A l’occasion de la cérémonie de décoration à titre posthume du défunt ambassadeur des Etats-Unis en Guinée, le président guinéen, Alpha Condé, a annoncé la relance prochaine du dialogue politique avec la participation de tous les acteurs concernés. Ce qui permettrait d’aller à une élection présidentielle inclusive. Cette annonce intervient à un moment où la Guinée est confrontée à une grave crise politique liée au changement de la constitution du pays et la tenue des élections législatives du 22 mars 2020 non reconnues par l’opposition. Mais aussi, à quatre mois seulement de la présidentielle qui doit normalement se tenir en octobre prochain.
Mais, cette sortie du chef de l’Etat ne semble enchanter ses opposants. Interrogé par Guineematin.com sur le sujet, Ousmane Gaoual Diallo, le coordinateur de la cellule de communication de l’UFDG, a émis des doutes quant à la sincérité du président de la République. Il rappelle que les autorités guinéennes ont brillé par le non-respect de leurs engagements pris à l’occasion des différents dialogues politiques organisés depuis l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir. « Il est évident que la communauté internationale et l’opposition surtout, pendant plusieurs mois, ont appelé de tous leurs vœux, à l’organisation d’un dialogue et des élections inclusives.
Mais, les extrémistes du pouvoir et le chef de l’Etat n’ont pas voulu entendre raison, ils ont aggravé un peu plus la crise guinéenne. Et je rappelle que par le passé, le gouvernement guinéen et le chef de l’Etat n’ont pas été à la hauteur de leurs engagements pris lors des précédents dialogues. De ce fait, ils ne sont plus des interlocuteurs crédibles. En tout cas, un dialogue entre guinéens et un dialogue entre guinéens et les membres influents de la communauté internationale, ont tous montré leurs limites parce que dans tous les cas, ça n’a pas servi », estime Ousmane Gaoual Diallo.
Avec la situation actuelle de la Guinée, l’opposant s’interroge sur les contours d’un dialogue politique entre le pouvoir et l’opposition. « Les contentieux sont énormes aujourd’hui. Une constitution bidon et contestée par l’immense majorité des guinéens continue à être la référence du gouvernement, les institutions de la République sont travesties (aucune ne fonctionne de façon satisfaisante), une Assemblée nationale décriée, élue dans des conditions rocambolesques et ne répondant à aucune norme démocratique, un processus électoral et communal inachevé, un travestissement des lois majeures de la République qui se poursuit. Dans ces conditions-là, quelle est la sincérité d’un dialogue politique dans notre pays ? Quel est le socle sur lequel va s’appuyer ce dialogue quand on sait la démission de toutes les institutions républicaines ? »
L’ancien député uninominal de Gaoual précise que pour l’opposition, le fondamental est le « renoncement réaffirmé » du président Alpha Condé à son projet de troisième mandat. « Qu’il respecte la constitution de 2010 qui a fait de lui un chef de l’Etat et qui limite à deux le nombre de mandats. Il doit affirmer cette position de façon solennelle, sans équivoque, s’il veut donner la chance à l’encrage de la démocratie dans notre pays. Si on veut aller à dialogue sincère, il faut connaître qui sont les protagonistes, qui sont les interlocuteurs et quelles sont les garanties de succès de ce dialogue. Je pense que le gouvernement guinéen et le chef de l’Etat ne sont pas à nos yeux crédibles pour porter cet espoir.
Il faut revenir à l’ordre constitutionnel, que les institutions jouent leur rôle. On ne peut pas continuer à nous mettre de la poudre aux yeux et vouloir encrer notre pays dans la démocratie. Il y a beaucoup de dérives. D’ailleurs, je rappelle que ce n’est pas une main tendue, c’est une déclaration de quelqu’un qui n’était pas au mieux de sa forme. Moi, j’ai plutôt vu un vieillard (Alpha Condé, ndlr) qui n’avait pas toute sa sérénité qui parlait. Et donc, il faut voir quel est le sérieux de cette phrase et qu’est-ce que ça renvoie parce qu’Alpha ne doit pas prendre ses rêves comme de la réalité. La Guinée est plus vaste que ça », a déclaré ce cadre de l’UFDG.
Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com
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