respecter cette mesure visant à réduire le nombre personnes censées accompagner un corps, en déployant les forces de l’ordre à la porte, sinon c’est devenu compliqué », a dit Elhadj Biro Keïta.

A rappeler que de nombreuses personnalités guinéennes reposent dans ce cimetière national, créé en 1945.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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