Guinée : le FNDC dénonce « l’immixtion » de l’exécutif dans le fonctionnement de la justice

Les multiples arrestations enregistrées dans les rangs du FNDC depuis le début de son combat contre un troisième mandat pour le président Alpha Condé, amènent la structure à remettre en cause l’indépendance de la justice guinéenne. Elle estime que c’est le gouvernement qui dicte aux magistrats ce qu’ils doivent faire. C’est pourquoi, certains responsables du Front National pour la Défense de la Constitution ont animé une conférence de presse ce samedi, 13 juin 2020, à Conakry, pour dénoncer « l’immixtion » de l’exécutif dans le fonctionnement de la justice.

« Vous avez constaté depuis que le FNDC a observé la trêve pour faire face à la crise sanitaire, le gouvernement lui, a relégué au second plan la santé de la population en profitant de cette période de trêve pour aller kidnapper, arrêter, séquestrer et maintenir en détention les leaders et responsables du FNDC. Et aujourd’hui, vous constatez que toutes ces arrestations-là sont téléguidées par l’exécutif. Il suffit qu’un ministre se lève pour dire : je veux qu’on arrête ce citoyen ou un groupe de citoyens pour que le procureur se mette en branle pour aller procéder à l’interpellation de ces personnes-là », déplore Ibrahima Diallo, le coordinateur des opérations du FNDC.

Ibrahima DIALLO, Coordinateur des opérations du FNDC

Pour prouver que l’exécutif dicte sa loi à la justice, Ibrahima Diallo cite le cas de Saïkou Yaya Diallo, un membre de la coordination nationale du FNDC, détenu depuis plusieurs semaines à la maison centrale de Conakry. Récemment, il avait bénéficié d’une remise en liberté ordonnée par la Cour d’appel de Conakry, mais cette décision tarde toujours à être exécutée. « Aujourd’hui, les rares décisions de justice qui sont en faveur du droit, qui sont en faveur du respect de la loi, ne sont pas exécutées, parce que ces décisions-là font face au blocage de l’exécutif.

L’exemple typique, c’est l’ordonnance n°3 rendue par la présidente de la première chambre du contrôle de l’instruction de la Cour d’appel de Conakry sur le dossier de Saïkou Yaya, qui a bénéficié d’une liberté provisoire assortie de contrôle judiciaire depuis le 21 mai 2020. Cette décision peine encore à être exécutée. Pourtant, l’ordonnance n’est pas susceptible de recours, elle devait être exécutée dans les heures qui suivent la prise de l’ordonnance. Mais jusqu’à présent, l’exécutif refuse de faciliter et exécuter cette décision de justice. Et Saïkou Yaya se trouve en prison comme tant d’autres citoyens guinéens opposés au troisième mandat », regrette l’activiste de la société civile.

Face à cette situation, le Front National pour la Défense de la Constitution indique qu’il ne se laissera pas faire. Après avoir saisi la Haute Cour de Justice de la CEDEAO et la Cour Pénale Internationale, la structure décide de se faire entendre également à l’interne à travers des mouvements de protestation. Selon Ibrahima Diallo, le FNDC va annoncer le lundi, 15 juin prochain, la date de la reprise de ses manifestations de rue.

Mohamed DORE pour Guineematin.com

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